Un net renforcement des risques économiques, climatiques et numériques : la société du risque s’installe
En 2023, le risque économique a changé d’échelle en raison du ralentissement de l’activité : la croissance mondiale s’est établie à +3,1 %, après +3,5 % en 2022 et +6,3 % en 2021. Hormis les États-Unis, un grand nombre d’économies avancées ont vu leur activité ralentir sensiblement.
En France, la croissance du PIB a été de 0,9 % en 2023 après 2,5 % en 2022. Ce contexte macroéconomique et financier difficile a pesé sur les flux de placements financiers des Français, en recul de 38 milliards d’euros sur un an.
En 2023, le risque climatique a également changé d’échelle : la sinistralité climatique s’accroît, aussi bien en fréquence qu’en sévérité. Le monde n’a jamais enregistré autant de sinistres climatiques graves (37 en 2023 contre 30 en 2020, le précédent record). En France, les sinistres liés au climat ont coûté 6,5 milliards d’euros en 2023, devenant ainsi la troisième année la plus coûteuse pour la profession. Sur les 4 dernières années, la sinistralité climatique atteint en moyenne 6 milliards d’euros par an, largement supérieure à celle de la décennie précédente. Enfin, le dérèglement climatique s’aggrave plus vite que prévu : sur cette même période 2020-2023, le coût des sinistres climatiques pour les assureurs est supérieur de 18 % à la prévision établie par France Assureurs en 2021 à l’horizon 2050.
Le risque numérique est lui aussi devenu une préoccupation majeure pour les ménages, les entreprises et les organisations. En effet, le nombre de cyberattaques est à la hausse : deux tiers des entreprises attaquées ont enregistré un impact sur leur activité.
Face à cette société du risque, les assureurs s’adaptent pour assumer pleinement leur rôle sociétal
Les assureurs ont géré, en 2023, 1 nouveau sinistre toutes les 2 secondes, soit près de 38 000 nouveaux sinistres chaque jour ou encore 14 millions sur l’année. Ils constatent que l’inflation continue de peser sur le coût des sinistres matériels auto, tandis que, après 15 ans de baisse, le vol de voitures a connu une nette accélération en 2023 (+11 % par rapport à 2022). L’année 2023 a aussi été marquée par une inflation élevée du coût des matériaux conduisant le coût moyen en incendie sur 10 ans à augmenter deux fois plus vite que la baisse de fréquence. En dégâts des eaux, à la fois le coût moyen et la fréquence ont fortement augmenté en 2023.
Sur 10 ans, les indemnisations des dégâts des eaux ont augmenté de +41 %. En assurance des professionnels et des entreprises, la sinistralité s’aggrave depuis 5 ans et a augmenté de +11 % en 2023, du fait d’un niveau inédit de la charge des sinistres graves qui résulte en partie des émeutes de l’été 2023.
En 2023, le coût des émeutes urbaines du début de l’été a atteint 793 millions d’euros, soit plus de trois fois le coût des mouvements sociaux de 2005 et de 2018. En santé et prévoyance, les prestations continuent d’augmenter, illustrant là encore le changement d’échelle des risques. Par exemple, le nombre de jours d’arrêts de travail a explosé : il reste supérieur de 24 % à son niveau d’avant la crise sanitaire.
En 2023, l’assurance vie a démontré toute sa résilience, avec des cotisations qui dépassent pour la première fois le seuil des 150 milliards d’euros et une part en unités de compte (UC) qui atteint un niveau historique de 41 %. Dans un environnement difficile, l’assurance vie conserve sa part de marché au sein des principaux placement financiers. Les assureurs sont des investisseurs clés du pays avec 2 552 milliards d’euros de placements (dont 89 % proviennent des assureurs vie), investis à 64 % dans les entreprises.
Face à ces évolutions du marché, les assureurs s’adaptent et assument pleinement leur rôle sociétal. Par exemple, la réforme agricole porte ses fruits : les surfaces assurées augmentent de 33 % en 2023. Autre exemple, en supprimant la carte verte, les assureurs contribuent à simplifier la vie des assurés auto et luttent contre la non-assurance.
On n’a jamais eu autant besoin d’assurance : pour une France assurable, les assureurs font des propositions.
La montée des risques pose la question des conditions de l’assurabilité et la prévention joue un rôle clé. C’est pour cela que les assureurs souhaitent coconstruire avec les pouvoirs publics une stratégie nationale de prévention englobant l’ensemble des risques.
Face au risque numérique, France Assureurs propose par exemple d’inclure dans le parcours scolaire de tous les jeunes Français un module de sensibilisation au cyberharcèlement.
Face au risque de dépendance liée à l’âge, pour mieux protéger les personnes dépendantes et leur famille, France Assureurs propose la création d’une garantie dépendance pour tous les Français, coconstruite avec la Fédération Nationale de la Mutualité Française (FNMF).
Florence LUSTMAN, présidente de France Assureurs : « Nous assistons à un changement d’échelle des risques économiques, climatiques et numériques, auxquels les Français sont confrontés, à la fois en termes d’intensité et de fréquence. La « société du risque » s’installe et les assureurs sont des partenaires indispensables des entreprises comme des particuliers. Face à ce constat, nous avons lancé de nombreux projets, dont l’« Initiative Sécheresse », visant à mieux protéger les maisons individuelles face aux dommages liés à la sécheresse. Nous devons maintenant aller plus loin et coconstruire avec les pouvoirs publics une véritable stratégie nationale de prévention des risques. »
Retrouvez ici le bilan 2023 – Pour une France assurable Pour une France assurable – France Assureurs