Selon une étude d’Allianz sur la culture financière, menée auprès de plus de 1 000 personnes dans 7 pays, la France fait partie des pays développés ayant la moins bonne culture financière. Un constat qui entraîne un véritable manque à gagner pour un grand nombre de Français.
La faible éducation financière des Français
C’est le constat réalisé par Allianz, dans une étude publiée le 27 juillet, sur la culture financière de sept pays occidentaux : la France, donc, mais également l’Allemagne, l’Australie, l’Espagne, l’Italie, le Royaume-Uni et les Etats-Unis.
Ainsi, selon le groupe d’assurances, plus d’un Français sur quatre (soit 26 %) disposerait d’une faible éducation financière. Pour autant, cette proportion est équivalente à celles de l’Allemagne ou du Royaume-Uni et reste dans la moyenne des pays interrogés. Avec près de 32 % des Américains ayant une culture financière basse, les Etats-Unis figurent tout en bas du classement.
Mais la France tend à se rapprocher du mauvais élève américain puisque seulement 1 Français sur 10 aurait une culture financière élevée, soit le plus mauvais résultat des pays interrogés, à égalité avec les Etats-Unis…
De manière générale, l’étude d’Allianz révèle que les Américains présentent un bilan moins bon que celui des Français en matière de culture financière, tandis que l’Italie et l’Espagne font figure de meilleurs élèves.
Une tendance mondiale à la méconnaissance financière
Néanmoins, les différences restent plutôt marginales entre les pays occidentaux et dévoilent une tendance mondiale à la méconnaissance financière. En effet, tous pays confondus, seuls 15 % des participants, en moyenne, ont des connaissances financières élevées. Des résultats qui restent donc assez bas !
Pour faire ressortir cette tendance, l’assureur a posé neuf questions à 1 000 participants de chaque pays, portant sur l’impact de l’inflation, le rendement d’investissements, ou encore, le calcul de taux d’intérêt. Allianz s’est également intéressé aux différences d’éducation financière selon les genres et les résultats sont non négligeables :
Ainsi, en France, seulement 6 % des femmes ont une culture financière élevée, contre 14 % pour les hommes. A contrario, elles sont 29 % à voir des connaissances financières basses, pour 22% des hommes.
Mais il ne s’agit pas d’une tendance uniquement française puisqu’on la retrouve dans tous les pays développés, hormis en Allemagne. En effet, outre-Rhin, seulement 10% des hommes ont une éducation financière élevée, contre 22% de femmes. Selon Allianz, l’explication est culturelle puisqu’en Allemagne on trouve « une part plus importante de femmes déclarées comme les seules décideuses financières dans leur foyer« .
Une méconnaissance qui entraîne un manque à gagner pour les Français
L’étude d’Allianz l’assure : « La différence de rendement entre une culture financière moyenne et élevée est faible. […] En revanche, la différence de rendement annuel entre une culture financière faible et une culture financière moyenne est considérablement plus élevée. »
Ainsi, un Français peu éduqué aux questions financières gagnerait 2 390€ de moins par an qu’un autre citoyen disposant de connaissances plutôt moyennes. Et ce manque à gagner s’élèverait à 2 730€ comparé à un Français très instruit sur le sujet. Cette différence de seulement 340 euros fait dire à Allianz qu’ »il n’est pas nécessaire de devenir un expert de la finance pour atteindre de bons résultats financiers : des connaissances moyennes sont suffisantes« .
« Un trop faible niveau de culture financière peut avoir de lourdes conséquences. En effet, sur de longues périodes d’investissement, à l’instar de l’épargne retraite, ce manque de connaissances peut fortement pénaliser les choix financiers des ménages. Toutefois, rien n’est irréversible : en acquérant des fondamentaux, chacun peut développer un niveau de connaissance suffisant pour optimiser sa gestion financière » déclare Ludovic Subran, économiste en chef du groupe Allianz.
De surcroît, cet écart de revenus selon l’éducation financière en France reste bien plus faible que dans certains autres pays développés :
- Aux Etats-Unis, la différence grimpe à 4 870 euros par an ;
- Au Royaume-Uni, elle est de 3 690 euros ;
- En Australie, elle culmine jusqu’à 5 000 euros.
Selon Allianz, cette différence entre les pays anglo-saxons et la France serait notamment due « au recours généralisé au régime de retraite par capitalisation« , entraînant pour bon nombre d’investisseurs le fait d’avoir « une forte proportion d’actions et d’autres actifs à haut rendement« .
Mais rappelons que depuis 2016, la France s’est dotée d’une « stratégie nationale d’éducation économique, budgétaire et financière [à partir] des principes de haut niveau élaborés par l’OCDE et adoptés par le G20 » visant à combler ces lacunes. Et c’est en ce sens que La Banque de France a été désignée par les pouvoirs publics comme « opérateur national, responsable de la mise en œuvre de la stratégie« .
Les résultats de cette étude sur la culture financière française pourraient donc poser une question : la stratégie nationale adoptée en 2016 est-elle suffisamment efficace ou peine-t-elle à fournir des résultats probants ?