Santé mentale au travail : un enjeu de prévoyance

Face à l’augmentation de la détresse psychologique, l’entreprise joue un rôle clé en matière de prévoyance. Protéger le bien-être mental des salariés devient une priorité.

La santé mentale des salariés est désormais au cœur des priorités des entreprises, surtout depuis la crise sanitaire qui a exacerbé les facteurs de stress au travail. 48 % des travailleurs expriment une forme de détresse psychologique, avec un risque accru de burn-out particulièrement chez les jeunes, les femmes, les managers, et les plus de 60 ans, révèle une étude d’Empreinte Humaine réalisée par OpinionWay en novembre 2023.

En 2005, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) avait tenu la première Conférence ministérielle européenne dédiée à cette thématique, où elle a caractérisé la santé mentale comme un « état de bien-être qui permet à chacun de réaliser son potentiel, de faire face aux difficultés normales de la vie, de travailler avec succès et de manière productive, et d’être en mesure d’apporter une contribution à la communauté ».

Pour Margaux Gelin, docteure en psychologie, responsable du pôle recherche et psychologie chez Moodwork, application dédiée à la santé mentale au travail, cette définition est « plutôt positive, alors que pour beaucoup, la santé mentale, notamment dans le milieu professionnel, reflète une connotation négative, car elle est souvent associée au burn-out, au stress ou encore à la dépression ».

Mais, la santé mentale est également susceptible de changer ou d’être affectée par des facteurs externes comme les crises économiques ou l’environnement de vie, ainsi que par des aspects plus personnels tels que les dynamiques familiales ou les incidents marquants de la vie.

L’article L. 4121-2 du Code du travail impose à l’employeur de prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger la santé physique et mentale des travailleurs. Ceci inclut l’aménagement des conditions de travail pour permettre aux employés de s’épanouir.

Si Margaux Gelin souligne que les conditions idéales de travail n’existent pas, chaque salarié ayant des ressentis uniques face aux situations qu’il traverse, elle précise néanmoins que « des actions orientées vers le bien-être au travail existent. » Elle ajoute que celles-ci « doivent répondre à trois besoins psychologiques fondamentaux : l’autonomie, la compétence et l’affiliation. ».

La surveillance continue du bien-être des employés est essentielle. Pour ce faire, les entreprises peuvent se servir de baromètres pour mesurer périodiquement le niveau de bien-être de leurs collaborateurs. Les managers doivent aussi se former à la prévention des risques psychosociaux et évaluer ces derniers par le biais du document unique d’évaluation des risques professionnels (DUERP).

En cas de détresse avérée, il est crucial que le salarié consulte son médecin. « Il s’agit d’accompagner des individus fortement affectés par une situation ou un évènement et dont l’équilibre psychique est menacé », explique Margaux Gelin. La prévention dite « tertiaire » intervient pour soutenir ceux dont la santé mentale a déjà été impactée par des situations stressantes au travail.

L’association La Maison Perchée joue un rôle actif dans la destigmatisation des handicaps psychiques dans le milieu professionnel. Victoria Leroy, co-fondatrice, précise : « Notre objectif est de libérer la parole sur la santé mentale et d’apporter une meilleure inclusion des personnes porteuses de handicaps psychiques, souvent invisibles ».

Pour faire face à cet enjeu, Harmonie Mutuelle a organisé, le 18 juin dernier, une Agora mutualiste consacrée à la santé mentale au travail, sous le thème « Santé mentale au travail : l’impact (in)visible ».

Cet événement a réuni plusieurs experts dans le domaine de la santé mentale et du bien-être au travail. Parmi eux figurent Margaux Gelin, qui a partagé son expertise sur les interventions psychologiques efficaces au travail et Victoria Leroy, qui a mis en lumière les défis liés à la destigmatisation des troubles psychiques. Jean-Luc Douillard, psychologue clinicien et co-fondateur d’APESA France, Emilie Leclercq, assistante sociale chez Harmonie Mutuelle, Olivier Milcamps et Magali Ollier, également d’Harmonie Mutuelle, ont également approfondi la compréhension de l’impact souvent invisible de la santé mentale sur le milieu professionnel, ainsi que les solutions pour y faire face.

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