L’ASPIM (Association française des Sociétés de Placement Immobilier) et l’OID (Observatoire de l’Immobilier Durable) ont publié la deuxième édition de leur étude annuelle, faisant le point sur l’évolution des pratiques ESG (Environnement, Social, Gouvernance) dans le secteur des fonds immobiliers en 2024.
Cette édition met en lumière les réponses des gestionnaires aux nouvelles exigences réglementaires, telles que l’Article 29 de la Loi Énergie-Climat, ainsi que les démarches volontaires pour la labellisation ISR (Investissement Socialement Responsable).
Vers une meilleure transparence extra-financière
L’Article 29 de la Loi Énergie-Climat, qui s’applique aux sociétés de gestion avec des encours supérieurs à 500 millions d’euros, impose des obligations de transparence sur les risques ESG, les impacts climatiques et la biodiversité. L’étude révèle que les acteurs du secteur s’adaptent progressivement pour répondre à ces attentes, notamment en intégrant des analyses de risques physiques liés au climat et des mesures pour la transition énergétique.
Classification SFDR : une diversité de stratégies
Le règlement européen SFDR (Sustainable Finance Disclosure Regulation) reste une pierre angulaire de la transparence en matière de finance durable. Tous les fonds immobiliers analysés dans l’étude sont classifiés selon les Articles 6, 8, ou 9 du SFDR. Près de 59 % des fonds en valeur sont classés Article 8, qui représente les produits intégrant des critères environnementaux ou sociaux dans leur stratégie, tandis que 25 % sont classés Article 9, réservés aux fonds ayant un impact environnemental ou social affirmé. Aucun fonds de l’échantillon ne demeure non classé, marquant ainsi un alignement complet avec les exigences européennes.
Taxinomie européenne : un alignement encore faible
La taxinomie environnementale européenne, qui permet de définir si une activité économique est durable, reste un défi. Les fonds immobiliers peinent encore à aligner leurs opérations avec les objectifs de la taxinomie, notamment en matière de chiffre d’affaires (CA) et de dépenses d’exploitation (OpEx). Seules les activités répondant aux critères les plus stricts sont considérées comme alignées, ce qui explique les faibles taux d’alignement observés. Les efforts se concentrent actuellement sur les objectifs d’atténuation du changement climatique et d’économie circulaire.
Label ISR Immobilier : une adoption en croissance
Le Label ISR, un label d’État français adapté au secteur immobilier, connaît un essor important. À fin 2023, 85 fonds grand public étaient labellisés ISR Immobilier, représentant 69 milliards d’euros d’encours, soit 53 % du marché en valeur. La grille d’analyse ESG s’est enrichie pour inclure 54 critères en moyenne, avec un focus particulier sur l’environnement, qui représente 44 % des pondérations. La stratégie « Best-In-Progress », qui valorise les efforts d’amélioration continue, reste la plus adoptée, avec 86 % des fonds la poursuivant.
L’engagement des parties prenantes est également un élément clé de la labellisation ISR. En 2024, 92 % des fonds labellisés publient désormais leur politique ESG, une augmentation de 15 points par rapport à l’année précédente. Des mises à jour du référentiel sont attendues en 2025 pour mieux répondre aux besoins du marché.
Une dynamique en constante évolution
L’étude de l’ASPIM et de l’OID montre que les pratiques ESG et la labellisation ISR des fonds immobiliers continuent d’évoluer face aux défis réglementaires et environnementaux. Le secteur reste en mouvement, avec des améliorations progressives et des initiatives pour aligner les stratégies des gestionnaires d’actifs sur les objectifs de durabilité.