En 2024, les comportements d’épargne des Français restent remarquablement stables, malgré un contexte économique et géopolitique marqué par de nombreuses incertitudes.
Le 6e Baromètre de l’épargne en France et en régions, publié par Altaprofits et réalisé par l’Ifop, révèle que les habitudes des épargnants sont peu affectées par les aléas conjoncturels. Que ce soit la pandémie, l’inflation, la hausse des taux d’intérêt, ou les conflits internationaux, les Français continuent de privilégier la sécurité dans leurs choix d’épargne.
Une large adoption de l’épargne, mais des habitudes prudentes
Environ 85 % des Français de 18 ans et plus possèdent au moins un produit d’épargne, un chiffre qui est resté stable depuis août 2020. Parmi eux, 58 % détiennent plusieurs produits, tandis que 27 % n’en ont qu’un seul. Cette large adoption de l’épargne témoigne d’une volonté collective de se prémunir contre les imprévus, avec 75 % des répondants déclarant épargner principalement pour faire face à des situations difficiles.
Les motivations derrière l’épargne varient cependant en fonction de l’âge. Les moins de 35 ans sont majoritairement orientés vers des projets d’avenir (59 %), tandis que les plus de 35 ans privilégient davantage l’épargne de précaution (77 %).
L’aversion au risque domine les stratégies d’épargne
L’aversion au risque reste une constante parmi les épargnants français. En 2024, 69 % d’entre eux privilégient des produits sans risque, malgré un rendement faible, et seulement 22 % optent pour des produits plus risqués, espérant un rendement plus élevé. Cette prudence se reflète dans les choix de placements, où les livrets réglementés et les contrats d’assurance vie continuent de dominer largement.
En parallèle, l’épargne responsable reste un phénomène marginal, avec seulement 9 % des épargnants utilisant des produits plus responsables, un chiffre stable depuis 2022. Ce sont surtout les jeunes générations, notamment les moins de 35 ans et les étudiants, qui montrent un intérêt plus marqué pour ces produits.
Une connaissance limitée des indicateurs d’investissement responsable
L’un des défis majeurs pour la promotion de l’investissement responsable en France reste la diffusion limitée de l’information. Seul un quart des Français déclarent connaître au moins un indicateur relatif à l’investissement responsable, tels que les critères ESG (21 %) ou le Label ISR (20 %).
Des indicateurs moins connus, comme le Label Greenfin ou la notation SFDR, ne sont reconnus que par une minorité, respectivement 12 % et 11 % des répondants.
Ce manque de connaissance est particulièrement marqué chez les femmes, qui se sentent systématiquement moins informées que les hommes sur les placements et leurs modalités.
Les obstacles à l’investissement responsable
Les Français restent largement réticents à investir de manière responsable, en grande partie à cause d’un manque d’informations (53 %) et d’une crainte liée aux risques associés à ces produits (28 %). Le phénomène du greenwashing est également une préoccupation, dissuadant 25 % des répondants d’investir dans des placements prétendument écologiques.
Environ un cinquième des répondants (19 %) admettent être tout simplement désintéressés par l’investissement responsable, une tendance plus marquée chez les plus de 65 ans.
Les différences de genre dans les comportements d’épargne
L’analyse du baromètre révèle également des différences significatives entre les comportements d’épargne des hommes et des femmes. Les femmes sont moins nombreuses à posséder plusieurs produits d’épargne (55 % contre 60 % pour les hommes) et préfèrent les produits sans risque (75 % contre 62 % pour les hommes).
Elles sont également moins informées sur les indicateurs d’investissement responsable, avec seulement 19 % déclarant en connaître au moins un, contre 34 % des hommes.
Une épargne prudente et une information à renforcer
Le baromètre 2024 de l’épargne en France montre une population épargnante prudente, majoritairement orientée vers des produits sans risque, et encore peu informée ou engagée dans l’investissement responsable.
Pour les acteurs du secteur financier, ces tendances soulignent la nécessité de renforcer l’information et l’accompagnement des épargnants, notamment en matière d’investissement responsable, afin de promouvoir une épargne plus diversifiée et durable.