Face à l’essor des conseils financiers trompeurs sur les réseaux, les régulateurs intensifient leurs actions. Entre prévoyance et innovation, le cadre légal s’adapte.
Les régulateurs financiers mondiaux redoublent de vigilance face à l’impact grandissant des finfluenceurs sur les réseaux sociaux. Ces derniers, souvent d’anciennes stars de téléréalité, se retrouvent sous le feu des projecteurs, non pour leurs performances devant la caméra, mais pour leur rôle dans la promotion de produits financiers risqués.
Au Royaume-Uni, l’autorité de conduite financière (Financial Conduct Authority, FCA) a récemment pris des mesures sévères contre neuf influenceurs financiers. Ceux-ci, connus pour leurs apparitions dans des émissions comme « Love Island » ou « The Only Way is Essex », sont accusés de promouvoir des produits dérivés liés au marché des devises sur Instagram, sans autorisation préalable.
La FCA a clairement averti que de telles pratiques pourraient mener à des sanctions sévères, incluant des peines de prison allant jusqu’à deux ans et des amendes potentiellement illimitées.
Aux États-Unis, la Financial Industry Regulatory Authority (FINRA) hausse le ton aussi. Elle a imposé une amende de 850 000 dollars à M1 Finance, une société de courtage qui a employé environ 1 700 influenceurs pour promouvoir ses services. Cette opération a généré près de 40 000 ouvertures de comptes, mais a été jugée trompeuse par les régulateurs, entraînant une sanction significative pour manquement aux normes de communication équitable.
En France, la situation n’est pas moins préoccupante. Le collectif AVI, qui aide les victimes des arnaques perpétrées par des influenceurs, a recueilli plus de 1 000 plaintes. Jean-Baptiste Boisseau, membre du collectif, exprime une frustration croissante : « Plutôt que de donner des cours, on préférerait que l’AMF donne des sanctions. » Les plaintes récentes concernent notamment Marc et Nadé Blata, poursuivis pour escroquerie en bande organisée après avoir promu des produits financiers douteux depuis Dubaï.
La transformation du cadre réglementaire ne se limite pas aux sanctions. En septembre 2023, l’AMF et l’ARPP ont introduit un certificat pour l’influence responsable dans la finance, visant à éduquer plutôt qu’à punir. Cependant, pour de nombreux observateurs, cette mesure demeure insuffisante. « Certains influenceurs font de la publicité pour des conseils financiers par méconnaissance de la réglementation, c’est très bien qu’ils soient formés. Mais le plus gros des arnaques, ce n’est pas ça, ce sont des gens qui ont conscience de ce qu’ils font », souligne Jean-Baptiste Boisseau.
Cette approche régulatrice, mêlant éducation et répression, traduit une volonté d’assurer que les consommateurs puissent investir en toute confiance. Le défi reste toutefois immense, tant l’attrait de gains faciles continue de séduire un large public sur les plateformes numériques. Alors que les régulateurs cherchent à encadrer ce nouveau domaine, la question demeure : les mesures prises seront-elles suffisantes pour endiguer les risques croissants liés à cette forme moderne de publicité financière ?