Depuis la crise sanitaire du COVID-19, les salariés en attendent davantage concernant la santé au travail. La loi du 2 août 2021 amplifie la prévention en entreprise et renforce la responsabilité des employeurs.
Néanmoins, bien que mieux encadrée, la relation entre santé et travail demeure un terrain sensible.
Ces dernières années, une certaine philosophie de vie a peu à peu gagné en popularité : « mieux vaut prévenir que guérir ».
La santé, traditionnellement perçue comme une affaire personnelle, est aujourd’hui aussi reliée à la vie professionnelle. Selon une enquête* d’Ipsos pour la société Predilife, 80 % des salariés estiment que leur entreprise devrait leur proposer des bilans de santé pour anticiper les risques de maladies graves. Cette tendance est renforcée par le fait que 79 % des salariés considèrent les actions de l’entreprise en matière de santé comme un facteur déterminant dans leur choix d’employeur.
Budgets et réalité : le fossé entre attentes et actions
Stéphane Ragusa, PDG de Predilife, souligne que la santé doit être davantage intégrée dans la stratégie des entreprises. Actuellement, seules 11 % des actions menées par les décideurs pour le bien-être des salariés concernent directement la santé. Les sujets dominants concernent davantage les conditions de travail, comme les locaux, le matériel et les espaces, ou l’organisation professionnelle, incluant le télétravail et les horaires.
Parmi les actions attendues par les salariés, 80 % manifestent un intérêt pour des bilans de santé/dépistage. Cependant, seulement 1/4 d’entre eux ont accès à des informations sur la prévention de ces maladies. Les décideurs, quant à eux, privilégient davantage des outils de lutte contre le stress et d’évaluation des risques psycho-sociaux, d’accompagnement sur les risques liés à l’alcool et le tabac, ou encore d’encouragement en matière de pratique sportive.
Si les décideurs comme les salariés s’accordent sur l’importance d’avoir un budget dédié à la santé, ils y sont favorables à respectivement 87 % et 95 %, seulement 24 % des entreprises ont effectivement alloué un tel budget.
D’autre part, malgré une telle approbation, la santé en entreprise est encore principalement traitée du point de vue des obligations légales, telles que la médecine du travail, les visites médicales ou le suivi psychologique.
L’équation bien-être, santé et performance
Salariés et décideurs reconnaissent quasi unanimement un lien entre le bien-être, la santé des employés et la performance de l’entreprise. Les salariés évaluent ce lien à 7,6/10 en moyenne, tandis que les décideurs lui donnent 7,5/10. Pour les entreprises comptant plus de 20 % de cadres, cette note monte même à 8,2/10.
Néanmoins, bien que la santé soit essentielle, elle est souvent reléguée au second plan dans la gestion de la performance d’entreprise. 82 % des entreprises surveillent au moins un indicateur, principalement l’absentéisme (54 %) et le turnover (42 %). Seules 27 % suivent le bien-être ou la santé des employés, soit 22 % de toutes les entreprises sondées.
Médecine prédictive : une nouvelle ère pour les entreprises
L’introduction de la médecine prédictive trouve un écho favorable auprès des entreprises et des salariés. 87% des employés et 84% des décideurs pensent que de tels bilans démontrent l’intérêt de l’entreprise pour la santé. Toutefois, une divergence d’opinion se dessine entre salariés et décideurs sur l’effet de ces bilans : 74% des salariés pensent que cela valorise la marque employeur et 78% croient que cela diminue les coûts liés à la santé des collaborateurs, contre respectivement, 51 % et 59 % des décideurs.
« La santé, au-delà du bien-être, est un enjeu majeur qui doit être davantage considéré et intégré dans la stratégie des entreprises. Aujourd’hui, les bilans de santé sont souvent réservés aux dirigeants de grandes sociétés avec des check-up effectués dans quelques centres de la région parisienne. Les résultats de notre enquête montrent que l’ensemble des salariés souhaitent en bénéficier » déclare Stéphane Ragusa, avant d’ajouter : « le lien entre bien-être, santé au travail et performance est établi, avec un alignement des points de vue entre les décideurs et les salariés. »
L’enquête met ainsi en lumière l’importance croissante de la santé des collaborateurs au sein des entreprises. Les actions concrètes des entreprises demeurent néanmoins encore trop majoritairement focalisées sur le bien-être, reléguant la thématique santé au second plan. Il semble donc crucial de sensibiliser les entreprises à l’importance de la santé des collaborateurs.
* Enquête Ipsos pour Predilife menée entre le 24 mars et le 29 avril 2023 auprès de 181 décideurs d’entreprises d’au moins 100 salariés, et de 1000 salariés employés dans une entreprise privée ou semi-publique, avec au moins 50 salariés.