Changement climatique et secteur du bâtiment : un besoin urgent d’adaptation
Une étude récente réalisée par l’Observatoire de l’Immobilier Durable (OID) et l’Institut de l’Économie pour le Climat (I4CE) révèle les menaces grandissantes que le changement climatique pose au secteur du bâtiment en France.
L’étude met en lumière la nécessité d’une action rapide pour adapter et atténuer les effets du changement climatique sur les infrastructures. La Loi Climat et Résilience répond-t-elle à ce besoin urgent d’adaptation ?
Impact climatique sur le secteur du bâtiment
L’année 2023 a été enregistrée comme la plus chaude depuis le début de l’ère préindustrielle, avec une anomalie de température globale moyenne de +1,45 °C. Cette tendance se poursuit en 2024, posant des défis sans précédent pour le bâtiment.
Le rapport de l’OID et de l’I4CE décrit des conséquences comme l’inconfort thermique accru et les risques d’inhabitabilité. Ces risques sont notamment dus à l’augmentation des fissures et des endommagements structurels à la suite de la sécheresse et au phénomène de retrait-gonflement des argiles.
La France face à un réchauffement de +4°C
Selon les projections, un scénario de réchauffement de +4°C pourrait entraîner des conséquences dramatiques sur l’ensemble du territoire français. La majorité du pays serait extrêmement vulnérable aux vagues de chaleur, tandis que les sécheresses plus fréquentes et plus intenses exacerbent les problèmes de retrait-gonflement des argiles, affectant deux tiers du territoire.
Par ailleurs, une augmentation de l’exposition aux feux de forêt et à des inondations intenses est également anticipée, avec des impacts significatifs sur la sécurité et la qualité de vie des populations.
Appel à l’action de l’OID : adaptation et atténuation
Face à ces risques, l’étude souligne l’urgence d’adapter le secteur du bâtiment aux réalités du changement climatique. Et en ce sens, Cristhian Molina, chef de projets à l’OID, insiste :
» Il est impératif que le secteur du bâtiment intègre des stratégies d’adaptation pour faire face aux impacts du changement climatique, qui sont déjà une réalité incontournable, Il est crucial comprendre les risques, anticiper les impacts et adapter le bâtiment »
Il est également indispensable d’accélérer les efforts d’atténuation pour limiter le réchauffement global et éviter les scénarios les plus catastrophiques.
Outils et initiatives pour le futur
C’est pourquoi l’OID développe l’outil Bat-ADAPT, une aide à la décision pour réaliser des analyses de résilience climatique des bâtiments. Ce type d’outil représente une avancée significative pour évaluer les risques et planifier les adaptations nécessaires dans la construction et la rénovation des bâtiments.
Car, les résultats de cette étude nationale sont de cri d’alarme pour le secteur du bâtiment, illustrant non seulement les défis immédiats mais aussi l’importance d’une planification à long terme. Les décideurs, les constructeurs et les propriétaires doivent agir sans délai pour rendre les structures existantes et futures plus résilientes face à un climat en mutation rapide.
En intégrant des pratiques durables et en renforçant les politiques d’adaptation et d’atténuation, la France peut espérer limiter les effets dévastateurs du changement climatique sur son patrimoine bâti.
Impact de la Loi Climat et Résilience sur le secteur du bâtiment
Mais l’urgence climatique exige également des réponses législatives fortes, et la loi n°2021-1104, promulguée le 22 août 2021, constitue un jalon important dans cette démarche.
En effet, la loi Climat et Résilience couvre un large éventail de mesures écologiques visant à intégrer la durabilité dans tous les aspects de la vie quotidienne des Français, de la consommation aux déplacements, en passant par le logement.
Les obligations pour le secteur immobilier
Parmi les dispositions les plus significatives pour le secteur du bâtiment, la loi a introduit l’obligation de réaliser un diagnostic de performance énergétique collectif (DPE) pour toutes les copropriétés dont le permis de construire a été déposé avant le 1er janvier 2013.
Ce diagnostic, qui doit être renouvelé tous les dix ans, évalue la quantité d’énergie consommée ou estimée de l’immeuble, ses émissions de gaz à effet de serre, et propose des recommandations pour améliorer sa performance énergétique et environnementale.
Calendrier d’application et responsabilités
La mise en œuvre de ce diagnostic est échelonnée jusqu’en 2026, avec des délais spécifiques en fonction de la taille de la copropriété. Cette mesure n’impose pas directement de responsabilités au syndic, sauf si celui-ci reçoit une délégation du syndicat des copropriétaires.
En effet, c’est à l’assemblée générale de décider de la réalisation du DPE, et le syndic doit fournir les informations nécessaires pour établir ce diagnostic.
Implications de la Loi sur les projets de rénovation
En s’appuyant sur l’étude de l’OID et de l’I4CE, il est clair que la loi Climat et Résilience est directement alignée avec les besoins urgents d’adaptation et d’atténuation identifiés dans le secteur du bâtiment.
Les diagnostics de performance énergétique collectifs encouragent non seulement la réduction des émissions mais également l’adaptation des bâtiments aux conditions climatiques futures, contribuant ainsi à la résilience globale des infrastructures immobilières face aux changements climatiques.
La loi Climat et Résilience : un pas vers l’adaptation
L’intégration des exigences de la loi Climat et Résilience dans les stratégies de gestion des bâtiments est donc un pas essentiel vers une adaptation proactive et une atténuation efficace des impacts du changement climatique sur le secteur du bâtiment en France.
Ces mesures législatives ne se contentent pas de répondre à l’urgence climatique actuelle ; elles préparent également le terrain pour un avenir où les bâtiments ne sont pas seulement moins vulnérables aux aléas climatiques, mais aussi acteurs de la réduction des émissions de gaz à effet de serre, conformément aux objectifs nationaux et internationaux de développement durable.