Très récemment, SeaBird Impact, en collaboration avec le cabinet de conseil Prophil, a présenté à la Bibliothèque François Mitterrand une étude novatrice sur les implications de la post-croissance pour le secteur des assurances.
Intitulée « Assurance et post-croissance : comment protéger à l’aune des limites planétaires ? », cette recherche approfondit le rôle que les assurances doivent jouer dans un contexte marqué par des défis environnementaux et sociaux croissants.
Le défi de l’assurabilité dans un contexte de changement climatique
L’étude, menée en partenariat avec Matmut, Maif, Groupama, Tikehau Capital et Axa Climate, met en lumière les difficultés croissantes pour maintenir l’assurabilité face aux aléas climatiques exacerbés. Les dérèglements climatiques, qui fragilisent la couverture des risques naturels, posent la question de la capacité des assureurs à continuer de fournir une protection efficace sans compromettre leur viabilité financière.
La post-croissance, en tant que cadre théorique, offre des perspectives pour réconcilier la gestion actuelle des risques avec la prévention des crises futures.
Adapter les pratiques assurantielles aux réalités environnementales
L’étude de SeaBird Impact et Prophil recommande une réadaptation des modèles d’affaires assurantiels pour intégrer les enjeux à long terme du changement climatique. Cela inclut l’adaptation des activités humaines, l’atténuation des impacts environnementaux et la restauration des écosystèmes.
Par exemple, après un sinistre, l’approche traditionnelle qui consiste à restaurer un bien à son état initial pourrait être remplacée par des méthodes qui renforcent la résilience aux futurs événements climatiques, un concept connu sous le nom de « Build Back Better ».
L’assurance, un acteur de la transition écologique
Avec près de 2 748 milliards d’euros d’actifs en 2022, les assureurs sont des financiers majeurs de l’économie française. Les flux financiers qu’ils contrôlent peuvent catalyser la transition vers des pratiques plus durables. Les initiatives en assurance, comme la couverture des risques de conversion pour les agriculteurs souhaitant passer à l’agroécologie, montrent comment le secteur peut soutenir activement la transformation écologique.
« D’un côté, les assureurs subissent les conséquences des dérèglements climatiques et testent les limites de l’assurabilité d’un certain nombre de risques naturels. De l’autre, l’assurance est au cœur du système économique. Elle accompagne les agents économiques, les particuliers, les entreprises, les collectivités. En ce sens, les assureurs jouent un rôle crucial dans les transformations qui doivent s’opérer. En accompagnant ces évolutions, l’assurance devient le système immunitaire de l’économie. Elle permet de garantir la mutualisation des risques, de pouvoir continuer à protéger les assurés et de contribuer à la résilience des activités économiques », explique Pierre Thérond, directeur associé de SeaBird.
Vers une assurance pionnière de la transition écologique et sociale
« Il nous semble que les acteurs de l’assurance, dans leur rôle d’investisseur et de protecteur des biens et des personnes, disposent de leviers puissants pour transformer les modèles existants et contribuer à l’émergence d’une société de post-croissance. Cette étude détaille un large éventail d’initiatives qui relèvent de l’adaptation, de l’atténuation et de la restauration, dans le but de soutenir l’action des assureurs dans cette transformation et d’accélérer les mutations. Car l’ampleur et la rapidité de la mobilisation seront déterminantes dans notre capacité à « réencastrer » les activités humaines dans la couronne du Donut et préserver nos « communs » ainsi que l’accès aux services essentiels : biodiversité, climat, cycle de l’eau, santé humaine, éducation, habitat, énergie, nourriture, etc. », concluent Cyrille Vu, Président fondateur de SeaBird Impact et président de SeaBird, et Geneviève Ferone-Creuzet, co-fondatrice associée de Prophil.
L’étude « Assurance et post-croissance » souligne donc l’importance de l’évolution des pratiques assurantielles dans un monde aux frontières environnementales de plus en plus tangibles. Elle appelle les assureurs à être à l’avant-garde de la transition vers une économie plus durable, utilisant leur influence pour promouvoir des activités qui respectent à la fois les limites planétaires et les nécessités sociales.