Dans cet article du 21 avril, nous abordions la question de l’inassurabilité des métiers avec Eric Mignot, co-fondateur de +Simple, et le 17 mai, c’est avec Pascal Demurger, directeur général de la MAIF, que nous explorions « l’ inassurabilité face aux événements climatiques. »
Nous développons aujourd’hui la question de l’inassurabilité avec les résultats d’une étude réalisée par Elabe pour la Caisse Centrale de Réassurance, qui met en lumière la perception croissante des risques et des vulnérabilités par les Français, ainsi que leurs attentes en matière de prévention et d’adaptation.
La fragilité de l’assurabilité face à l’intensification des catastrophes naturelles
Le 12 juin 2024, la Caisse Centrale de Réassurance (CCR) a tenu la 15ème édition de la Journée CCR CAT, un événement annuel qui réunit élus, assureurs, experts et autres acteurs pour discuter de la couverture, de la modélisation et de la prévention des catastrophes naturelles. Cette année, l’accent a été mis sur un enjeu crucial : la protection de l’assurabilité dans un contexte de changement climatique de plus en plus préoccupant.
Alors que les catastrophes naturelles et les menaces cybernétiques sont perçues comme bien plus fréquentes, un sentiment d’impréparation face aux sinistres s’installe, accentuant la vulnérabilité collective. En effet, les catastrophes naturelles, de plus en plus fréquentes et violentes, posent un défi majeur à notre système d’assurance.
Le bilan CatNat 2023 de CCR révèle que la France a été durement touchée par divers événements climatiques, allant du tremblement de terre de La Laigne aux inondations dans les Hauts-de-France, en passant par une sécheresse significative. Ces catastrophes ont entraîné 2,05 milliards d’euros de sinistres indemnisés, mettant en lumière la fragilité croissante de l’assurabilité face à des risques qui ne cessent de s’intensifier.
Renforcer l’assurabilité : les attentes des Français
Dans ce contexte, la question de l’assurabilité a gagné en importance dans le débat public. Selon l’étude Elabe commandée par CCR, 72% des Français estiment que les risques de dommages liés aux catastrophes naturelles augmentent, tandis que 65% reconnaissent les défis économiques auxquels est confronté le système d’assurance pour maintenir l’assurabilité. Ce sentiment d’incertitude est renforcé par le fait que près de la moitié des sondés doutent de notre capacité à continuer à assurer le monde de demain.
Face à ces constats, CCR appelle à une mobilisation collective pour pérenniser l’assurabilité, améliorer la culture du risque en France, et encourager la prévention ainsi que l’adaptation des territoires. Le défi est immense, mais la protection de l’assurabilité dans l’intérêt général est plus que jamais une priorité pour faire face aux conséquences du changement climatique.
Une société confrontée à des risques multiples
L’étude révèle que les Français se considèrent comme faisant partie d’une véritable « société du risque », où les vulnérabilités climatiques, cyber, socio-économiques, sécuritaires et sanitaires s’entremêlent et se renforcent mutuellement.
En particulier, les risques liés aux catastrophes naturelles (CatNat) et aux cyberattaques sont jugés de plus en plus fréquents, créant un climat d’incertitude quant à la capacité de la société à faire face à ces menaces.
Une préparation jugée insuffisante
Cette perception de risque accru est exacerbée par le sentiment d’impréparation des institutions locales. Beaucoup de Français expriment leur incertitude quant aux mesures d’adaptation mises en œuvre par leurs communes.
De plus, la connaissance du système de couverture des CatNat reste partielle : un Français sur trois ignore l’existence d’un régime spécifique de couverture des catastrophes naturelles. Ce manque d’information contribue à l’incertitude sur la capacité du système d’assurance à répondre efficacement aux futurs sinistres.
La conscience d’une fragilité croissante
L’étude souligne également que la conscience de la fragilité du système assurantiel face à la pression climatique progresse. Ce constat alimente les doutes quant à la pérennité de l’assurabilité, alors que les risques climatiques deviennent de plus en plus pressants. Les Français reconnaissent la nécessité d’une assurance solide pour se prémunir contre les catastrophes naturelles, préférant payer une prime d’assurance aujourd’hui plutôt que d’affronter seuls les conséquences d’un désastre demain.
« CCR est une entreprise solide financièrement et techniquement. Le Conseil d’administration veille à ce qu’elle reste en capacité d’absorber des chocs et tenir son rôle d’amortisseur pour préserver l’assurabilité des risques liés aux catastrophes naturelles. Notre modèle a fait ses preuves et a su s’adapter depuis plus de 40 ans aux évolutions des risques à la fois en faisant évoluer le champ des garanties pour mieux répondre à la demande et en pratiquant une tarification justifiée techniquement. » rassure Jacques Le Pape, Président de CCR.
L’engagement attendu des acteurs assurantiels
Les attentes des Français à l’égard des acteurs du système assurantiel sont claires : un engagement « 360° » est requis, combinant prévention, adaptation et couverture. Ils considèrent que les assureurs doivent être en première ligne non seulement pour couvrir les risques, mais aussi pour les prévenir et participer activement à l’adaptation des territoires.
Les actions attendues incluent des politiques d’urbanisme adaptées, la réduction des risques dans les zones exposées, la sensibilisation aux gestes qui sauvent, et l’accompagnement des propriétaires dans les zones à risque.
« Face au risque de résignation, il faut donner confiance à nos concitoyens en notre capacité collective à nous adapter et à surmonter les risques auxquels nous faisons face. Cette confiance ne peut être renforcée qu’en montrant que tout l’écosystème joue le jeu pour pérenniser et améliorer notre régime, qui a déjà beaucoup d’atouts, en le rendant toujours plus performant et lisible. C’est une question d’intérêt général, qui nous concerne tous. CCR sera au rendez-vous de ces défis, en continuant d’assurer son double rôle de réassureur et de conseiller auprès de ceux qui élaborent les politiques publiques. » affirme Edouard Vieillefond, Directeur général de CCR.
Un appel à l’action
L’urgence d’agir pour renforcer l’assurabilité est plus pressante que jamais. Face aux risques climatiques croissants, les Français appellent à une mobilisation rapide et efficace des acteurs assurantiels pour garantir la protection des populations et la résilience des territoires.
L’étude Elabe pour CCR met en évidence la nécessité de renforcer la prévention et l’adaptation pour maintenir la confiance dans le système d’assurance et assurer sa pérennité face aux défis de demain.
A lire aussi :
Un stress-test révèle les défis majeurs pour les assureurs face à l’inassurabilité