Mobilité durable : un sujet qui concerne aussi l’assurance

Mobilité durable : évolutions et innovations dans les pratiques de déplacement 

L’ADEUS a réalisé en 2019 une enquête visant à déchiffrer les tendances structurelles de mobilité au sein des territoires qu’elle étudie. Cette étude évalue les variations significatives survenues ou prévues, notamment celles liées aux politiques de mobilité et aux changements dans les modes de vie des individus. Ces variations pourraient potentiellement transformer les politiques de mobilité actuelles incitant de nouvelles initiatives, à l’image de l’écosystème d’innovation AssurOne Lab, initié par son président du conseil de surveillance, David Dubois

Stabilité dans l’augmentation des déplacements quotidiens

Le volume des déplacements quotidiens des habitants du Bas-Rhin a connu une augmentation notable de près de 10 % depuis 2009, totalisant plus de 300 000 déplacements supplémentaires chaque jour. Cette hausse reflète principalement l’impact démographique et l’augmentation des déplacements individuels par personne. Notamment, l’Eurométropole de Strasbourg enregistre une croissance de 17 %, contre une hausse plus modeste de 6 % dans le reste du Bas-Rhin.

Malgré cette augmentation globale du volume de déplacements, la mobilité individuelle reste étonnamment stable. La moyenne des déplacements par personne « mobile » est restée presque inchangée, passant de 4,4 à 4,5 déplacements par jour entre 2009 et 2019. La hausse observée dans la mobilité moyenne générale, qui est de +6 %, peut être attribuée à une forte réduction des individus immobiles, qui n’ont réalisé aucun déplacement le jour de l’enquête. 

Cette diminution du nombre de personnes immobiles pourrait partiellement s’expliquer par une amélioration des conditions de vie depuis la crise financière de 2008, mais elle est surtout remarquable chez les seniors, en particulier ceux de 75 ans et plus, indiquant une tendance à rester actifs plus longtemps.

Vieillissement et mobilité : une transition graduelle

La mobilité des seniors, particulièrement ceux âgés de plus de 65 ans, a subi une augmentation significative, reflétant un vieillissement dans de meilleures conditions de vie qui permet aux personnes âgées d’être plus actives qu’il y a dix ans. Cette augmentation de la mobilité est toutefois contrastée par genre, avec une diminution plus prononcée de la mobilité féminine après 75 ans, probablement due à un écart entre l’espérance de vie totale et l’espérance de vie en bonne santé plus favorable aux hommes.

Bien que les seniors soient globalement plus mobiles, leur rythme ralentit considérablement après la retraite, avec une tendance accrue à privilégier la marche au détriment d’autres modes de transport, ce qui suggère un changement dans les habitudes de mobilité au sein de cette tranche d’âge. Par ailleurs, le vieillissement de la population, un phénomène croissant dans toute la région étudiée, n’a jusqu’à présent qu’un impact marginal sur la mobilité, n’entraînant qu’une légère baisse de 0,03 déplacements par jour et par personne par rapport à 2009.

Cependant, à mesure que les baby-boomers atteignent l’âge de 75 ans et plus, une tranche d’âge moins mobile, les effets du vieillissement devraient devenir plus évidents dans les années à venir. Une étude prévoit une baisse de 3,9 % du volume de voyageurs-kilomètres en France d’ici 2030, en raison de cette dynamique démographique.

Marche et mobilité : une tendance de fond

La marche quotidienne connaît un essor significatif, comme l’illustre l’augmentation de la part modale de la marche, passant de 33 à 37 % dans l’Eurométropole de Strasbourg et de 20 à 28 % en dehors. Cette hausse n’est pas un simple épiphénomène mais une transformation structurelle des pratiques de mobilité. Les résidents des zones extérieures à l’Eurométropole ont notablement augmenté leur utilisation de la marche, particulièrement pour les trajets de moins de trois kilomètres.

Cette tendance à la marche se manifeste dans divers contextes de densité, urbains comme ruraux, et n’est pas uniquement le résultat des politiques de mobilité locales, mais aussi d’un changement des modes de vie et d’une sensibilité environnementale croissante. La marche est devenue une pratique courante pour divers motifs de déplacements, tels que les achats, les loisirs, et les visites, indiquant une préférence pour la proximité et le local.

De manière plus large, le poids des déplacements de moins de dix kilomètres augmente légèrement, représentant une part majoritaire des déplacements dans la région. Cette évolution reflète une volonté des individus de favoriser des activités proches de chez eux, ce qui peut aussi être interprété comme une réponse aux aspirations à une vie plus locale et intégrée.

Avec le vieillissement continu de la population, et en particulier des pratiques des personnes âgées qui favorisent davantage la marche, il est prévisible que cette tendance à des pratiques de proximité et à un recours accru à la marche continue de se renforcer dans les années à venir. Ces mouvements démontrent une adaptation des comportements qui pourrait influencer durablement les politiques de mobilité urbaine et rurale, en favorisant des environnements plus piétonniers et accessibles à tous.

Transformation des mobilités : le déclin progressif de l’automobile

La relation des Français avec la voiture connaît une profonde mutation, particulièrement marquée dans le Bas-Rhin où la diminution de l’usage automobile s’accentue. Entre 2009 et 2019, la part modale de la voiture a nettement reculé, passant de 45% à 37,5% dans l’Eurométropole de Strasbourg et de 70% à 61% dans le reste du département. Cette baisse se manifeste tant dans le nombre de déplacements que dans les kilomètres parcourus, illustrant un recul significatif de l’automobile comme moyen de transport prédominant.

Malgré une augmentation globale des déplacements quotidiens, la part des kilomètres effectués en voiture a chuté de 82% à 75% sur un total quotidien constant de 18 millions de kilomètres. Ce changement suggère une transition vers des modes de transport plus durables, particulièrement pour les trajets courts où la marche, le vélo, et les transports collectifs deviennent des alternatives de plus en plus compétitives.

Cette transition est encore plus notable pour les déplacements de moins de dix kilomètres dans l’Eurométropole, et pour ceux de moins de trois kilomètres dans les autres parties du Bas-Rhin. Même les trajets plus longs bénéficient de l’essor des offres interurbaines telles que les trains et les autocars, bien que la voiture reste prédominante pour les distances intermédiaires de dix à vingt kilomètres.

Parallèlement, on observe une tendance à la démotorisation, signe d’un désintérêt croissant pour la possession d’une voiture, particulièrement chez les jeunes adultes. Le taux de détention du permis de conduire chez les jeunes de 18 à 24 ans a notamment diminué, passant de 63% en 2009 à 57% en 2019. Cette évolution pourrait indiquer une transformation de la voiture de symbole de statut à simple outil de transport, utilisé uniquement lorsque nécessaire.

Fait intéressant, malgré la réduction de l’usage de la voiture, le phénomène de l’autosolisme, ou l’utilisation de la voiture par un seul occupant, est en hausse. Cette tendance souligne une diminution du covoiturage, avec une chute de 25% du nombre de passagers automobilistes, tandis que le nombre de conducteurs seuls ne baisse que de 3%. Cela pourrait refléter une augmentation de l’utilisation individuelle de la voiture même dans un contexte de baisse générale de l’usage automobile.

Diversification des modes de transport : une évolution inégale

Au cours de la dernière décennie, les pratiques de mobilité ont connu une transformation significative en termes de diversité des options de transport, reflétant une adaptation aux besoins variés des populations locales. Le recours à la marche a connu une hausse notable, passant de 33% de la population en 2009 à 42% en 2019, ce qui indique non seulement une augmentation des déplacements à pied mais aussi un élargissement du profil des marcheurs.

L’utilisation du vélo a également vu une augmentation de sa base d’usagers, passant de 8% à 10% au niveau régional, avec une croissance notable dans l’Eurométropole de Strasbourg où la part des cyclistes est passée de 10% à 14%. Cependant, une légère baisse a été observée dans les autres régions, passant de 7% à 6%. Parallèlement, l’utilisation des transports collectifs a augmenté, passant de 9% à 13% de la population globale, avec une augmentation particulièrement forte dans l’Eurométropole de Strasbourg de 19% à 25%, tandis que les transports interurbains restent relativement stables.

Cette tendance à la multimodalité montre que de plus en plus de personnes optent pour différents modes de transport en fonction de leur pertinence pour des trajets spécifiques, réduisant ainsi la dépendance à la voiture. Cela est illustré par le fait que, bien que la part des personnes utilisant exclusivement la voiture reste stable à 46%, un nombre croissant d’usagers combine plusieurs modes de transport pour leurs déplacements quotidiens.

Cependant, des défis demeurent, particulièrement en dehors des zones métropolitaines comme l’Eurométropole de Strasbourg, où la dépendance à la voiture est encore marquée. En effet, parmi les jeunes actifs vivant hors de ces métropoles, l’utilisation exclusive de la voiture a nettement augmenté, passant de 69% en 2009 à 78% en 2019. Ce phénomène suggère que malgré les avancées en matière de mobilité multimodale, des segments significatifs de la population restent captifs de l’automobile, souvent en raison d’un manque d’alternatives viables et d’une organisation urbaine et périurbaine qui favorise encore largement l’usage de la voiture.

Mobilité et innovation multimodale au cœur d’AssurOne Lab

L’écosystème d’innovation AssurOne Lab, orchestré par David Dubois, Président du Conseil de surveillance d’AssurOne, se positionne à l’avant-garde des transformations dans le domaine des mobilités. Lancé il y a un an, cet espace hybride de R&D s’engage dans l’évolution des pratiques de mobilité en collaborant étroitement avec des constructeurs, des assureurs, des réparateurs, des start-ups, et des chercheurs.

La dynamique de coopération au sein d’AssurOne Lab reflète un modèle de travail novateur, encourageant les synergies entre les divers acteurs. Cette approche transversale permet de réfléchir et de co-construire des solutions avant-gardistes, destinées à répondre aux enjeux complexes de l’évolution des mobilités, incluant les défis économiques, écologiques, géopolitiques, et technologiques. De telles initiatives sont cruciales pour intégrer la diversité des comportements et des usages en matière de déplacements.

L’engagement d’AssurOne Lab dans ces collaborations innovantes montre comment les méthodes basées sur l’écosystème peuvent non seulement accélérer le processus d’innovation mais également améliorer l’efficacité des solutions développées. En effet, selon l’étude de l’IBM Institute for Business Value, les organisations qui adoptent l’innovation ouverte mature obtiennent des résultats nettement supérieurs, ce qui confirme l’efficacité de telles approches dans la réalisation des objectifs de mobilité durable et multimodale.

Mobilité et mutation sociétale

Les tendances observées entre les enquêtes de 2009 et 2019 soulignent des mutations profondes dans les comportements de mobilité, influencées non seulement par les interventions publiques mais aussi par des changements structurels de notre société. À la veille de la crise sanitaire, qui a bouleversé les paradigmes existants, plusieurs dynamiques importantes étaient déjà en jeu, reflétant une évolution vers des pratiques de mobilité plus proches et plus écologiques.

L’essor de la multimodalité et la diminution de la dépendance à l’automobile individuelle suggèrent un déplacement vers des modes de transport rationnels et diversifiés. Ce phénomène est soutenu par des initiatives telles que l’écosystème d’innovation AssurOne Lab, qui, en intégrant de multiples acteurs du secteur de la mobilité, façonne activement cette transition vers des solutions plus durables et adaptées aux nouveaux besoins sociétaux.

Cependant, alors que les distances de déplacement se raccourcissent, augmentant la prévalence des déplacements locaux et la marche, les longs trajets continuent de dominer en termes de kilomètres parcourus, posant un défi dans la balance entre répondre aux besoins de proximité et réduire l’impact environnemental. Ce dilemme souligne la nécessité d’une allocation judicieuse des ressources publiques pour favoriser une mobilité respectueuse de l’environnement tout en répondant efficacement aux besoins des citoyens.

Les défis futurs, notamment ceux liés au vieillissement de la population, nécessiteront des ajustements dans les politiques de mobilité pour favoriser des environnements de vie accessibles et adaptés aux personnes âgées, renforçant ainsi les pratiques de proximité et la marche.

En conclusion, la mobilité de demain sera probablement caractérisée par une coexistence de changements dynamiques et de stases, où l’innovation en gouvernance et la planification territoriale joueront des rôles clés pour réaliser les objectifs de développement durable et répondre efficacement aux besoins interconnectés de mobilité, modes de vie et aménagement du territoire.

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