Face à des changements constants, un récente étude menée par Guidewire révèle que l’adoption de nouvelles technologies dans l’assurance est bien accueillie en France, soulignant une transformation majeure du secteur.
Dans un contexte marqué par des bouleversements économiques, écologiques et technologiques, l’attitude des Français vis-à-vis de l’assurance évolue. Selon l’étude de Guidewire publiée en 2024, les assurés manifestent une ouverture croissante à l’utilisation de l’intelligence artificielle dans les services d’assurance, un domaine autrefois régi par des méthodes traditionnelles.
L’IA en assurance : acceptation et réserves
L’étude révèle que 60 % des Français ont déjà utilisé l’IA dans leur quotidien, un taux inférieur à l’Allemagne (71 %) et à l’Espagne (65 %), mais nettement supérieur au Royaume-Uni (45 %). Or, si ces nouvelles technologies offrent de nouvelles perspectives pour le secteur de l’assurance, elles comportent également des risques et peuvent engendrer une méfiance chez les assurés.
Malgré un certain engouement, la prudence demeure : 41 % des personnes interrogées approuvent l’assistance de l’IA pour remplir des documents d’assurance, tandis que 36 % y sont opposés. La technologie, en évaluant les sinistres sans intervention humaine, séduit 30 % des sondés, mais 48 % restent réticents. D’autre part, 37 % des personnes interrogées expriment leur besoin de pouvoir discuter avec un humain si elles ne sont pas d’accord avec une décision automatisée.
Enfin, 21 % des sondés seraient plus enclins à faire confiance à l’IA si les décisions étaient accompagnées d’explications ou si un organisme indépendant régulait son utilisation. La récente adoption de l’AI Act par l’Union Européenne instaure un cadre réglementaire qui pourrait modérer certaines appréhensions.
Collecte de données personnelles : défiance en recul
L’étude met également en lumière une acceptation croissante de la collecte de données : 70 % des assurés se disent favorables à l’assurance préventive, marquant une augmentation de trois points depuis 2023. Cependant, une dualité se dessine : 38 % comprennent l’intérêt des capteurs mais préfèreraient éviter leur utilisation.
La méfiance à l’égard de cette technologie a malgré tout diminué de 5 points depuis 2023, et le nombre de personnes qui y voient un avantage a augmenté de 4 points, atteignant 36 %. Ces tendances suggèrent un futur où la collecte accrue de données pourrait bénéficier aux produits et services d’assurance.
Attractivité du secteur : des résultats flatteurs
À l’instar de nombreux secteurs d’activité, les assureurs sont confrontés aux défis de la pénurie de talents et du manque de compétences spécialisées. Malgré tout, le rapport indique que le secteur attire particulièrement les jeunes adultes, avec 48 % des 18-24 ans considérant l’assurance comme un secteur attractif et innovant. Les 25-34 ans sont 45 % à le penser, 64 % à considérer qu’il s’agit d’un secteur qui promeut la diversité (54 % pour l’ensemble des répondants.
L’enquête révèle également une augmentation des personnes pensant que les actions des assureurs améliorent l’image du secteur, passant de 14 % en 2023 à 20 % cette année. Toutefois, un nombre croissant de répondants (33 % contre 23 % l’an dernier) estime que le secteur n’agit pas suffisamment pour soutenir les personnes en difficulté. Des résultats qui suggèrent aux assureurs d’intensifier leurs efforts de communication pour renforcer leur image.
Les Français et l’assurance
Face à l’inflation et à l’augmentation du coût de la vie, 89 % des Français expriment leur inquiétude, bien que la tendance à réduire les dépenses en assurance ait légèrement diminué (52 % en 2024 contre 58 % en 2023). Cette baisse est certes encourageante, mais plus de la moitié des Français envisagent encore de réduire leurs dépenses en assurance : les assureurs sont ainsi appelés maintenir leurs efforts pour garder l’engagement des clients.
Le rapport indique que 87 % des Français prennent des décisions d’assurance de manière indépendante, et seulement 10 % utilisent les services d’un courtier. Les choix sont principalement influencés par la notoriété de l’assureur (36 %), la fidélité à une marque connue (32 %), et les recommandations de proches (17 % pour les conjoints et 23 % pour les amis et la famille).
Pour Patrick Soulignac, de Guidewire, Manager Conseil Solutions chez Guidewire, les acteurs de l’assurance « devraient concentrer leurs efforts sur l’intégration des nouvelles technologies afin de proposer de nouveaux produits et services, tout en développant leur communication afin de renforcer l’attractivité du secteur, de faire face au déficit de compétences et au renouvellement des talents et de s’assurer de la loyauté des assurés. »
Philippe Ploteau, Partner, Assurances et Protection Sociale chez Sopra Steria, approuve : « Entre autres éléments, l’enquête Guidewire met clairement en avant le fait que les innovations technologiques de rupture (IA, captation et exploitation des données, etc.) pourraient apporter des éléments de réponse aux assureurs afin d’améliorer leurs performances opérationnelles, d’offrir des solutions de couverture et d’accompagnement personnalisées et de renforcer la relation client. »
Article écrit selon CP.