Stéphanie Boutin, vous êtes membre du Comex Groupe Matmut, en charge des Directions de la RSE et de la Communication et vous co-présidez le Jury des Trophées de l’Assurance 2023. Quelles sont les principales raisons qui vous ont fait accepter notre sollicitation ? Comment avez-vous vécu la réunion du Jury ?
J’ai vécu votre sollicitation avec un grand plaisir et avec curiosité, avant tout. L’assurance est un secteur d’activité qui regorge de personnalités inspirantes et compétentes et je suis donc flattée et fière de cette proposition.
Ensuite, c’est la dimension de responsabilité qui s’impose. Les Trophées de l’assurance ne sont jamais un moment neutre. Ils sont le reflet d’une époque et de la capacité d’innovation de notre secteur.
Modestement, quelle trace veut-on que le palmarès 2023 laisse, à terme ? C’était mon état d’esprit, tout au long des riches échanges et débats que nous avons eus, avec les membres du jury. Un jury impliqué, studieux et très sympathique.
Comment se porte l’innovation dans l’assurance ?
L’assurance, pardon de le formuler de façon aussi triviale, est un domaine « sérieux », car il s’agit avant tout de protéger celles et ceux qui nous font confiance, leur cellule familiale, leurs biens, leur santé… Il est donc très rassurant de constater que les efforts d’innovation des entreprises du secteur portent principalement sur cette dimension de protection et sont donc tout sauf des gadgets ‘’pour se faire plaisir’’.
Egalement, la volonté des assureurs d’œuvrer au service du bien commun transpire, lorsqu’on voit la nature des projets présentés et examinés.
Enfin, si les transformations induites par le digital sont bien entendu prégnantes, je constate que certaines innovations, y compris parmi celles qui sont plébiscitées, ne relèvent pas d’une dimension technologique ou digitale. C’est rassurant de mon point de vue, car encore une fois, il est essentiel que nos innovations ne soient pas uniquement une course en avant technologique mais bien le reflet d’une volonté d’adaptation à des contextes, notamment sociétaux, très changeants. Le lien, la proximité, doivent rester des éléments centraux de notre action.
Pour votre entreprise, quels seront les prochains sujets en termes d’innovation et/ou de transformation ?
Un des piliers du plan stratégique « Plus de Matmut 2021-2023 » s’intitule « Plus d’évolution interne ». Il implique une transformation de fond du système d’information pour offrir plus de souplesse, plus d’adaptabilité, plus de convergence.
Transformation, toujours, avec la pleine pris en compte des nouvelles formes de travail et la mise en œuvre, sur 2023, dans des agences pilote et l’élaboration du concept d’aménagement des établissements recevant des travailleurs (siège social, annexes…).
A noter aussi la création toute récente d’une nouvelle Direction au sein du Groupe Matmut, nommée « Direction du pilotage de la transformation », preuve s’il en est de l’importance de ce sujet de la transformation.
L’innovation n’est pas oubliée, notamment avec Matmut Innovation, notre véhicule d’investissement dans des acteurs ayant une activité liée à la chaîne de valeur du métier d’assureur.
Au sein de notre groupe, un copil innovation, se réunissant régulièrement, nous permet d’approfondir les sujets de disruption.
Je mentionnerai enfin l’innovation produits, les travaux de fond sur la Data… On voit bien à quel point l’innovation est protéiforme. C’est ce qui rend ce sujet aussi passionnant.
Nous vivons dans un environnement très anxiogène : contexte géopolitique, sinistralité climatique, spirale inflationniste, …. Notre secteur subira-t-il de profondes mutations ? Quelles sont selon vous les probables transformations de notre marché ?
Le secteur de l’assurance a d’immenses défis devant lui. La nouvelle donne climatique, vous l’évoquez, est l’enjeu central et il est important d’apporter notre concours, de la façon la plus engagée possible. Nous le devons à celles et ceux qui nous font confiance pour la protection de leurs biens, de leur santé, de leur famille… Mais nous ne sommes pas les seuls acteurs de cette chaîne de protection.
Il s’agit d’une responsabilité collective et ce défi climatique transcende la dimension concurrentielle entre nos maisons. Je précise que l’urgence climatique ne doit pas nous faire oublier l’impact, à court ou moyen terme, sur les assurés et notamment les populations les plus fragiles, des transformations qui nous sont imposées par les enjeux actuels.
Une cérémonie comme celle des Trophées de l’assurance démontre bien à quel point les assureurs sont en capacité d’apporter des solutions, de trouver de nouvelles voies, à la condition de toujours conserver une posture d’écoute attentive vis-à-vis des consommateurs, qu’ils soient particuliers ou professionnels.
Par ailleurs, les problématiques de pouvoir d’achat sont au cœur de l’actualité depuis de nombreux mois, déjà. Pour les acteurs mutualistes, notamment, cela implique la démarche la plus solidaire possible, afin de continuer à fournir la meilleure protection possible, avec un niveau de cotisation acceptable. L’équation est complexe, on le voit bien particulièrement en assurance dommages, compte tenu des charges sinistres, toujours plus importantes, du fait de l’augmentation de la sinistralité climatique et des coûts de la réparation.
Retrouvez et téléchargez le nouveau magazine Dessine-moi l’Assurance #6 du 5/10/2023, vous trouverez également tous les résultats des Trophées de l’Assurance.
Nous remercions chaleureusement l’ensemble des personnes interviewées qui livrent leurs réflexions, leurs convictions, leurs visions : Christophe Bardet, Sonia Barrière, Stéphanie Boutin, Nelly Brossard, Samuel Caux (Marielle Delaunay, Christophe Emprin, Julien Fillaud, Sylvestre Frezal, Lionel Fournier, Marc Haddad Alice Holzman, Karim Irouche, Jean-Manuel Kupiec, Anani Olympio, Jean-Vincent Raymondis, Philippe Simon, Catherine Touvrey, et Damien Weidert.