Le modèle de santé Français à la loupe : perceptions, défis

La récente étude réalisée par OpinionWay pour deuxiemeavis.fr offre un aperçu détaillé sur la perception et les défis du modèle de santé français.

S’intitulant « Se protéger pour se projeter », cette étude dresse un tableau nuancé des attitudes des Français vis-à-vis de leur système de santé, souvent qualifié d’unique mais confronté à des défis croissants.

Appréciation et attentes

Selon l’enquête, 75 % des Français estiment que le modèle français de santé est exceptionnel, principalement en raison de son faible reste à charge pour les utilisateurs. Cette admiration est encore plus prononcée chez les jeunes, avec 81 % des 18-24 ans qui valorisent ce modèle.

« Ce sont les plus jeunes et les plus diplômés, sans doute ceux qui voyagent le plus, qui mesurent davantage les bienfaits de cette spécificité française. », analyse Ronan Chastellier, sociologue et maître de conférences à l’Institut d’Études Politiques de Paris.

Parallèlement, un grand nombre de répondants, 79 % pour être précis, souhaitent plus de transparence sur les coûts réels des soins. Chez les plus de 65 ans, ce chiffre grimpe à 86% contre 66% des jeunes avec des proportions à peu près équivalentes qu’ils soient inactifs, CSP- ou CSP+.

« Il n’est pas étonnant que les Français souhaitent connaître les coûts réels, cela est même légitime de vouloir plus de transparence. Depuis plusieurs années, ils entendent parler des difficultés du système de santé, du trou de la Sécurité Sociale, des coupes budgétaires, de la crise des hôpitaux… Cela les alerte à juste titre. Cette prise de conscience doit permettre enfin une plus grande transparence sur les coûts réels liés aux soins. », estime Pauline d’Orgeval, présidente et cofondatrice de deuxiemeavis.fr, un service qui permet aux patients et à leur médecin d’accéder rapidement à un très haut niveau d’expertise médicale en cas de problème de santé sérieux ou complexe.

Une confrontation aux limites

Le modèle français n’est toutefois pas sans défis. La récente augmentation de la franchise médicale est vue par 54 % comme un mal nécessaire pour préserver le système de santé. Les plus jeunes, en particulier, trouvent cette mesure logique (65 %).

« Pour faire perdurer notre système de santé, le risque d’une fin de ce modèle étant plus perceptible dans l’opinion publique. En revanche, 46% des Français pensent que ce n’est pas aux patients de payer et ressentent la hausse de la franchise comme une brimade voire une logique délirante d’un système qui les protège de moins en moins. Le doublement du prix touche pour eux au symbole et c’est aussi un effort financier supplémentaire dans un contexte d’inflation et de perte du pouvoir d’achat. » explique Ronan Chastellier.

En outre, la majorité des Français (66 %) estiment que les mutuelles devraient compenser le déremboursement croissant de la Sécurité Sociale, opinion partagée par 82 % des 18-24 ans.

« Pour une majorité de Français, en matière de financement du système de santé, il n’y a pas de miracle ou d’argent magique. C’est l’Etat ou les mutuelles qui peuvent pallier le déremboursement croissant. Il s’agit donc d’un transfert de charge et c’est indirectement les assurés sociaux qui vont payer pour un financement durable de la protection sociale. », décrypte Ronan Chastellier.

Un impact financier direct

La réalité financière pose aussi des problèmes concrets. Environ 41 % des Français ont renoncé à des soins pour des raisons économiques, les soins dentaires et optiques étant les plus souvent sacrifiés. Cette situation expose non seulement les difficultés financières individuelles mais souligne aussi la nécessité d’une réforme plus profonde pour maintenir l’accès aux soins essentiels.

« Les Français renoncent d’abord à ce qui leur semble le moins dommageable pour leur santé, à savoir ici les soins dentaires et optiques. Réputés coûteux, l’optique et le dentaire sont en effet encore assez mal pris en charge, malgré un meilleur remboursement de la part de l’Assurance Maladie et des mutuelles. De manière générale, il faut aller vers plus de prévention et, en attendant que ce soit suffisamment pris en charge, c’est aussi aux Français d’accorder encore plus d’importance à ce qui est déjà accessible et proposé. », conclut Pauline d’Orgeval.

Fierté et préoccupations face au modèle de santé Français

Cette enquête met en lumière le respect profond mais aussi les inquiétudes significatives que suscite le modèle de santé francais. Elle révèle un mélange de fierté nationale et de préoccupations pragmatiques qui doivent être adressées pour garantir la pérennité du système.

À l’approche des élections, ces données pourraient influencer les politiques de santé et inciter à une réflexion stratégique sur l’avenir de la santé en France.

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