Epargne responsable : conscience croissante des patrimoniaux

La dernière édition du baromètre annuel La Banque Postale/Cashbee, réalisée en collaboration avec Opinion Way, met en lumière une prise de conscience croissante des épargnants patrimoniaux à l’égard de l’épargne responsable.

Alors que la sécurité et la rentabilité dominent toujours les critères de sélection des produits d’épargne, l’intérêt pour les options responsables commence à prendre de l’ampleur.

Connaissance et perception de l’épargne responsable

Le baromètre de 2024, qui en est à sa quatrième vague, révèle que 40 % des personnes disposant d’un patrimoine conséquent sont désormais au moins vaguement familières avec les produits d’épargne responsables, marquant une hausse significative de 8 points depuis 2021. 

Cette évolution suggère une sensibilisation accrue, bien que l’épargne responsable demeure globalement méconnue par la majorité du grand public.

Priorités et préférences en matière d’épargne

Selon l’étude, le critère dominant pour la sélection des produits d’épargne reste la sécurité pour 29% du grand public.  La dimension responsable, en revanche, ne figure qu’en fin de classement, avec seulement 4 % des répondants la considérant comme un critère principal.

Ainsi, la majorité des répondants, soit 73 % du Grand Public, placent naturellement la sécurité en tête de leurs objectifs d’épargne.

Paradoxalement, alors que l’épargne responsable est moins fréquemment citée par le grand public, son importance croît significativement parmi les patrimoniaux. Le taux de citation de l’objectif d’investissement responsable a augmenté de 8 points par rapport à l’année précédente, soulignant un intérêt grandissant pour des investissements alignés sur des valeurs éthiques et durables.

Rendement vs durabilité : le dilemme de l’épargne responsable

Malgré un intérêt croissant pour l’épargne responsable, la majorité des épargnants reste orientée vers le rendement. L’étude révèle que 79 % des participants privilégient les investissements classiques plus rémunérateurs par rapport aux produits responsables offrant un rendement inférieur. 

Cette préférence se maintient même lorsque les rendements des produits responsables et classiques sont équivalents, avec 68 % des répondants qui opteraient toujours pour l’option traditionnelle.

Une explication plausible pourrait être que, d’une part, les répondants ne sont pas disposés à supporter un coût supplémentaire pour le caractère responsable de leurs investissements et, d’autre part, qu’il existe d’autres obstacles qui empêchent leur engagement, comme l’étude le démontrera par la suite. 

Les patrimoniaux : une ouverture plus grande vers la durabilité

Cependant, les patrimoniaux montrent une plus grande ouverture à l’épargne responsable. Parmi eux, 37 % sont disposés à opter pour un produit responsable même si cela implique un rendement inférieur, ce qui représente une augmentation de 10 % en quatre ans. 

De plus, une majorité de 54 % choisiraient un produit responsable si les rendements étaient égaux, démontrant une sensibilité plus marquée à l’impact de leurs investissements.

Les freins à l’adoption de l’investissement responsable

Au-delà de la préférence pour le rendement, d’autres obstacles substantiels freinent l’adoption de l’investissement responsable. La complexité de l’offre et un manque de confiance dans la véracité des promesses éthiques et environnementales des produits constituent les principaux freins. 

Ces facteurs contribuent à la réticence des épargnants à s’engager pleinement dans des stratégies d’épargne durable.

Le potentiel de désaffection en cas de scandales médiatisés est également notable. L’érosion de la confiance peut être rapide si les promesses des produits d’investissement responsable ne sont pas pleinement réalisées, ce qui souligne l’importance pour les assureurs de maintenir une transparence et une intégrité irréprochables.

Performances et perception des produits d’épargne responsable en 2023

Malgré un contexte de redressement général des marchés en 2023, les performances des produits ESG et traditionnels sont assez similaires à l’année décevante de 2022. Un rendement perçu comme inférieur des produits responsables est encore un point de friction, avec 25% du Grand Public et 46% des patrimoniaux qui perçoivent ces produits comme moins rentables.

Les labels, conçus pour guider les épargnants vers des choix plus responsables, restent largement méconnus et sous-valorisés. La perception d’une méthodologie insuffisamment contraignante pour 34% du grand public et 53% des patrimoniaux entraîne une dévalorisation, souvent associée à des accusations d’écoblanchiment. 

Ainsi, seulement 10% du Grand Public et 28% des patrimoniaux connaissent le label ISR public, le plus reconnu parmi les labels disponibles.

Mais, les réformes visant à rendre le label ISR plus sélectif récemment introduites, pourraient renforcer l’intérêt pour ces produits. Une majorité de ceux qui sont au courant de ces changements, soit 61% du Grand Public et 73% des patrimoniaux, voient ces réformes comme une raison de souscrire à ces fonds à l’avenir.

Perception positive et influence des conseillers financiers

Malgré les défis, l’épargne responsable conserve une image positive et continue d’intéresser significativement les épargnants, surtout pour des raisons de diversification des portefeuilles. Les conseillers financiers jouent un rôle crucial dans ce domaine, avec 52% des répondants du Grand Public et 78% des patrimoniaux affirmant que les discussions sur la durabilité avec leur conseiller ont influencé leurs décisions d’investissement.

L’étude révèle enfin une nette divergence dans la perception et l’adoption de l’épargne responsable entre le Grand Public et les patrimoniaux. Alors que l’épargne ISR stagne parmi le Grand Public, elle connaît une augmentation significative de 15 points chez les patrimoniaux ces quatre dernières années.

Ainsi, l’épargne responsable, bien que confrontée à des défis en termes de perception de rendement et de confiance dans les labels, bénéficie d’une reconnaissance croissante pour ses avantages en termes de diversification et son potentiel à long terme. La communication claire, des réformes des labels, et l’influence des conseillers financiers sont des leviers pour surmonter les réticences et encourager une adoption plus large.

Accroissement de la sensibilisation chez les patrimoniaux

Les patrimoniaux ne se contentent pas seulement de mieux connaître mieux les produits d’épargne responsable ; ils les intègrent de plus en plus dans leurs stratégies d’investissement. Cette tendance est renforcée par une disposition à préférer les produits responsables aux options standard, surtout lorsque les rendements sont comparables. Cette évolution témoigne d’un changement de paradigme où la responsabilité financière commence à être vue non seulement comme un choix éthique mais aussi comme une décision financièrement prudente.

Les conseillers financiers semblent jouer un rôle déterminant dans la sensibilisation et l’adoption de l’épargne responsable par les patrimoniaux. Leur influence aide ces derniers à comprendre et à intégrer ces produits dans leurs portefeuilles, soulignant l’importance de la formation et de l’éducation financière continue dans la promotion de l’investissement durable.

Enfin, il est de plus en plus reconnu que les offres responsables améliorent l’image de la banque aux yeux des patrimoniaux. Ce constat indique que les banques qui adoptent et promeuvent activement des pratiques d’investissement responsable peuvent non seulement fidéliser leur clientèle existante mais également attirer de nouveaux clients attirés par des valeurs de durabilité.

En résumé, alors que l’épargne responsable gagne du terrain parmi les patrimoniaux, il reste un travail considérable à accomplir pour élargir cette prise de conscience et cette adoption au Grand Public, où l’ignorance et les préjugés persistent encore largement.

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