À l’occasion de la dernière Semaine européenne pour l’emploi des personnes handicapées (SEEPH), France Mutuelle a mis en place, sur trois semaines, différentes actions pour sensibiliser, informer et agir sur l’employabilité des personnes en situation de handicap.
Nous nous sommes entretenus avec Emmanuelle SERPAGGI, Directrice des Ressources Humaines et de la Communication Interne, Horace BOURGY, Directeur Marketing et Commercial, et enfin, Victoria VIDAL, référente Diversité, Inclusion, Handicap et Qualité de Vie de France Mutuelle.
Enola GAMBEY : Tout d’abord, quelles ont été vos motivations pour participer à la SEEPH ?
Victoria VIDAL : La semaine européenne, c’est une semaine incontournable sur le sujet du handicap, parce que c’est vraiment un moment clé qu’il faut saisir pour pouvoir sensibiliser les collaborateurs. Et puis, comme je suis arrivée en septembre, c’était aussi l’occasion de pouvoir faire une première action de sensibilisation, de présenter à quoi sert le pôle diversité handicap et de pouvoir avoir ce premier contact avec les salariés.
Pouvez-vous me parler un peu plus en détails des actions qui ont été mises en place ?
VD : Le premier atelier a été une action de sensibilisation sur « qu’est-ce que c’est que le handicap » et sur les différentes typologies de handicap, que j’ai animé. Parce que quand on parle de handicap, on imagine souvent la personne en fauteuil roulant ou avec la canne blanche. Mais finalement, qu’est-ce que c’est réellement ? Que sont les 80 % de handicaps invisibles, les maladies invalidantes ?
On a pu exposer à quoi sert la mission handicap pour ces collaborateurs, qui pourraient éventuellement être concernés. Ça a aussi permis de délier les langues, de pouvoir casser les préjugés, pouvoir leur permettre de se poser des questions, de me les poser et de leur répondre en direct.
La deuxième action, c’était un jeu de loi XXL proposé par l’Agefiph. L’idée était que ce ne soit pas une présentation plénière. On voulait les mettre en action autour d’un jeu pendant lequel ils puissent s’interroger sur leurs représentations du handicap et se questionner les uns les autres.
Sur la deuxième semaine, il y a eu l’intervention de Vincent Boury, qui est multi médaillé paralympique et qui est intervenu sur les sujets de la résilience, l’optimisme et la performance. C’était un témoignage. Il a parlé de lui, de sa vie, comment est-ce qu’il était devenu personne en situation de handicap, qu’est-ce que ça avait suscité chez-lui comme émotion… Pour montrer que la résilience, c’est dans toutes les situations. Ça peut être dans le cadre du handicap, mais ça peut être également dans le cadre du travail, dans le cadre d’une maladie ou n’importe quelle épreuve que l’on peut passer au cours de sa vie.
Il y a une dernière action qui va avoir lieu. On a proposé de faire remporter des massages, par le biais d’un tirage au sort. Ces massages sont prodigués par des personnes en situation de handicap qui travaillent dans une entreprise adaptée de la région parisienne. On a seize collaborateurs qui vont pouvoir en profiter.
L’idée à travers ces différentes activités, c’était d’avoir un côté « formation, sensibilisation », très intellectuel ; une partie « jeu », ludique ; le « témoignage » pour le côté émotionnel ; et puis le « bien-être du corps », avec le massage. On a proposé un 360° qui semble être apprécié.
Avez-vous déjà eu des retours particuliers, de la part de vos collaborateurs, suite à ces actions ?
VD : Il y a eu des collaborateurs, concernés par certaines affections, qui sont venus me voir pour qu’on en parle et pour savoir si je pouvais les accompagner d’une façon ou d’une autre. Pour certaines personnes, ça va découler vers, peut-être, une reconnaissance de travailleurs handicapés pour pouvoir mettre en place des actions. Pour d’autres, c’est plutôt un échange pour avoir connaissance de cette problématique et me permettre de me montrer présente par la suite.
Emmanuelle SERPAGGI : On a suscité l’intérêt et l’émotion aussi, notamment avec l’intervention de Vincent. Et c’est devenu un sujet de conversation, en tout cas pendant cette période-là, ce qui n’était probablement pas le cas de manière aussi libérée, jusqu’ici. Donc, c’est déjà une énorme victoire qu’on puisse discuter de ces sujets-là.
Horace BOURGY : Puis, on voit que ça a bien pris auprès des collaborateurs, parce qu’on a largement dépassé le temps initial de l’Atelier. Ça prouve bien qu’une action de sensibilisation de ce type a beaucoup d’impact en interne sur les collaborateurs.
Est-ce que, au quotidien, chez France Mutuelle, il y a des choses qui ont été mises en place, qui incluent la sensibilisation à l’employabilité des personnes en situation de handicap ?
VD : Certains de nos services s’appliquent depuis déjà plusieurs années à faire des achats responsables auprès du secteur protégé, donc des entreprises adaptées ou des ESAT. Et ça, on voudrait le pérenniser pour tous les services.
C’est un sujet qui est en discussion pour savoir comment est-ce qu’on peut faire pour rendre la pratique plus systématique.
On avait participé à un forum de recrutement à destination des travailleurs en situation de handicap et on s’est lancé, avec l’Agefiph, dans un diagnostic-action qui va permettre de répertorier tout ce qu’on fait déjà.
On accompagne déjà nos collaborateurs, soit sur l’aménagement du temps de travail, soit sur des aménagements du poste, mais ce sont des choses que l’on fait de façon naturelle et qu’on ne formalise pas. L’idée c’est de le formaliser, le valoriser et le communiquer aux salariés pour qu’ils aient conscience de pouvoir nous demander ce type d’aménagement.
Il y aura aussi, très certainement, d’autres actions sur le recrutement de travailleurs handicapés.
ES : On a aussi décidé de regarder ce sujet du handicap sous le prisme des salariés aidants. Nous savons que vie d’une personne en situation de handicap peut impacter ceux qui sont en situation d’aidance. On a, depuis plusieurs années, la possibilité de faire du don de jour entre collaborateurs, pour les salariés aidants.
Ce sujet nous est particulièrement sensible, parce qu’on a une moyenne d’âge de 47 ans dans l’entreprise, avec 75 % de femmes, et on sait que les aidants sont plutôt des femmes.
Est-ce que vous pensez que le secteur mutualiste doit être porteur de ces initiatives en faveur de l’inclusion des personnes en situation de handicap ?
ES : Institut de prévoyance mutuelle, c’est-à-dire avec des philosophies de gouvernance partagée, ça me semble évident.
HG : Effectivement, plus que d’autres acteurs de notre secteur, les mutualistes, principalement, ont clairement un rôle à jouer sur ces sujets. À mon sens, on relève des valeurs un peu fondatrices de la mutualité.
VD : On a choisi le secteur d’activité dans lequel on voulait travailler. En tout cas, moi, c’est un choix de travailler dans le secteur des mutuelles. C’est aussi parce que c’est un secteur plus attentif à ce genre de sujet et qui fait de véritables actions.
ES : Et France Mutuelle fait partie des adhérents du groupe de travail de la FNMF sur ce qu’on appelle « le comité Empreinte », qui est le comité de réflexion RSE de la mutualité.