L’IA générative transforme le secteur juridique, mais sa pleine adoption dépend de la gouvernance, de la confiance et de l’adaptation des métiers du droit.
L’IA générative s’impose comme un levier majeur pour les juristes, avec 80 % des professionnels l’utilisant chaque semaine, selon l’étude menée par Lefebvre Sarrut et l’ELTA. Près de la moitié des répondants y ont même recours quotidiennement. Pourtant, cette adoption rapide soulève des enjeux cruciaux : garantir la fiabilité des outils, structurer leur gouvernance et anticiper leurs impacts sur les métiers du droit.
Des cas d’usage variés en progression, une confiance à construire
L’analyse (19 %) et la production de documents (17 %) figurent parmi les principales applications de l’IA générative dans le secteur juridique. La recherche juridique, bien qu’encore limitée (13 % des usages globaux), connaît un essor notable lorsqu’elle s’appuie sur des outils spécialisés (23 %).
Malgré ces avancées, 50 % des professionnels restent prudents quant à la capacité de l’IA à produire des documents fiables sans intervention humaine. L’expérimentation personnelle (28 %), la formation (20 %) et une meilleure transparence des outils (19 %) sont identifiées comme les clés pour renforcer la confiance.
Une gouvernance à consolider
Si l’IA générative séduit par son potentiel, son intégration organisationnelle reste disparate. Seules 38 % des structures disposent d’une politique d’IA, et les investissements varient fortement : 28 % des organisations allouent plus de 5 000 euros, tandis que 27 % n’investissent pas de budget. Cette fragmentation peut être expliquée par le fait que 47 % des répondants avouent ne pas pouvoir évaluer les bénéfices attendus. Ce flou ralentit ainsi une adoption plus large et plus structurée, malgré des résultats prometteurs à court terme.
Vers une évolution des métiers juridiques
Plutôt qu’une menace, l’IA générative est perçue comme une opportunité par une majorité de juristes. Deux tiers des répondants considèrent désormais ces outils comme pertinents, et 44 % pensent qu’ils amélioreront considérablement leur travail. Loin de supprimer des emplois, ces technologies automatisent les tâches répétitives, permettant aux professionnels de se concentrer sur des missions à forte valeur ajoutée.
Maria de la O Martinez, directrice Innovation chez Lefebvre Sarrut, insiste : « L’acculturation aux outils juridiques modernes est essentielle pour rester compétitif et efficace ».
Une révolution en construction
Au-delà des cas d’usage immédiats, l’IA générative soulève des questions éthiques et techniques majeures : la sécurité des données, la transparence des algorithmes et la gestion des biais sont autant de défis pour un domaine aussi sensible que le droit. Sur les sujets d’éthique et de fiabilité de l’IA générative, Lefebvre Sarrut a signé, le 25 septembre dernier, l’AI Pact, une initiative de l’Union européenne pour inciter les entreprises à anticiper les engagements éthiques de l’AI Act, règlement européen à venir.
Grégoire Miot, président de l’ELTA, organisation européenne qui promeut l’innovation et l’adoption des technologies juridiques dans le secteur du droit, salue néanmoins des progrès notables : « Les professions du droit en entreprise continuent de guider l’innovation pour l’ensemble du marché ». L’avenir de l’IA juridique repose sur une coopération renforcée entre acteurs technologiques, juridiques et régulateurs pour harmoniser innovation et régulation.