Face à l’urgence climatique, de nombreuses entreprises ont misé sur la compensation carbone volontaire. Pourtant, de nombreuses associations alertent sur ce phénomène, jugés comme étant du « greenwashing ».
Pour rappel, la compensation carbone consiste à financer des projets environnementaux, de réduction ou de séquestration d’émissions de gaz à effet de serre, pour contrebalancer ses propres émissions. Ce phénomène s’inscrit dans une démarche visant à contribuer à l’atteinte de la neutralité carbone, et ainsi réduire son impact sur la planète.
L’assureur Acheel mise sur la compensation carbone
Par exemple, la compagnie d’assurance Acheel a récemment dévoilé son nouveau projet de compensation carbone, labellisé « bas carbone » afin de limiter leur impact sur l’environnement. Après avoir financé un projet de reforestation dans le Loir et Cher, Acheel participe, cette année, au projet d’un exploitant laitier familial situé en Bretagne, afin de compenser ses émissions carbones de 2022.
« Dans un objectif d’allier biodiversité, biologie des sols, réduction de l’impact environnemental et meilleure alimentation des animaux, cet éleveur : la ferme de la Veillerie a décidé de changer son modèle de fonctionnement, ses cultures et l’alimentation de ses bêtes et s’inscrivant dans un projet labellisé bas carbone par le ministère de la transition écologique. », précise l’entreprise.
Mais alors, si la compensation carbone se démocratise de plus en plus du côté des moyennes et grandes entreprises, peut-elle être considérer comme une réelle solution à long-terme ?
Compensation carbone = greenwashing ?
Dans la continuité de l’objectif de neutralité carbone à l’horizon 2050, il est commun de voir des entreprises se mobiliser. Néanmoins, si le phénomène de la compensation carbone semble être la conséquence d’une prise de conscience générale sur la nécessité de limiter le réchauffement climatique ; pour certaines associations, elle n’est qu’un outil de « greenwashing ».
Le risque est que le mécanisme de compensation carbone « encourage très souvent les entreprises à compenser leurs émissions plutôt qu’à les réduire », déplore Greenpeace.
« Au lieu de mettre urgemment en place les mesures nécessaires pour limiter leurs émissions et ainsi lutter véritablement contre le changement climatique, nombre de multinationales mettent en avant dans leurs communications ces projets de compensation soi-disant “verts”, se rachetant ainsi une acceptabilité sociale et détournant l’attention de leurs activités polluantes. », ajoute l’organisme de protection de l’environnement.
En effet, face aux accusations de greenwashing, plusieurs entreprises ont déjà abandonné leur projet de compensation carbone, à l’instar de Nestlé en juin 2023, ou encore d’EasyJet, qui a décidé de se concentrer sur le zéro émission carbone d’ici 2050.
De plus, en janvier 2023, une enquête des journaux The Guardian et Die Zeit, en collaboration avec l’ONG d’investigation SourceMaterial, révélait que la plupart des certificats des crédits carbone validés par l’ONG Verra sont sans valeur et n’ont eu aucun bénéfique climatique. 90 % de « crédits fantômes », parmi lesquels certains ont été accordés à des entreprises telles que Disney ou Gucci.