L’arrestation de Luigi Mangione, suspect dans l’assassinat de Brian Thompson, PDG d’United Health Care, a provoqué une onde de choc aux États-Unis.
Si son acte est unanimement condamné par les autorités, une partie de l’opinion publique américaine le considère comme un symbole de la révolte contre les abus présumés des compagnies d’assurance.
Une arrestation qui attire l’attention médiatique
Luigi Mangione a été arrêté en Pennsylvanie après une chasse à l’homme de cinq jours à travers plusieurs États. Son arrestation a suscité une forte couverture médiatique, notamment après que des mots énigmatiques – « refuser », « défendre » et « déposer » – ont été retrouvés gravés sur les balles utilisées lors du crime. Ces termes sont directement associés au vocabulaire des compagnies d’assurances, qui utilisent ces classifications pour traiter les demandes de remboursement.
Une entreprise au cœur des critiques
Brian Thompson dirigeait United Health Care, le plus grand assureur de santé privé des États-Unis, assurant plus de 50 millions de personnes. L’entreprise est souvent critiquée pour ses refus de prise en charge de soins médicaux, notamment depuis l’introduction de systèmes de gestion automatisés utilisant l’intelligence artificielle (IA). Selon le média Quartz, l’IA aurait doublé les refus de remboursements post-opératoires entre 2020 et 2022.
Des recours sont en cours contre ces pratiques, 90 % des décisions contestées étant annulées en appel. Cette gestion automatisée, perçue comme froide et déshumanisée, alimente la colère de nombreux Américains face au système de santé.
Une héroïsation qui interroge
Malgré la gravité des faits, certains voient en Luigi Mangione un héros de la lutte contre les abus du système d’assurance. Cette perception a choqué le gouverneur de Pennsylvanie, Josh Shapiro, qui a fermement dénoncé cette glorification : « Nous ne tuons pas des gens de sang-froid pour exprimer un point de vue ou régler un différend. Ce tueur n’est pas un héros. »
Cependant, cette sympathie populaire trouve ses racines dans des histoires personnelles douloureuses. Tim Anderson, dont l’épouse atteinte de la maladie de Lou Gehrig est décédée après des refus répétés de remboursement de soins par United Health Care, a exprimé sa frustration : « Le modèle économique des assurances est de ne pas payer. »
Un système à réformer
Au-delà du crime, ce drame met en lumière les failles du système d’assurance santé américain. Selon des experts cités par Associated Press, l’émotion suscitée par cette affaire révèle un profond malaise face à un modèle perçu comme injuste et insensible. Un ophtalmologue interrogé par l’agence de presse déclare : « Ce n’est pas seulement un meurtre ; c’est un cri de désespoir face à un système qui exploite les gens. »
Alors que les débats se poursuivent aux États-Unis, cette affaire rappelle que les questions d’accès aux soins, de transparence et de responsabilité des assurances restent au cœur des préoccupations sociétales.