En France, on estime entre 20 000 et 60 000 le nombre de personnes transgenres. Et, ils sont presque tout autant à se lancer dans un laborieux parcours de soins pour aller au bout de leur transition.
Après avoir été l’un des premiers pays à retirer la transidentité de la liste des maladies psychiatriques et troubles mentaux en 2010, la France marque un nouveau progrès significatif pour la lutte contre la discrimination des personnes transgenres. Depuis décembre 2022, le certificat psychiatrique pour la prise en charge médicale des personnes trans, n’est plus obligatoire. Étape considérée comme humiliante, elle facilite désormais l’accès aux soins.
Faire sa transition de genre en France, un parcours du combattant ?
Les soins de transition peuvent être pris en charge par la sécurité sociale, et pour certains à 100% en cas d’accès à l’ALD (affection de longue durée). Selon le rapport relatif à la santé et aux parcours de soins des personnes trans du Ministère des Solidarités et de la Santé, 9 000 personnes en étaient bénéficiaires au titre d’un diagnostic de transidentité ou dysphorie de genre en 2020, dont 3 300 admises cette année-là. Parmi lesquels, 70 % ont entre 18 et 35 ans.
De nombreux soins sont alors pris en charge, comme les traitements hormonaux, les rendez-vous psychiatriques ou encore les opérations telles que la mammectomie, vaginoplastie ou phalloplastie.
Pour autant, chaque année l’accès à l’ALD est refusé à de nombreuses personnes transgenres, avec comme arguments que la demande « n’est pas médicalement justifiée » ou encore qu’il « s’agît d’actes relevant d’une chirurgie esthétique ».
Et, si la France se classe, sans aucun doute, parmi les pays qui accompagne le mieux les personnes dans leur transition de genre, il ne semble pas exister d’assurance qui rembourse les interventions qui ne sont pas prises en charge par le régime public d’assurance maladie.
Et dans le monde ?
Au Canada, face à un constat similaire, plusieurs assureurs ont développé des couvertures pour ces interventions « oubliées » de leur sécurité sociale. Ainsi, Desjardins offre par exemple la possibilité de se faire rembourser la chirurgie de la pomme d’Adam, l’épilation au laser ou encore la greffe de cheveux. « Chez Desjardins, nous croyons que toute intervention médicale peut changer la vie des personnes concernées. C’est pour cette raison que l’affirmation de genre fait désormais partie de notre offre d’assurance collective », déclare Guy Cormier, président et chef de la direction du Mouvement Desjardins.
Mais quand certains pays progressent en matière d’inclusion et de lutte contre les discriminations, d’autres régressent. Depuis 2021, de nombreux Etats américains adoptent des lois restreignant ou interdisant l’accès aux traitements médicaux nécessaires à la transition pour les personnes transgenres, et empêchant leurs remboursements par la sécurité sociale.