À l’aube des discussions parlementaires autour du Projet de Loi de Financement de la Sécurité Sociale (PLFSS), la Mutualité Française met en avant des propositions concrètes pour améliorer l’accès aux soins et renforcer la protection sociale.
Face à des enjeux de santé publique croissants, elle appelle à une refonte globale du système, basée sur la prévention et la mutualisation des risques. Ces propositions s’appuient sur des constats issus de son Carnet de Santé, un document clé destiné à éclairer les décideurs.
Réduire les dépenses de santé tout en améliorant les soins
Le coût des dépenses de santé en France atteint 315 milliards d’euros, augmentant à un rythme deux fois plus rapide que la croissance économique. Cette situation préoccupe la majorité des Français, dont 75 % craignent que le déficit de la Sécurité sociale compromette son avenir. Pour éviter des mesures impopulaires de déremboursement, la Mutualité Française insiste sur l’importance de rationaliser les pratiques médicales.
Les soins inadéquats représentent 50 milliards d’euros de dépenses évitables, avec 263 000 séjours hospitaliers potentiellement inutiles chaque année. La sur-prescription de médicaments, comme les antibiotiques, est également pointée du doigt. Généraliser l’utilisation du dossier médical partagé (DMP) et suivre les recommandations de la Haute Autorité de Santé (HAS) en matière de prescriptions sont des leviers majeurs pour optimiser l’efficience des soins.
Lutter contre les déserts médicaux en encourageant la coopération entre professionnels
Avec près de 90 % des Français vivant dans des zones qualifiées de déserts médicaux, l’accès aux soins est un problème majeur. La raréfaction des médecins oblige à repenser le parcours de soins autour d’une « équipe de soins traitante » comprenant, en plus du médecin, des infirmiers, pharmaciens et autres professionnels de santé. Cette approche permettrait de pallier le manque de médecins traitants, un problème qui touche 6 millions de personnes en France.
La crise sanitaire a montré l’importance du partage des compétences entre professionnels de santé. La Mutualité Française prône une meilleure complémentarité pour garantir un accès aux soins pour tous, partout sur le territoire.
Renforcer la prévention pour limiter les problèmes de santé
La prévention est un enjeu prioritaire pour la Mutualité Française. Développer des actions de prévention ciblées permettrait de limiter l’apparition de maladies et de réduire les inégalités en matière de santé. Pour ce faire, une meilleure utilisation des données de santé est nécessaire. L’assouplissement du cadre réglementaire de la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) permettrait une meilleure exploitation des données à des fins préventives.
Reconnaître la prévention comme une prestation de santé à part entière favoriserait son développement et son intégration dans les pratiques courantes. Actuellement, les actions de prévention menées par les mutuelles sont considérées comme des frais de gestion, un frein à leur expansion.
Face au vieillissement, une couverture dépendance généralisée
Le vieillissement de la population est une réalité à laquelle la société doit faire face. Pourtant, 71 % des Français se disent financièrement non préparés à affronter la dépendance. La Mutualité Française propose de généraliser la couverture dépendance en l’adossant à la complémentaire santé. Une cotisation mensuelle de 10 à 20 euros permettrait de verser une rente en cas de dépendance lourde, sans impacter les finances publiques.
Cette mesure, portée conjointement avec France Assureurs, pourrait être mise en place rapidement et offrir une protection solidaire aux familles et aux aidants, souvent confrontés à des difficultés financières.
Eric Chenut, président de la Mutualité Française, appelle le gouvernement à prendre des mesures concrètes pour répondre aux défis de santé actuels. L’accent doit être mis sur la prévention, l’amélioration de l’efficience des dépenses de santé et la couverture de la dépendance. Pour Séverine Salgado, directrice générale de la Mutualité Française, ces réformes doivent être coconstruites avec tous les acteurs du système de santé, pour garantir une protection sociale durable et équitable.