L’épargne, pilier de la sécurité financière, occupe une place centrale dans la vie économique et personnelle des Français.
À travers les années, les comportements d’épargne ont évolué, influencés par des facteurs économiques, sociaux, et politiques.
En 2024, deux études majeures, réalisées par Abeille Assurances/Odoxa et Yomoni, nous offrent des perspectives précieuses sur ces comportements. Des insights essentiels pour comprendre les dynamiques actuelles et anticiper les orientations futures de l’épargne en France.
Contexte économique et impacts politiques sur l’épargne
Le récent sondage réalisé par Abeille Assurances en partenariat avec Odoxa a révélé des perceptions pertinentes sur les comportements d’épargne des Français, influencés par l’instabilité politique actuelle.
En effet, le climat politique incertain pousse un Français sur deux à augmenter leurs efforts d’épargne, avec une légère prédominance masculine (50%) comparée aux femmes (45%). Cette tendance reflète une réaction naturelle des ménages face à l’incertitude, cherchant à sécuriser financièrement leur avenir dans un contexte socio-économique fluctuant.
Financement de la retraite : une inquiétude croissante
Cette étude souligne également une inquiétude significative concernant le financement de la retraite. Moins de la moitié des répondants envisagent de compléter leur pension par des produits d’épargne tels que l’assurance-vie.
Une réticence plus marquée chez les femmes, avec seulement 40% d’entre elles prévoyant une telle démarche, contre 44% chez les hommes. La majorité se repose plutôt sur leur pension de retraite traditionnelle, ce qui soulève des questions sur la suffisance de ces fonds pour maintenir leur qualité de vie à la retraite.
Disparités de genre dans l’accès à l’information financière
Le sondage expose également un écart notable entre hommes et femmes en termes d’accès à l’information sur les produits financiers : 57% des hommes se sentent bien informés contre seulement 39% des femmes.
Cette différence met en lumière non seulement des disparités de genre mais aussi un potentiel manque d’initiatives ciblées pour éduquer et encourager les femmes à s’engager davantage dans la gestion financière personnelle.
Vulnérabilité financière et précarité chez les femmes
Une grande partie des femmes (44%) ne disposent pas de ressources financières indépendantes en cas de crise personnelle telle qu’une séparation ou le décès d’un conjoint.
Ce chiffre atteint 78% chez les femmes à faible revenu, révélant une vulnérabilité significative qui pourrait être adressée par des politiques plus robustes de soutien financier et d’éducation financière.
Attitudes de précaution et investissement
Dans un contexte d’augmentation des ressources, les femmes tendent à adopter une approche plus conservatrice, privilégiant l’épargne pour les dépenses futures plutôt que l’investissement. Ce comportement prudent est particulièrement prédominant chez les femmes par rapport aux hommes, qui montrent une plus grande propension à investir pour des rendements. Cette tendance peut être interprétée comme une manifestation de la prudence financière face à des risques perçus plus importants.
Ainsi, les résultats du sondage réalisé par Abeille Assurances et Odoxa mettent en évidence des défis significatifs mais aussi des opportunités pour les politiques publiques et les stratégies des institutions financières pour améliorer l’inclusion financière et l’autonomie des femmes.
En renforçant l’accès à l’information et en créant des produits adaptés aux besoins spécifiques des femmes, il est possible de réduire les inégalités de genre dans le domaine de l’épargne et de l’investissement.
L’épargne en France : dynamique régionale et préférences d’investissement
La seconde enquête réalisée par Yomoni souligne une évolution significative dans les habitudes d’épargne des Français en 2024, révélant des changements notables dans le classement régional de l’épargne.
Bien que l’Ile-de-France conserve sa position de leader avec le plus faible pourcentage de non-épargnants (10 %), d’autres régions comme les Pays-de-Loire et la région PACA montrent une amélioration notable, réduisant leur proportion de non-épargnants à 13 %.
Préférences de produits d’épargne par région
Les choix des produits d’épargne varient considérablement d’une région à l’autre. En 2024, la région PACA a pris une position de leader dans plusieurs catégories de produits d’épargne, notamment les placements immobiliers et les plans d’épargne retraite, surpassant même l’Ile-de-France dans certains domaines.
Malgré cela, les livrets restent le produit d’épargne le plus populaire à travers toutes les régions, suivis par les contrats d’assurance-vie et les placements immobiliers.
Montant d’épargne et attitudes régionales
Il y a une tendance à la baisse dans le montant d’épargne mensuel considéré comme idéal par les épargnants, particulièrement en Ile-de-France où le pourcentage de ceux qui pensent qu’il est judicieux d’épargner au moins 1 000€ par mois est passé de 78 % en 2023 à 72 % en 2024.
Cette réduction est observée dans toutes les régions de France, indiquant une possible réévaluation des capacités et des nécessités d’épargne parmi les Français.
Les produits d’épargne préférés
La région Ile-de-France continue de se démarquer par une plus grande propension à prendre des risques avec leurs épargnes, avec 41 % de sa population choisissant des produits d’épargne plus risqués. À l’opposé, les régions telles que la Corse et l’Occitanie/Pyrénées-Méditerranée restent les plus prudentes.
De leur côté, les placements immobiliers continuent de gagner en popularité, avec 45 % des Français exprimant une confiance accrue dans ce type d’investissement en 2024, surpassant les livrets et les assurances-vie qui voient une légère baisse de confiance par rapport à l’année précédente.
Des pratiques d’éparque qui évoluent
Ainsi, les données de Yomoni mettent en évidence une évolution des pratiques d’épargne en France, influencées par des facteurs régionaux, économiques et personnels. Ces tendances offrent des insights cruciaux pour les planificateurs financiers, les institutions d’épargne et les décideurs politiques pour adresser les besoins diversifiés des épargnants français.
Ces résultats soulignent la nécessité de stratégies personnalisées et de produits d’épargne adaptés pour répondre aux exigences variées des différentes régions et démographies en France.
Réflexions croisées sur l’épargne en France
Les études menées par Abeille Assurances/Odoxa et Yomoni offrent un aperçu riche et diversifié sur l’état de l’épargne en France, révélant des dynamiques complexes et variées selon le genre, la situation économique, et les régions.
D’une part, le sondage d’Abeille Assurances/Odoxa met en lumière les disparités de genre dans l’accès à l’information financière et les choix d’épargne, soulignant que les femmes, souvent moins informées et plus prudentes, tendent à se réserver pour les dépenses courantes plutôt que pour des investissements à long terme.
D’autre part, l’étude de Yomoni dépeint une cartographie régionale de l’épargne qui démontre des différences marquées dans les comportements d’épargne à travers le pays. Malgré une tendance globale à la baisse du montant d’épargne mensuel, il est clair que les préférences pour les types de produits d’épargne et la prise de risque varient considérablement d’une région à l’autre. Cette diversité régionale reflète non seulement des réalités économiques distinctes mais aussi des attitudes culturelles qui influencent les décisions financières.
Ensemble, ces études illustrent les défis et les opportunités pour les institutions financières, les décideurs, et les éducateurs en matière de finance personnelle. Pour adresser ces enjeux, une approche plus ciblée et inclusive en termes de produits financiers et de communication pourrait aider à équilibrer les inégalités observées et à encourager une culture d’épargne plus robuste et accessible à tous les Français.