Si l’IA s’impose comme un levier stratégique, sa généralisation est inégale, en se heurtant à défis de confiance, de traçabilité et de ROI.
L’étude nationale Trends of AI, réalisée par le think tank Les EnthousIAstes, en partenariat avec KPMG, révèle des dynamiques contrastées quant à l’adoption de l’intelligence artificielle (IA) dans les principales fonctions des entreprises Réalisée entre septembre et octobre 2024 auprès de 80 experts de grandes entreprises, cette enquête met en lumière des avancées significatives, mais aussi des défis persistants propres à chaque profession.
Finance : prudence et priorité à la sécurité
Dans la fonction finance, la prudence domine. Malgré une forte adhésion à l’IA, 90 % des répondants y voient une opportunité stratégique, les déploiements restent limités (13 à 16 %). La lutte contre la fraude constitue le cas d’usage principal : 65 % des sondés estiment que l’IA y apporte une solution pertinente. La détection d’anomalies est en cours de déploiement chez 21 % des entreprises, tandis que l’intégration des données progresse plus lentement (11 %). Cette retenue s’explique par des exigences élevées en matière de transparence, traçabilité et conformité réglementaire, essentielles pour maintenir la confiance des parties prenantes.
Marketing : l’IA, levier de créativité et d’efficacité
Le marketing et l’IA forment un duo assez mature, avec, par exemple, 54 % des professionnels utilisant l’IA pour la traduction de contenus et 47 % pour la création visuelle, permettant ainsi une négociation avec des prestataires, mais seulement 5 % y recourent pour des tâches stratégiques comme le pricing. Un équilibre fragile se dessine entre l’efficacité apportée par l’automatisation et les risques de perte d’identité de marque ou d’uniformisation des contenus, des préoccupations dans une ère où l’authenticité prend le pas.
Ressources Humaines : une adoption prometteuse mais encadrée
L’IA dans les RH a ouvert de nombreuses perspectives, notamment dans le recrutement, où 45 % des entreprises envisagent son utilisation pour la préqualification des CV. Pourtant, les contraintes réglementaires, liées au RGPD ou aux droits d’auteur, freinent encore son déploiement. Avec 78 % des dirigeants souhaitant renforcer les compétences en IA, les RH jouent un rôle essentiel dans l’accompagnement des évolutions métiers et la formation des collaborateurs.
IT : un rôle transverse pour sécuriser et accélérer l’adoption
Les fonctions IT se révèlent centrales dans la transformation numérique des entreprises. En première ligne sur des cas d’usage matures comme la cybersécurité, l’IA permet désormais une détection optimisée des menaces et une gestion automatisée des incidents. Aussi, plus de 40 % des entreprises exploitent des outils d’assistance à la programmation ou de tests logiciels pour accélérer leurs développements. Ces technologies, souvent portées par des solutions comme MicrosoftAzure (76 %), Microsoft Copilot (65 %), ou encore OpenAI (57%).
L’IT joue également un rôle transverse important : 80 % des DSI ont mis en place des initiatives de formation pour sensibiliser les équipes à l’IA, qui contribuent ainsi à aligner les déploiements technologiques avec les objectifs stratégiques de l’entreprise. Cette approche globale, alliant innovation et sécurité, maximise l’impact des solutions d’IA tout en réduisant les risques associés.
Des défis transversaux persistants
L’adoption de l’IA dans les entreprises soulève des défis clés, principalement la montée en compétences des collaborateurs et la sécurité des données, particulièrement pour les départements IT et Finance, dans la mesure où ils font plus régulièrement appel à des prestataires externes. La traçabilité des algorithmes devient aussi cruciale pour répondre aux exigences réglementaires, notamment dans les RH et la Finance, où la confiance est essentielle.
Bien que l’IA génère des gains en efficacité, l’étude souligne qu’un des freins à son développement est la difficulté de démontrer le ROI des projets IA et des investissements. Ainsi, 61 % des entreprises soulignent que l’industrialisation des projets sera une étape décisive. En outre, 31 % des répondants évoquent l’impact environnemental des technologies IA, soulignant la nécessité d’un équilibre entre innovation et responsabilité.