Auto-entrepreneurs : défi de la protection sociale

Une étude menée par le Conseil de la Protection Sociale des Travailleurs Indépendants (CPSTI), en collaboration avec le CREDOC et l’Urssaf, met en lumière la réalité du statut d’auto-entrepreneur.

Malgré son attractivité et sa simplicité, ce régime, qui représente 62 % des travailleurs indépendants, présente des fragilités économiques et un sentiment d’insuffisance en matière de protection sociale.

Une diversité de profils, des revenus contrastés

Le régime d’auto-entrepreneur séduit par sa flexibilité et sa simplicité, mais les situations financières des bénéficiaires restent souvent précaires. En 2022, le revenu moyen annuel d’un auto-entrepreneur s’élevait à seulement 7 500 euros, bien en deçà des 39 200 euros perçus en moyenne par les entrepreneurs individuels classiques. Les professions libérales non réglementées enregistrent les revenus les plus élevés parmi les auto-entrepreneurs, atteignant 10 600 euros annuels.

L’étude révèle également une diversité de situations : 56 % des auto-entrepreneurs cumulent leur activité avec un autre régime, souvent un emploi salarié. Par ailleurs, 16 % des auto-entrepreneurs sont en recherche d’emploi, tandis que 44 % en font leur principale activité.

Une protection sociale jugée insuffisante

La protection sociale des auto-entrepreneurs reste un point de préoccupation majeur. Selon l’étude, 71 % des répondants estiment que leur couverture sociale obligatoire est insuffisante. Près d’un quart des auto-entrepreneurs n’ont pas de complémentaire santé, un chiffre atteignant 38 % parmi les moins de 25 ans. Malgré ces lacunes, 44 % des répondants se disent prêts à payer des cotisations minimales pour améliorer leur protection, notamment en cas d’incapacité de travail ou pour sécuriser leur retraite.

Une faible préparation à l’entrepreneuriat

La simplicité d’accès au régime est plébiscitée par 56 % des auto-entrepreneurs, mais cette facilité s’accompagne d’une préparation limitée. Seuls 23 % ont réalisé une étude de marché avant de se lancer, et 72 % n’ont suivi aucune formation à la création d’entreprise. Cela illustre une entrée souvent intuitive dans le régime, mais avec un besoin croissant d’accompagnement pour en maximiser les bénéfices.

Des perspectives d’évolution limitées

Bien que le régime auto-entrepreneur soit souvent un tremplin, seuls 36 % des bénéficiaires envisagent de faire évoluer leur activité. Parmi eux, 21 % souhaitent passer à un statut d’entreprise individuelle classique et 6 % à une société à responsabilité limitée (SARL). Les principaux freins à l’évolution concernent les besoins d’investissement et la protection du patrimoine personnel.

Une opportunité pour les assureurs et acteurs de l’innovation

Les résultats de cette étude soulignent des enjeux cruciaux pour les professionnels du secteur de l’assurance et les organismes de prévoyance. Offrir des solutions adaptées, notamment en matière de complémentaire santé et de protection sociale renforcée, pourrait répondre aux besoins exprimés par ces travailleurs indépendants. Ces initiatives s’inscriraient dans une démarche d’innovation sociale et économique, renforçant ainsi le soutien à ce régime clé pour l’entrepreneuriat en France.

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