Publiée en septembre 2024, la 8ème édition de l’enquête annuelle menée par Coface sur les comportements de paiement des entreprises allemandes, dresse un tableau mitigé.
Si les délais de paiement restent globalement stables par rapport aux années précédentes, l’accumulation de retards pose un défi croissant pour l’économie allemande. L’incertitude politique et des perspectives économiques dégradées amènent de plus en plus d’entreprises à adopter des stratégies de réduction des risques.
Stabilité des délais de paiement, mais montée des risques
En 2024, 80% des entreprises allemandes offrent des délais de paiement, un chiffre en légère hausse par rapport à 2023. Le délai moyen de paiement est de 32,1 jours, ce qui fait de l’Allemagne l’un des pays où les délais de paiement sont les plus courts. Cette tendance reflète une certaine prudence, notamment face à des risques économiques persistants. Coface, qui étudie également les comportements de paiement dans plusieurs autres régions du monde, souligne que cette situation n’a pas radicalement changé depuis la période prépandémique.
Cependant, la stabilité des délais de paiement ne doit pas masquer une hausse des risques financiers. En effet, bien que le nombre d’entreprises déclarant des retards soit stable à 78%, la durée moyenne de ces retards a légèrement augmenté pour atteindre 30,8 jours en 2024. Plus inquiétant encore, les retards très longs – ceux excédant six mois – ont augmenté, touchant 16% des entreprises, dont une majorité dans le secteur des machines. Ces retards représentent désormais 2% ou plus du chiffre d’affaires annuel de certaines entreprises, une augmentation de 7 points par rapport à l’année précédente.
Un pessimisme économique grandissant
L’incertitude politique constitue aujourd’hui le principal facteur de risque pour les entreprises allemandes. Près de la moitié d’entre elles (48%) ont vu leur activité se détériorer entre 2023 et 2024, un chiffre qui surpasse même le pessimisme ressenti lors de la pandémie ou après le début de la guerre en Ukraine. Seules 9% des entreprises notent une amélioration de leur activité. Les perspectives pour 2025 ne sont guère plus optimistes, les entreprises s’attendant à une stagnation, voire à une faible amélioration de la situation.
La perte d’attractivité de l’Allemagne sur la scène internationale, notamment face aux États-Unis et à d’autres pays de l’Union européenne, renforce cette inquiétude. Face à ces défis, de nombreuses entreprises se tournent vers des stratégies d’atténuation des risques. En 2024, 16% des entreprises allemandes ont déjà adopté de telles mesures, une augmentation notable par rapport à 2023. D’ici à trois ans, 29% des entreprises, en particulier dans les secteurs exportateurs comme les machines, les technologies de l’information et de la communication, ainsi que les produits pharmaceutiques et chimiques, prévoient de suivre cette voie.
Une pression qui ne faiblit pas
L’enquête Coface 2024 révèle une stabilité trompeuse des délais de paiement en Allemagne, dissimulant une montée des risques financiers et un climat économique de plus en plus incertain. Face à l’accumulation des retards de paiement et à un environnement politique et économique imprévisible, les entreprises allemandes doivent redoubler de vigilance.
Pour beaucoup, l’avenir s’annonce marqué par une prudence accrue et des stratégies de réduction des risques indispensables pour rester compétitives.