Performance de l’épargne financière des ménages français

L’Observatoire de l’Épargne Européenne (OEE), en collaboration avec la Caisse des Dépôts, a publié une nouvelle analyse de la performance de l’épargne financière des ménages français en 2023.

Cette étude, menée par IEM Finance, met en lumière les écarts de performance entre les différents déciles de patrimoine financier, révélant des inégalités marquées en termes de rendements et d’accumulation de richesse.

Un indice pour mesurer la performance de l’épargne

Lancé en décembre 2022, l’indice de performance de l’épargne financière des ménages français, calculé par IEM Finance, vise à évaluer la performance à long terme d’un portefeuille moyen d’actifs financiers détenus par les ménages. Cet indice, basé à 100 au 31 décembre 2012, a atteint 129,172 à la fin du premier trimestre 2024. Cela correspond à un taux moyen annualisé de 2,3 % en termes nominaux, supérieur au taux d’inflation moyen de 1,96 % sur la même période. La performance annuelle glissante de l’indice est redevenue positive en termes réels au premier trimestre 2024 (+1,81 %).

Contributions des produits de taux et de fonds propres

L’indice permet de décomposer la performance globale en contributions des produits de taux (principalement des obligations et des produits bancaires) et des produits de fonds propres (essentiellement des actions). Depuis 2012, les produits de fonds propres, avec une performance nominale annuelle moyenne de 5,5 %, ont contribué à près de la moitié de la performance globale de l’indice, bien qu’ils ne représentent en moyenne que 20 % du portefeuille. En comparaison, les produits de taux ont affiché une performance nominale annuelle moyenne de 1,49 %, leur contribution ayant décliné en raison de la baisse continue des taux d’intérêt.

Analyse par décile de patrimoine financier

En mars 2024, l’OEE a introduit des indices par décile de patrimoine financier pour mieux comprendre les écarts de performance entre les ménages les plus aisés et les moins aisés. Cette analyse, basée sur des données de l’enquête « Histoire de vie et Patrimoine » de l’INSEE, révèle que les ménages des cinq derniers déciles concentrent 80 % de leurs avoirs financiers sur des dépôts, souvent non rémunérés, limitant ainsi leur exposition aux marchés actions et, par conséquent, leur performance financière à long terme. À l’inverse, les ménages du premier décile détiennent majoritairement des actions et obligations, bénéficiant ainsi de rendements plus élevés.

Inégalités patrimoniales et performance financière

Les différences de structure de patrimoine entraînent des écarts significatifs de performance sur le long terme. Les ménages des cinq premiers déciles voient leur épargne financière croître à un taux moyen annuel presque deux fois inférieur à celui du dixième décile. De plus, leur performance est souvent inférieure à l’inflation, entraînant une perte de valeur réelle de leur patrimoine. Ces disparités sont exacerbées par une allocation sous-optimale des ressources et un manque de culture financière, conduisant à des erreurs d’investissement et à un biais comportemental court-termiste.

Perspectives et recommandations

L’étude suggère qu’une meilleure éducation financière et la généralisation de véhicules d’investissement de long terme pourraient aider à réduire ces inégalités. Les dirigeants doivent envisager des stratégies pour optimiser les allocations d’épargne et promouvoir des produits financiers offrant des rendements supérieurs à l’inflation.

La décomposition de l’indice selon d’autres variables telles que la catégorie socioprofessionnelle, l’âge ou les quintiles de revenus pourrait également fournir des insights précieux pour élaborer des politiques publiques visant à réduire les inégalités de patrimoine.

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