L’impact de la santé sur la productivité des dirigeants 

Dans son 10e baromètre annuel, la Fondation MMA des Entrepreneurs du Futur, en collaboration avec Bpifrance Le Lab, se penche sur la santé physique et psychologique des dirigeants de TPE, PME et ETI en France.

Ce rapport révèle des changements significatifs dans la manière dont ces dirigeants abordent leur santé, en particulier depuis la crise du Covid-19.

Une transparence croissante sur les enjeux de santé

En mars 2024, cette vaste enquête a interrogé plus de 1 500 dirigeants, révélant une tendance à la hausse de l’ouverture concernant les maladies longues au travail. Contrairement aux attitudes passées, une large majorité des dirigeants choisissent maintenant de discuter de leurs problèmes de santé au sein de leur environnement professionnel. 

Cette démarche vise non seulement à lever le tabou associé aux maladies graves (51 % des actifs pensant encore qu’il est difficile de révéler son cancer) mais également à promouvoir une culture de soutien et de transparence.

Amélioration de la santé physique…

 « Depuis 10 ans, la Fondation des Entrepreneurs du Futur interroge les femmes et les hommes dirigeants d’entreprises sur leur perception de leur état de santé et comment ils s’approprient la gestion de leur santé. Bonne nouvelle, 90 % de nos sondés se disent aujourd’hui en bonne forme physique et la forme psychologique se stabilise à 76 %. Des taux qui ne doivent pas faire oublier les réalités du quotidien de nos dirigeants : maintenir l’équilibre vie pro/perso reste un vrai défi et il leur est encore souvent difficile d’instaurer un suivi régulier chez leur médecin. Cette année, nous interrogeons pour la première fois les décideurs sur leur appréhension de la maladie longue : comment ils la vivent, comment ils l’anticipent pour eux-mêmes comme pour leur entreprise, » commente Sylvie Bonello, Déléguée générale de la Fondation MMA Entrepreneurs du Futur.

En effet, le baromètre indique une nette amélioration de la santé physique des dirigeants avec 90% d’entre eux se déclarant en bonne forme en 2024, une hausse de 7 points par rapport à l’année précédente. Cependant, le maintien d’un bon équilibre pro/perso permettant d’assurer un suivi médical régulier reste une difficulté pour 37% des sondés. 

…mais préoccupations psychologiques persistantes

De plus, le bien-être psychologique reste préoccupant, alors qu’en 2019 ils étaient 86% à s’estimer en bonne forme psychologique, ils ne sont plus que 76% en 2024. Une fragilité particulièrement marquée chez les jeunes dirigeants qui, malgré une excellente santé physique pour 96% d’entre eux, semblent moins solides que leurs aînés. 

En effet, parmi les dirigeants âgés de 18 à 24 ans, 30 % décrivent leur état psychologique comme passable ou mauvais, ce qui est supérieur à la moyenne de 24 % observée parmi tous les dirigeants. 

Les secteurs en détresse

39 % des dirigeants dans le secteur des transports et 38 % dans l’agriculture signalent une santé mentale passable ou mauvaise, contre 29 % dans le secteur de la construction. Ces chiffres reflètent les tensions dans ces domaines où les faillites d’entreprises ont fortement augmenté en 2023, avec une hausse de 40,7 % dans la construction, de 30,7 % dans les transports et de 7 % dans l’agriculture.

En revanche, les dirigeants du secteur industriel affichent une meilleure santé psychologique, avec seulement 16 % d’entre eux décrivant leur état mental comme passable ou mauvais, ce qui est 8 points de pourcentage en dessous de la moyenne globale de 24 %.

Réponses physiques au stress

En dépit d’une auto-évaluation positive de leur santé physique, 71% des dirigeants rapporte souffrir de troubles récurrents tels que le mal de dos (47%), les douleurs articulaires (38%) et les troubles du sommeil (36%), reflétant le stress et les exigences de leurs rôles.

La nouvelle tendance chez les dirigeants est de privilégier l’activité physique pour améliorer leur santé. En 2024, 54 % des dirigeants ont repris une activité physique régulière, surpassant les 48 % qui se concentrent sur une alimentation équilibrée. Cet intérêt est particulièrement marqué chez les jeunes dirigeants de 18 à 24 ans et ceux de plus de 65 ans, avec respectivement 74 % et 65 % s’engageant dans le sport régulièrement.

Les défis du suivi médical

Malgré les avantages évidents de l’exercice régulier, le suivi médical reste insuffisant. Environ 32 % des dirigeants ont admis avoir renoncé à consulter un médecin au cours de l’année écoulée, avec 15 % évitant plusieurs consultations. 

Et, ils sont même 10% à ne jamais consulter, avec un taux particulièrement élevé de non-consultation dans les transports (22%) et la construction (15%) reflétant les difficultés économiques de ces secteurs.

La santé et la vie personnelle en second plan

La principale raison invoquée pour le renoncement aux soins est le manque de temps, cité par 60 % des dirigeants qui préfèrent prioriser leur entreprise. Cette réalité souligne un conflit entre les exigences professionnelles et les besoins de santé personnels.

Alors que 63 % des dirigeants ne consultent un médecin qu’en cas de problème, une légère augmentation par rapport à l’année précédente, 27 % ont instauré des examens de santé réguliers. Cependant, cette pratique n’est pas encore suffisamment répandue pour inverser la tendance du renoncement aux soins.

Par ailleurs, les difficultés à maintenir un équilibre entre la vie professionnelle et personnelle restent constantes, avec 37 % des dirigeants éprouvant des difficultés à gérer les deux. Le secteur agricole est particulièrement touché, avec 57 % des agriculteurs déclarant des défis significatifs.

Les dirigeants face aux longues maladies 

La santé des dirigeants de TPE, PME et ETI a révélé que 4% d’entre eux ont été affectés par une maladie longue, avec le cancer émergeant comme la maladie la plus fréquente (35%) suivie des maladies chroniques telles que le diabète, les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin et la sclérose en plaque (25%) et des maladies cardio-vasculaires (13%). 

Ces maladies touchent principalement les dirigeants de plus de 65 ans (12%) et ceux à la tête de petites entreprises de 1 à 5 salariés.

Communication sur la santé au travail

Contre toute attente, une grande majorité (87%) des dirigeants choisit de discuter ouvertement de leurs problèmes de santé avec leur entourage professionnel, brisant ainsi un tabou persistant dans le monde du travail. 

Les discussions portent principalement sur leurs équipes et leurs conseillers (38%), et un nombre significatif (19%) a même communiqué sur leur état de santé de manière publique via messages internes et/ou mails clients.

Impact économique de la maladie sur l’entreprise

Les répercussions de la maladie ne se limitent pas à l’aspect personnel ; 44% des dirigeants expriment des craintes quant à l’avenir de leur entreprise en raison de leur état de santé. Et, 21% ont observé une baisse directe de leur chiffre d’affaires ainsi que la perte de clients. 

Cependant, les dirigeants de plus grandes entreprises (de 6 à 49 salariés) semblent moins affectés par ces inquiétudes, avec 75 % déclarant qu’ils n’ont eu aucune inquiétude pour l’avenir de l’entreprise. 

Adaptations professionnelles face à la maladie

Face à la maladie, près d’un tiers (29%) des dirigeants ont dû réorganiser leur travail, tandis que 22% ont été contraints de mettre temporairement leurs activités en pause. 

Ils sont 62 % à affirmer que leur maladie n’a pas eu d’impact négatif sur leurs équipes tandis que pour 24 % d’entre eux, cette épreuve a renforcé l’esprit d’équipe au sein de leur entreprise.

Malgré les défis posés par la maladie, les dirigeants restent résolus et dévoués à leur rôle. En effet, 84 % d’entre eux indiquent qu’ils n’ont pas modifié leur fonction de dirigeant en raison de leur état de santé.

Focus 2024 sur les dirigeants non affectés par la maladie

La santé continue de jouer un rôle central dans la vie des dirigeants qui n’ont pas encore été touchés par une maladie longue. Une grande majorité (82%) des dirigeants actifs mettent l’accent sur les pratiques de prévention santé comme le sport et une bonne hygiène de vie. Ces mesures préventives montrent un engagement proactif pour maintenir leur bien-être et prévenir les maladies graves.

Malgré une forte inclination pour la prévention, moins de la moitié (49%) des dirigeants ont mis en place des mesures de prévoyance adéquates pour couvrir les risques de maladies graves et invalidantes. Une lacune qui peut exposer les dirigeants à des risques financiers et opérationnels en cas de problèmes de santé imprévus.

Planification de la continuité en cas de maladie

Seuls 17% des dirigeants ont élaboré un plan d’action en cas de maladie grave, identifiant une personne de confiance et envisageant des ajustements organisationnels nécessaires. Cette minorité montre une anticipation stratégique qui pourrait sécuriser la continuité des opérations de leur entreprise.

Plus de la moitié (53%) des dirigeants sondés envisageraient de se faire remplacer partiellement ou totalement si un problème de santé grave devait survenir, soulignant leur reconnaissance de l’impact potentiel de leur santé sur la gestion de l’entreprise.

Santé des dirigeants : des progrès physiques et des défis psychologiques persistants

 « La santé des dirigeants de TPE/PME, souvent propriétaires de leur entreprise, est le premier actif hors bilan de l’entreprise. D’où l’importance de l’étude réalisée chaque année par la Fondation MMA Entrepreneurs du Futur. On y voit en 2024 de bonnes nouvelles : un état de santé des dirigeants globalement bon, aussi bien sur le plan physique que sur le plan psychologique, une pratique du sport de plus en plus fréquente qui est même devenue la première pratique de bonne santé devant l’alimentation, et des dirigeants industriels qui affichent un moral supérieur à la moyenne ! En revanche, quelques signaux faibles sont à suivre dans le temps sur la santé psychologique, en particulier pour les plus jeunes dirigeants. Cette année, le focus sur les maladies longues montre que 4% des dirigeants souffrent d’une telle maladie, un chiffre dans la moyenne des Français, alors même que l’âge moyen des dirigeants est plus élevé. Les tabous semblent être tombés, dans la lignée de ce qui s’observe dans la société dans son ensemble, » analyse Élise Tissier, Directrice du Lab de Bpifrance. 

Ainsi, l’étude menée par la Fondation MMA des Entrepreneurs du Futur et Bpifrance Le Lab souligne l’importance pour les dirigeants d’adopter des stratégies de prévention robustes tout en améliorant les mesures de prévoyance pour garantir non seulement leur bien-être personnel mais aussi la durabilité de leurs entreprises face aux défis de santé.

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