2023 est une année importante dans la lutte des inégalités femmes-hommes. Si les inégalités de genre persistent depuis la nuit des temps, le gouvernement s’est résolu à agir dans un plan interministériel pour l’égalité (2023-2027), en concentrant l’un de ses principaux axes sur la santé des femmes.
Le genre biologique a des conséquences inéluctables sur la santé physique. Pour autant, les diagnostics et prises en charge sont-ils toujours adaptés ?
Une inégalité biologique… Mais aussi dans les diagnostics et prises en charge
Certaines pathologies concernent de manière différentes les femmes et les hommes – si les femmes sont plus touchées par les maladies auto-immunes, les victimes d’hémophilie sont principalement des hommes. « De l’autisme à la polyarthrite rhumatoïde et aux affections cardiovasculaires, de nombreuses maladies présentent des différences marquées entre sexes, dans leur fréquence, leur sévérité ou leurs symptômes », déclarait le professeur David Page, directeur du Whitehead Institute (MIT, Cambridge, Massachusetts) – des propos relayés par Le Monde.
Mais les inégalités femmes-hommes dans la santé se traduisent également dans la prise en charge et la détection de ces pathologies. Les maladies cardiovasculaires en sont le bon exemple puisqu’elles se montrent plus dangereuses pour les femmes et représentent leur première cause de mortalité. En effet, elles sont plus susceptibles de décéder des suites d’un infarctus ou d’un AVC que les hommes. Une situation qui s’explique souvent par un mauvais diagnostic et/ou un défaut de prise en charge.
Car, la médecine a été construite autour du corps masculin. Il y a encore quelques années, les essais cliniques pour mettre en place des thérapies liées aux maladies cardiaques étaient essentiellement effectués sur des hommes. Ainsi, de nombreuses femmes manquent de connaissances sur leurs symptômes. Dans le cas d’un infarctus du myocarde, une étude menée par le service de cardiologie de l’hôpital Lariboisière a montré que les femmes appelaient le SAMU en moyenne 15 minutes plus tard que les hommes.
L’égalité femmes-hommes en santé, un enjeu oublié ?
Bien heureusement, la prise en compte du genre dans la recherche clinique et biomédicale a été marquée par de grands progrès ces dernières années. Mais sont-ils suffisants ?
Parmi les difficultés que rencontrent les femmes : le manque de reconnaissance de certaines pathologies fait également débat, ainsi que leurs prises en charge. En France, plus de 10 % des femmes sont atteintes de l’endométriose. Pour autant, il a fallu attendre 2019 pour qu’un plan national pour former les médecins voit le jour ; et 2022 pour que cette pathologie soit reconnue comme une maladie chronique de longue durée.
Néanmoins, certaines évolutions en matière de santé sexuelle des femmes sont encourageantes pour l’avenir et participent à la lutte contre les inégalités de genre.
Parmi les avancées majeures, la pilule du lendemain peut désormais être donnée en pharmacie, gratuitement et sans ordonnance depuis le 1er janvier 2023. Et, dans son plan pour l’égalité entre les femmes et les hommes, le gouvernement prévoit également un remboursement des préservatifs féminins, jusqu’à 25 ans. À savoir qu’ils sont « 15 fois plus chers que les masculins » malgré une meilleure fiabilité et permettent « aux femmes une liberté et un contrôle total […] et constitue un puissant outil de lutte contre les nouvelles formes de violences sexuelles (« stealthing », ou retrait non consenti du préservatif masculin pendant l’acte sexuel). », indique le gouvernement.
Le secteur de l’Assurance pourrait-il avoir son rôle à jouer ?
Des inégalités sont également à constater dans l’accès à la complémentaire santé. Si la France nous permet une prise en charge en moyenne à 70 % des consultations, analyses ou soins médicaux par la sécurité sociale, les frais restants sont couverts (en partie ou totalité) par une complémentaire santé. Seulement, cet accès reste très inégalitaire et varie selon le milieu social avec une couverture plus désavantageuse pour les personnes les plus défavorisées et inactives. Des situations de précarité qui touchent plus souvent les femmes que les hommes, quel que soit leur âge, et les amènent parfois à renoncer à cette complémentaire santé.
Alors, l’engagement des acteurs de l’assurance est-il à la hauteur de ces enjeux sociétaux ?
Si le secteur se montre de plus en plus engagé dans la lutte des inégalités de genre, l’égalité de santé semble encore un peu oubliées.