Assurance embarquée : la transformation est en marche

La croissance de l’assurance embarquée et affinitaire s’accélère, portée par des consommateurs en quête de solutions intégrées. À l’approche de la conférence Innovation Assurance 2025, Philippe Knepfler Covéa Affinity en décrypte les enjeux.

Dans une interview, Philippe Knepfler, responsable du Développement et de l’Innovation de Covéa Affinity, en assurance déchiffre les évolutions de l’assurance embarquée et affinitaire, notamment sur le marché historique de l’automobile, ainsi que l’impact de l’intelligence artificielle

Le secteur de l’assurance embarquée connaît une croissance soutenue : il représenterait environ 48 milliards d’euros en Europe et 4,5 milliards d’euros en France, « sachant qu’il n’y a pas de chiffres officiels » précise Philippe Knepfler. L’automobile y occupe une place historique, pesant 25 % à 30 % du marché, tandis que la moitié des contrats se répartit entre le voyage, la téléphonie, les biens du foyer et les moyens de paiement.

« Les chiffres avancés sont autour de 7 % ou 8 % par an, mais j’ai l’impression que cela s’est encore accéléré récemment. Et cela pour deux raisons. La tech permet d’avoir des parcours clients de plus en plus fluides, et les consommateurs attendent davantage de solutions intégrées pour apporter la tranquillité d’esprit et la protection. » explique Philippe Knepfler.

Une confiance des consommateurs en hausse

La demande croissante de formules d’assurance intégrées va de pair avec une confiance grandissante des clients. D’après la FG2A (Fédération des garanties et assurances affinitaires), la part des consommateurs considérant favorablement la souscription d’une assurance affinitaire a doublé en quelques années.

Cette amélioration repose sur la capacité du secteur à proposer des produits plus simples à comprendre, dotés de tarifs mieux positionnés. Les distributeurs, de plus en plus soucieux du Net Promoter Score (NPS), cherchent par ailleurs à réduire le taux de réclamation, ce qui renforce la crédibilité de l’offre. Pour Philippe Knepfler, c’est le signe d’un marché « qui favorise la croissance du secteur ».

L’assurance auto : de la propriété à l’usage 

Le secteur automobile illustre bien la transformation en cours. La location, qu’elle soit de longue durée ou sous forme d’abonnement, dépasse désormais les achats comptants ou à crédit pour les véhicules neufs. « Depuis deux ans, les formules locatives représentent plus de la moitié des ventes de véhicules neufs aux particuliers », précise Philippe Knepfler.

Dans ce contexte, l’acheteur ou l’utilisateur d’un service automobile s’attend à un « tout compris » englobant non seulement la protection du véhicule en cas de panne ou d’accident, mais également des garanties pour l’utilisateur (maladie, perte d’emploi). Face à la généralisation de la flexibilité, voire du « sans engagement », les assureurs réinventent leurs offres pour faciliter la modification ou la résiliation de contrats sans pénalité.

L’électrification du parc automobile constitue l’autre volet clé de ce mouvement. Pour encourager l’achat de véhicules électriques et fluidifier le marché de l’occasion, les compagnies d’assurance proposent désormais des extensions de garantie pour la batterie, la borne de recharge et les câbles, couvrant notamment la panne ou la perte de puissance sur le long terme. 

Face à l’évolution rapide de l’assurance embarquée, l’IA s’impose comme une brique essentielle de la chaîne de valeur. « Nous utilisons l’IA pour analyser des photos d’une voiture accidentée. Cela permet aux réparateurs d’avoir une prise en charge autonome et une maîtrise des coûts. » indique Philippe Knepfler.

L’IA, un accélérateur de l’innovation

Le groupe Covéa déploie également des solutions d’IA pour répondre aux 400 000 messages annuels reçus sur les espaces clients : l’algorithme oriente automatiquement les assurés vers la bonne solution en self-care. De plus, un outil baptisé « Dent Wizard » est en phase de R&D : après un épisode de grêle, les véhicules sont inspectés dans des tunnels d’évaluation qui mesurent précisément les dommages en 3D.

Selon Philippe Knepfler, « pour les assurances embarquées, l’IA est utilisée partout, mais il me semble que la vraie valeur ajoutée se trouve au niveau de la gestion des sinistres car c’est le moment de vérité de la relation avec le client ». C’est en effet là que l’assureur doit coordonner rapidement de multiples opérations techniques, tout en entretenant la satisfaction du client. L’IA contribue à automatiser certaines étapes, notamment la lecture de documents ou l’expertise à distance, permettant de traiter « en instantané environ la moitié des demandes d’indemnisation sinistre liées à la garantie mécanique auto ».

Les prochains mois s’annoncent décisifs pour l’assurance affinitaire et embarquée. Certains analystes estiment que de 25 % à 40 % du marché total de l’assurance dommage pourrait relever de ce secteur à l’horizon 2030. L’adaptation aux nouveaux usages, la consolidation de la confiance des consommateurs et l’exploitation de l’IA pour fluidifier la relation client seront autant de leviers d’essor.

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