Une étude récente révèle les défis en matière de santé chez les 18-25 ans, accentuant le besoin d’innovation en assurance santé.
Selon la Fondation APRIL, 40 % des jeunes de 18 à 25 ans éprouvent des troubles de santé, révélant une vulnérabilité notable dans cette tranche d’âge. L’enquête, réalisée en collaboration avec BVA Xsight et Uptowns, s’appuie sur un échantillon représentatif de 2000 jeunes Français et inclut une ethnographie digitale sur TikTok.
« Cette étude met en lumière un enjeu majeur et prioritaire de notre système de santé : la prévention au service de tous. A l’heure où l’on sait que plus d’un tiers des 18-25 ans ont dû renoncer à une consultation médicale en 2023, notamment par manque de moyen financier ou de temps, il est indispensable de repenser la politique de prévention, pour que chacun puisse devenir autonome dans la prise en charge de sa santé physique et mentale », explique Céline Falco, Présidente de la Fondation APRIL et médecin à SOS Médecins.
Santé mentale et addictions, les principales préoccupations
L’étude révèle que la santé mentale demeure une préoccupation majeure, avec 39 % des jeunes ayant envisagé le suicide au moins une fois, et 58 % ressentant régulièrement du stress ou de l’anxiété. Ces données coïncident avec une hausse des comportements addictifs, notamment aux réseaux sociaux, jeux vidéo et substances comme le cannabis et les opiacés. 58 % des participants admettent une utilisation indispensable des réseaux sociaux chaque jour, avec un taux plus élevé chez les femmes (64 %).
Les jeux vidéo sont cités par 34 % des répondants, un chiffre qui monte à 50 % chez les hommes. Le tabac est consommé par 16 % des jeunes, un taux qui atteint 21 % parmi les catégories socio-professionnelles moins favorisées. Par ailleurs, 24 % des sondés consomment régulièrement des substances telles que le cannabis et des antidouleurs opioïdes, à une fréquence allant de plusieurs fois par mois à plusieurs fois par semaine.
Des disparités socio-économiques marquées
Les inégalités socio-économiques influencent lourdement l’accès aux soins. 40 % des jeunes ont renoncé à une consultation médicale l’année précédente, 29 % par manque de temps, 23 % par manque de moyen financier et 23 % du fait de délais d’attente trop longs pour avoir un rendez-vous.
Ces disparités se manifestent aussi dans le suivi de certaines spécialités médicales, particulièrement en gynécologie : 39 % des femmes n’ont jamais consulté de spécialiste, ou l’ont fait il y a plus de 2 ans.
La prévention et les réseaux sociaux : une transformation du paradigme
Face à l’inefficacité des dispositifs de prévention traditionnels, les jeunes se tournent vers les réseaux sociaux pour des conseils de santé. Par exemple, près de la moitié des personnes interrogées indiquent ne pas connaître les « rendez-vous prévention » mis en place par le Ministère de la Santé.
À l’opposé, sur TikTok, le nombre d’influenceurs santé augmente, présentant des profils diversifiés qui, bien que souvent dépourvus d’une légitimité médicale formelle, tirent leur valeur de témoignages personnels. L’ethnographie digitale révèle une préférence pour l’auto-discipline et des solutions pragmatiques qui promeuvent l’autonomie vis-à-vis du système de soin traditionnel.
Jeunes et système médical : une relation dégradée
L’étude révèle une détérioration alarmante du rapport des jeunes de 18 à 25 ans à l’environnement médical et à leur propre santé. Significativement, 16 % des jeunes n’ont pas de complémentaire santé, un chiffre bien supérieur à la moyenne nationale de 4 %, et 15 % n’ont pas de médecin traitant, contre 11 % pour l’ensemble des Français. Ces chiffres suggèrent des lacunes dans le suivi médical et l’intégration dans le système de soins. Parallèlement, la santé semble être reléguée au second plan parmi les priorités des jeunes, qui se concentrent davantage sur leur éducation, leur autonomie financière et leur épanouissement personnel. Cette tendance suggère une modification profonde de la perception de la santé par les jeunes, malgré leur intérêt marqué pour le développement personnel.
La santé, une notion hybride chez les jeunes
La santé chez les jeunes adultes est perçue comme une notion complexe. Bien que 85 % des 18-25 ans estiment leur santé comme bonne, plus de 40 % d’entre eux signalent souffrir de divers troubles, allant de problèmes de santé mentale à des affections respiratoires. Plus de la moitié consomme régulièrement des médicaments, et 14 % en prennent quotidiennement. Sur les réseaux sociaux, la santé est souvent représentée de manière vague, associée à des concepts de bien-être, de performance et d’écoute de soi, mélangeant des éléments du sport et du développement personnel. Cette perception altérée entraîne une forte inclination vers les médecines alternatives, particulièrement visible sur TikTok. Malgré cette abondance d’informations, un tiers des jeunes se sent impuissant à améliorer activement leur santé, et beaucoup n’envisagent des soins que lorsqu’ils sont déjà affectés par des maladies.
Pour Céline Falco « Comprendre la manière dont les 18-25 ans conçoivent leur santé n’est pas une mince affaire, nous le constatons avec notre étude, et ce en partie parce leur définition de la santé est mouvante. Alors qu’une majorité des jeunes interrogés se déclare en bonne santé, ils sont quand même nombreux à se dire concernés par certains troubles physiques ou psychiques, ce qui montre à quel point, bien qu’abreuvés de contenus digitaux en lien avec le développement personnel et le bien-être, leurs connaissances en matière de santé sont encore à améliorer. »