Des médecins prêts à travailler dans un désert médical une semaine par an
Le déficit de professionnels de la santé dans les zones médicalement désertiques en France préoccupe de plus en plus de citoyens et d’organisations. À cet égard, une enquête menée par la Mutuelle d’Assurances du Corps de Santé Français (MACSF) en partenariat avec « Médecins Solidaires » révèle que 64% des médecins généralistes sont prêts à consacrer une semaine par an pour travailler dans ces déserts médicaux, en plus de leur activité principale. Cette volonté ayant pour objectif de garantir un accès aux soins à tous les Français, quelle que soit leur localisation géographique.
Médecins Solidaires et la MACSF veulent convaincre les praticiens
« Médecins Solidaires » est un collectif de médecins généralistes qui propose aux praticiens de venir exercer une semaine dans un centre de santé situé dans une zone médicalement désertique. Deux centres de ce type ont déjà été ouverts en 2022 et 2023 dans la Creuse grâce à l’engagement de ce collectif, qui cherche à étendre son action.
Selon Martial Jardel, médecin généraliste dans la Haute-Vienne et co-fondateur de Médecins Solidaires avec l’association « Bouge Ton Coq » (qui organise des projets pour revitaliser les territoires ruraux), l’objectif est de convaincre 10% des 70 000 médecins généralistes en France d’adhérer au projet. Si 7000 médecins s’engagent à consacrer une semaine par an à cette cause, il serait possible d’ouvrir 150 centres de santé en France, soit en moyenne 1,5 par département.
La MACSF, qui est un assureur mutualiste spécialisé dans la protection du corps médical, a décidé de soutenir cette initiative de Médecins Solidaires en aidant à la promotion du projet et en encourageant les médecins à s’engager pour une pratique médicale « solidaire à temps partagé. »
Ségolène de Dianous, directrice de l’engagement et de l’expérience sociétaire du groupe MACSF, a déclaré : « La solution proposée par Médecins Solidaires a démontré qu’elle permet de maintenir l’accès aux soins dans les régions en déficit médical. Cette démarche est en parfait accord avec la politique de Responsabilité Sociale des Entreprises (RSE) de la MACSF, qui vise à optimiser l’accès aux soins. C’est pourquoi nous souhaitons soutenir Médecins Solidaires dans son expansion. »
Une large majorité de médecins déjà volontaires
L’enquête de la MACSF a interrogé 1600 médecins généralistes en France entre le 15 et le 21 septembre 2023. Parmi les répondants, une très large majorité a donc exprimé leur volonté d’exercer une semaine par an dans un désert médical. Leurs motivations varient, allant de la volonté de faciliter l’accès aux soins à la recherche d’une rémunération supérieure, en passant par le désir d’aider un confrère débordé.
Les résultats de l’enquête montrent que 64% des médecins généralistes seraient prêts à travailler dans un désert médical une semaine par an (37% ont répondu « oui, tout à fait » et 27% ont répondu « plutôt oui »). La principale motivation pour cette démarche est de permettre un meilleur accès aux soins, un objectif partagé par les médecins de tous âges. Les répondants ont également cité leur désir d’aider un confrère surchargé comme une motivation significative.
Les médecins généralistes estiment que cette action devrait rester volontaire et ne devrait pas être rendue obligatoire, quelle que soit la catégorie de médecins concernée (jeunes, libéraux, hospitaliers, retraités ou remplaçants).
La MACSF veut sensibiliser les médecins encore réticents
Bien que cette initiative soit bien accueillie, certains médecins expriment des réserves concernant des contraintes d’organisation liées à leur vie personnelle, particulièrement les jeunes médecins ayant des enfants en bas âge. De plus, des inquiétudes sont soulevées quant à la continuité des soins et au suivi des patients dans ces centres de santé à temps partagé. Cependant, les promoteurs du projet soulignent que l’objectif est également de garantir un suivi à long terme des patients et de ne pas se limiter à des rendez-vous ponctuels.
La MACSF s’est engagée à sensibiliser les médecins à cette initiative et à les encourager à s’impliquer dans ce type d’activité solidaire. Cette démarche s’inscrit dans une tendance croissante à trouver des solutions innovantes pour lutter contre les déserts médicaux en France, tout en encourageant l’entraide et la collaboration au sein de la communauté médicale.