Baromètre de l’observatoire de la protection : les Français plus vulnérables en 2024
Lancé en 2021, le baromètre annuel de l’Observatoire de la Protection des Français du groupe d’assureurs mutualistes Aéma, vise à évaluer les inquiétudes et les besoins des Français en matière de protection.
Cette troisième édition, réalisée en novembre 2023 en partenariat avec l’IFOP, a sondé 3007 personnes représentatives de la population française. En parallèle, une enquête spécifique coïncidant avec les élections européennes et réalisée dans cinq pays européens auprès de 1500 individus, a mis l’accent sur la culture de la prévention en Europe.
Les Français se sentent moins protégés
Les données recueillies dans ce baromètre 2024 révèlent une baisse du sentiment de protection face aux risques pour les Français et leurs proches.
En effet, avec une note moyenne de 5,8/10 contre 6/10 en 2021, on voit croître un sentiment de vulnérabilité. 20% des sondés se considèrent même comme « mal protégés ».
La santé et le vieillissement, principales sources de stress en France
La santé physique est identifiée par 34% des Français comme la principale source d’inquiétude tant pour eux-mêmes que pour leurs proches. Mais cette préoccupation dominante s’accentue avec les défis posés par le vieillissement démographique.
En effet, l’édition 2024 du baromètre de l’Observatoire de la Protection des Français révèle une augmentation notable des craintes liées à la dépendance et à la perte d’autonomie, avec une hausse respective de 11 points et 8 points par rapport à 2022. Actuellement, un Français sur quatre (26%) pointe la dépendance et la perte d’autonomie comme les principales sources d’appréhension et de stress.
Et, ces préoccupations sont exacerbées par d’autres aspects du vieillissement tels que les questions de retraite, le décès et la gestion de la dépendance. Collectivement, ces sujets liés au vieillissement représentent 59% des sources de stress citées, marquant une augmentation de 7 points par rapport à l’année précédente. Cette tendance met en lumière le besoin croissant d’un soutien et d’un accompagnement adaptés pour faire face aux réalités du vieillissement, soulignant l’urgence de développer des politiques et des services qui répondent efficacement à ces enjeux majeurs.
Le pouvoir d’achat : une préoccupation persistante
Le pouvoir d’achat demeure préoccupation sociétale pour près de la moitié des Français (43%) : une tendance qui reste inchangée pour la troisième année consécutive. Cette inquiétude s’étend également au niveau personnel, où 31% des sondés le citent comme la deuxième source principale de stress pour eux-mêmes et leurs proches.
L’année 2023 a vu une inflation sans précédent, exacerbée par les répercussions économiques de la pandémie de Covid-19 et par l’escalade des coûts de l’énergie à la suite du conflit en Ukraine. Face à ces défis, un tiers des Français (31%) exprime une forte anxiété quant à la préservation de leur pouvoir d’achat, et 27% des répondants indiquent le besoin de recevoir plus de soutien dans ce domaine.
En parallèle, le changement climatique reste une préoccupation significative, se plaçant en deuxième position. L’instabilité géopolitique globale, incluant les conflits internationaux et la sécurité nationale, influence également les préoccupations des Français, avec une augmentation notable de 7 points, atteignant 25% en comparaison à l’année précédente. Cette conjoncture complexe met en lumière l’importance croissante de l’élaboration de politiques économiques et sociales robustes pour répondre aux inquiétudes actuelles et futures des citoyens français.
Les jeunes expriment une inquiétude croissante pour leur protection
Le sentiment de sécurité parmi les jeunes âgés de 18 à 24 ans est alarmant, avec une perception de protection inférieure à celle de l’ensemble des Français. Cette tranche d’âge attribue la note la plus basse de toutes les catégories, soit 5,5 sur 10, comparativement à la moyenne nationale de 5,8. Depuis deux ans, c’est précisément chez les jeunes adultes que le sentiment de vulnérabilité est le plus prononcé. En effet, en 2023, près de 29% des 18-24 ans se sentent très mal protégés, un taux supérieur de 9% à la moyenne nationale qui est de 20%.
La santé mentale, auparavant moins prédominante, est devenue la principale source d’appréhension et de stress pour les jeunes, tant pour eux-mêmes que pour leurs proches. Ce sujet a gravi les échelons pour occuper la première place des préoccupations en 2023, ayant été classé troisième en 2021.
Cette montée en prééminence de la santé mentale reflète une prise de conscience accrue des défis psychologiques auxquels sont confrontés les jeunes aujourd’hui. Cette situation souligne l’urgence de mettre en place des mesures de soutien adaptées pour répondre aux besoins spécifiques de cette jeune population, qui signale clairement un besoin accru de protection et de soutien dans un contexte de plus en plus incertain.
La prévention : un concept encore flou
En France, la notion de prévention semble moins bien maîtrisée qu’ailleurs en Europe. En effet, plus de la moitié des Français (56%) déclarent avoir une perception « plutôt moyenne » de ce concept. Cette appréciation contraste fortement avec celle d’autres pays européens où une grande partie de la population estime très bien comprendre la prévention. En France, la prévention est principalement associée aux questions de santé, un phénomène qui est également observé dans d’autres nations européennes.
Pour autant, le rapport des Français à la prévention santé est assez restrictif, un tiers (34%) réduisant cette notion à des consultations médicales régulières et des bilans de santé. En vue de leur vieillissement, près d’un Français sur deux (45%) prête attention à son hygiène de vie, tandis que 21% reportent toute préparation à plus tard et 20% préfèrent ne pas y penser du tout.
Les obstacles majeurs à l’adoption d’une culture de la prévention incluent la difficulté à modifier des habitudes bien ancrées (27% des répondants) et les coûts associés à la mise en œuvre de mesures préventives (20%). Le manque d’information sur les risques et les méthodes de prévention reste également un frein pour 17% des Français.
Cependant, un signe encourageant émerge : près de la moitié des Français (46%) se montrent prêts à s’investir financièrement et personnellement dans la prévention des risques de santé. Les domaines où cette volonté d’investissement est la plus marquée concernent les risques domestiques (30%) et climatiques (28%), illustrant une prise de conscience croissante des enjeux préventifs dans divers aspects de la vie quotidienne.
Les assureurs mutualistes, acteurs clés plébiscités par les Français
Les Français continuent de favoriser les assureurs mutualistes pour leur protection, les préférant nettement aux assureurs traditionnels et aux banques. Ce choix souligne le rôle crucial des assureurs dans l’accompagnement et la prévention des risques pour les citoyens. Les Français attendent des assureurs qu’ils soient des « porteurs de changement », en particulier dans les domaines de l’accès aux soins médicaux (26%) et les enjeux liés à la dépendance et à la perte d’autonomie (24%).
Dans un scénario où les ressources financières seraient limitées, les Français expriment une forte préférence pour maintenir leurs couvertures d’assurance essentielles. Ainsi, 89% des sondés placent l’assurance santé et la mutuelle dans leur top trois des protections à préserver, suivie de l’assurance habitation (84%) et de l’assurance automobile (62%).
Les assureurs mutualistes sont perçus par près d’un quart des Français (24%) comme les acteurs qui leur apportent le plus de sécurité face aux risques les plus préoccupants. Cette confiance est renforcée par l’absence de recherche de profit (48%) et l’indépendance vis-à-vis des intérêts financiers privés (41%) attribuées à ces assureurs.
Dans un contexte de transformations sociétales majeures, les solutions durables et collectives portées par les valeurs de solidarité et mutualistes gagnent en popularité. Cela se reflète dans l’augmentation de l’indice de confiance envers les assureurs mutualistes, qui a grimpé de 4 points en trois ans, passant de 56% à 60%. Ce taux de confiance surpasse celui des assureurs traditionnels (48%) et des banques (42%), témoignant d’un soutien accru pour un modèle d’assurance plus éthique et orienté vers le bien-être commun.
Zoom sur les préoccupations en Europe
Cette année, le baromètre s’est enrichi d’une étude réalisée auprès de 1500 personnes dans cinq pays européens : l’Allemagne, l’Italie, la Pologne, le Royaume-Uni et la Suède
La prévention en Europe
En matière de prévention, les résultats montrent un contraste significatif entre la France et ces pays. Alors que 56% des Français affirment avoir une compréhension « plutôt moyenne » de la prévention, une majorité de citoyens dans les autres pays européens sondés indique une meilleure appréhension de cette notion : 70% des Italiens, 64% des Polonais, et 62% des Allemands se disent très à l’aise avec le concept de prévention. Cependant, malgré cette meilleure compréhension, l’adoption active de mesures préventives reste modérée, aussi bien en France qu’ailleurs en Europe.
Santé : une priorité partagée
La santé, qu’elle soit physique ou mentale, figure parmi les trois principales préoccupations pour les citoyens des six pays européens étudiés, y compris la France. Cette préoccupation majeure englobe une grande part de la notion de prévention pour les répondants, illustrant l’importance accordée aux enjeux de santé dans la perception générale de la prévention.
Changement climatique et pouvoir d’achat
Le changement climatique est également une préoccupation majeure pour les Européens qui se montrent tous prêts à investir dans des mesures préventives pour y faire face, à l’exception notable de la Pologne. En revanche, le pouvoir d’achat se distingue comme une préoccupation particulièrement saillante pour les Français comparativement à leurs voisins européens. En France, 43% des personnes interrogées placent le pouvoir d’achat comme un enjeu majeur, tandis que cet aspect est beaucoup moins prégnant en Italie (17%), en Allemagne (9%), et encore moins dans les autres pays étudiés. Ce focus sur le pouvoir d’achat reflète une préoccupation unique en France vis-à-vis de la sécurité financière dans un contexte européen où d’autres sujets semblent prévaloir.
La protection et la prévention à travers le prisme français et européen
En résumé, l’ensemble des données traitées dans ce baromètre 2024 révèle une prise de conscience croissante mais diversement répartie, en France comme en Europe. Les Français montrent, tout particulièrement, une sensibilité accrue aux enjeux de pouvoir d’achat et de santé. Une spécificité nationale dans un contexte européen où ces préoccupations varient significativement. La santé mentale quant à elle émerge comme un champ de préoccupation majeur, surtout parmi les jeunes. Un élément qui met en évidence la nécessité d’une attention renforcée à cette dimension de la vie sociale.
Malgré une bonne compréhension de sa définition, la prévention reste un concept à approfondir et à intégrer plus activement dans les politiques publiques et les stratégies d’entreprise. Les assureurs mutualistes, particulièrement en France, sont vus comme des acteurs clés, offrant une protection fiable contre divers risques. Cette donnée reflète un mouvement vers des solutions plus éthiques et solidaires dans le domaine de l’assurance.
Les résultats de ce baromètre soulignent donc l’importance d’adapter les politiques de santé et de protection sociale pour répondre aux besoins spécifiques de chaque population. Tout en prenant en compte les particularités culturelles et économiques qui influencent la perception et la gestion des risques.
La collaboration entre pays, ainsi que la diffusion d’informations et de bonnes pratiques, pourraient être des leviers efficaces pour améliorer la prévention et la protection à une échelle plus large. Ainsi, cela favoriserait un avenir où la sécurité et le bien-être des citoyens sont au cœur des préoccupations nationales et internationales.