Selon une étude de Tennaxia, 36 % des entreprises éprouvent des difficultés à collecter les données tout en s’engageant pour la durabilité.
À l’aube de la publication des premiers rapports sur la mise en œuvre de la directive Corporate Sustainability Reporting Directive (CSRD), destinée à renforcer le reporting des entreprises sur les enjeux ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance), d’après une étude de Tennaxia, parue en juin 2024, 36 % d’entre elles peinent à localiser et structurer toutes les données nécessaires pour soumettre leur reporting couvrant l’exercice financier de 2024.
Bien que, selon cette étude, 53 % des entreprises estiment entre 50 000 et 200 000 euros le budget nécessaire à la mise en place de la directive CSRD, certaines avancent dans la gouvernance des données, tandis que d’autres restent encore en retrait. En effet, si 38 % des entreprises ont déjà mis en place ou prévu de mettre en place une équipe dédiée à la gouvernance des données, plus d’un tiers d’entre elles ne sait pas encore où se trouvent certaines de ses données, certaines étant encore inscrites sur papier ou organisées sur Excel. Ce manque de structure expose les entreprises à des risques de sanctions et, au-delà de cet aspect, à un impact sur les enjeux ESG, notamment climatiques.
Cependant, la directive CSRD n’a été approuvée qu’en janvier 2022 par le Parlement européen et est entrée en vigueur le 5 janvier 2023, ne laissant que deux ans aux entreprises pour se conformer en termes de reporting, alors que des initiatives et engagements concrets avaient déjà pu être pris et mis en place.
Une gouvernance plus impliquée autour de la durabilité
Dans le contexte de cette nouvelle réglementation, des changements concrets au sein de la gouvernance des entreprises montrent que les enjeux ESG ne sont plus des sujets périphériques : ils deviennent une composante stratégique de la gestion. La mise en œuvre de la directive CSRD s’avère être un levier pour structurer et formaliser ces enjeux avec l’implication croissante des organes de direction.
En effet, l’implication d’un ou plusieurs membres du CODIR, du COMEX ou du conseil d’administration dans l’équipe projet dédiée à la CSRD est en nette augmentation, atteignant 89 % en 2024 selon l’étude de Tennaxia. Ce chiffre marque une prise de conscience des entreprises quant à l’importance de ce chantier.
Montée en puissance du Directeur des Affaires Financières et des Directions des Achats
Parmi les acteurs au cœur de cette transformation, la direction administrative et financière (DAF) joue un rôle pivot. En 2024, 89 % des entreprises indiquent que leur DAF est impliqué dans le processus de mise en conformité à la directive CSRD, soit une progression de 15 points par rapport à l’année précédente. Cette montée en puissance reflète l’importance des enjeux financiers liés à l’ESG et souligne la nécessité pour les DAF d’encadrer les processus de reporting avec la même rigueur que pour les rapports financiers traditionnels.
De plus, 7 % des entreprises déclarent que leur direction des achats participe également à ce processus, soulignant ainsi l’importance croissante de la gestion responsable de la chaîne d’approvisionnement, surtout en raison des exigences de transparence sur les relations avec les fournisseurs. En effet, 92 % des émissions des entreprises européennes proviennent du Scope 3, qui englobe les émissions indirectes telles que celles générées par les fournisseurs et les partenaires tout au long de la chaîne de valeur, un élément clé du cadre de reporting du CDP (Carbon Disclosure Project), une organisation qui aide les entreprises à mesurer et divulguer leurs impacts environnementaux.
Le changement climatique, enjeu prioritaire
L’étude confirme que le changement climatique est au cœur des préoccupations des entreprises : 98 % d’entre elles l’identifient comme un enjeu matériel majeur. Avec la directive CSRD et l’ESRS1, standard européen sur la durabilité, imposant aux entreprises de justifier la non-prise en compte des enjeux climatiques dans leur rapport si elles ne les considèrent pas matériels, le changement climatique est presque incontournable. L’atténuation des émissions de gaz à effet de serre et la mise en place de stratégies bas-carbone sont ainsi largement citées comme des priorités par les répondants de l’étude, et 44 % des entreprises déclarent avoir déjà défini un plan de transition en accord avec les objectifs de l’Accord de Paris.
Cependant, bien que l’enjeu climatique soit une priorité pour 98 % les enjeux sociaux et de gouvernance sont intégrés à la notion de durabilité. Cette notion implique une approche prenant en compte ces trois dimensions pour favoriser un développement viable à long terme, guidant ainsi les stratégies d’entreprise vers un avenir plus responsable et équilibré.