Les salariés sont exposés à un bruit numérique trop important. E-mails intempestifs, réunionite digitale, hyperconnexion… Une étude* évoque des pistes pour identifier les risques psychosociaux liés à l’infobésité, et limiter le stress au travail.
Avec la crise du Covid, le travail s’est fortement digitalisé. Avec ses avantages, mais aussi ses inconvénients : pour beaucoup, la « collaboration numérique » s’est traduite par un sentiment de surcharge, une perte de sens, un stress accru… Le concept d’ « infobésité » a vu le jour, pour désigner la quantité excessive d’informations à laquelle un salarié est exposé.
Or, cette surcharge informationnelle est délétère, tant pour les individus que pour les organisations : perte de concentration et de productivité, augmentation du stress et de l’anxiété – et des pathologies associées… Pour quantifier ce phénomène, l’Observatoire de l’infobésité et de la collaboration numérique (OICN) diffuse la deuxième édition de son référentiel annuel.
L’objectif de ce référentiel est double : décrypter les usages numériques dans les entreprises pour détecter les risques psychosociaux, et proposer des pistes d’amélioration pour minimiser ce risque. L’étude a été menée sur la base des données collectées par Mailoop, entreprise qui accompagne les organisations dans la prévention des impacts de l’infobésité et l’amélioration de la collaboration numérique. L’échantillon est vaste : 9000 salariés, 58 millions de métadonnées d’emails et 1,7 million de métadonnées de réunions.
Hyperconnexion
Verdict : trop d’e-mails, trop de réunions, pas assez de déconnexion. Plus le niveau de responsabilité augmente dans l’entreprise, plus le bruit numérique est élevé : un collaborateur envoie 29 emails par jour et en reçoit 100 ; un manager en envoie 47 et en reçoit 194 ; un dirigeant en envoie 78 et en reçoit 331 chaque jour. La moitié de ces e-mails reçoivent une réponse en moins d’une heure – notifications obligent.
Résultat : en telle quantité, le courriel génère une « pénibilité numérique », « une incapacité à réaliser le travail prescrit. Il devient un facteur de stress et d’épuisement qu’il faut suivre ». Il diminue le temps de concentration (seules 11h sans envoi d’emails par semaine pour un manager).
La « réunionite » ne s’est pas essoufflée avec la digitalisation du travail. Au contraire : les dirigeants passent en moyenne 11h23 en réunions par semaine (5h42 pour les managers et 2h42 pour les collaborateurs). Avec des tunnels de réunions qui s’enchaînent : 15 % des réunions « ne laissent pas le temps de respirer ».
Au final, près d’un tiers (31 %) des salariés français sont hyperconnectés, et passent au moins 50 soirées reconnectées (envoi de mail professionnel après 20h) par an.
Détecter les risques et augmenter la prévention
« L’infobésité et la collaboration numérique sont à la fois générateurs de risques psychosociaux spécifiques (technostress) mais aussi un moyen innovant d’en détecter les signaux les plus faibles pour développer une véritable culture de la prévention », expliquent les auteurs du référentiel. De fait, la masse d’informations récoltées permet d’avoir une analyse assez précise du degré d’exposition des salariés, ce qui permet de quantifier les risques et de mettre en place des stratégies de prévention.
L’observatoire propose ainsi quelques pistes : définir des seuils pour limiter le nombre d’e-mails par jour, savoir refuser une réunion mal ciblée, couper les notifications de ses appareils, se réserver des créneaux de travail protégés… Des pistes que les assureurs et mutuelles, historiquement engagées dans la prévention, ne peuvent que saluer !
*sur la base des données collectées par Mailoop, entreprise qui accompagne les organisations dans la prévention des impacts de l’infobésité et l’amélioration de la collaboration numérique.