Comme en période de récession, le secteur de l’assurance post-Covid-19 a été bouleversé par des menaces de fraude, un enjeu contre lequel le Bureau d’assurance du Canada (BAC) met en garde.
Selon le BAC, au Canada la fraude à l’assurance coûte plus d’un milliard de dollars en primes supplémentaires par an, impactant le système de santé, la mobilisation des forces de l’ordre et faisant des victimes qu’il est essentiel de protéger par une vigilance accrue.
Les défis de la fraude en temps de crise
Les épisodes de crise, comme les pandémies ou la récession financière de 2008-2009, ayant entrainé une augmentation de fraudes à l’assurance de 21% en Floride selon la Division de la fraude, exerçent une pression économique intense et peuvent ainsi avoir pour effet des activités frauduleuses, illustrant le lien entre la vulnérabilité économique et les comportements criminels. Selon le BAC, par ce phénomène et avec la hausse du chômage, les individus sont souvent contraints de recourir à des moyens illégaux pour faire face à des difficultés financières.
Parmi les types de fraudes qui ont émergé ou augmenté en période de crise, on retrouve :
- Les fraude liées à la téléconsultation : son essor durant la pandémie a rendu plus difficile la vérification des réclamations, exposant le système à des abus massifs.
- Les cyberattaques : un rapport de la société Della révélé qu’au 1er trimestre de 2020, 66 % de toutes les attaques mondiales d’hameçonnage visaient des Canadiens. Face à la vulnérabilité des entreprises en période de crise le cyber-risque augmente, avec celui d’extorsion des fonds.
- Les collisions truquées: ces accidents planifiés mettent en danger des conducteurs innocents et permettent aux fraudeurs de déposer de fausses réclamations d’assurance.
- Les escroqueries aux sinistres d’entreprises : avec l’augmentation du nombre de faillites, des propriétaires d’entreprises pourraient être tentés de faire des réclamations frauduleuses pour des pertes d’exploitation, profitant de la situation économique précaire.
Le partage des données : un levier de prévention
En réponse à ce défi, le partage de certaines données personnelles permet de détecter et prévenir la fraude, comme en témoigne le succès de l’application de traçage “Alerte Covid” lors de la pandémie de 2019, notamment au Canada. Le BAC espère que cette tendance se traduira par une meilleure collaboration entre assureurs sur le partage des données pour lutter contre la fraude.
Dans le cadre d’une consultation sur la modernisation des lois sur la protection de la vie privée lancée par l’Ontario en août 2020, le Bureau d’assurance du Canada a soumis un mémoire insistant sur la nécessité de clarifier les exigences de consentement, et de trouver un équilibre entre protection de la vie privée et innovation.
Bien que des discussions aient eu lieu et que des recommandations aient été formulées, la mise en œuvre de ces réformes législatives est encore en cours et nécessite une collaboration entre le gouvernement et le secteur pour permettre de contribuer à une meilleure protection contre la fraude, et ainsi renforcer la confiance des consommateurs dans le système d’assurance.