Le troisième Baromètre de l’épargne responsable de La Banque Postale et Cashbee publié récemment confirme la tendance des deux précédentes études : entre méconnaissance et rendements moins attractifs, les épargnants hésitent encore.
En effet, si l’attrait pour les placements responsables ne cesse de grandir, le manque de connaissance et les attentes des épargnants représentent des freins notables.
La dimension responsable de l’épargne n’est pas une priorité pour les épargnants
La Banque Postale et Cashbee ont donc dévoilé la 2ème édition du Baromètre de l’épargne responsable qui établit « un état des lieux de la relation des Français avec la finance responsable ». L’étude, réalisée sur un échantillon de 1021 personnes représentatives de la population française âgée de 18 ans et plus, révèle que les dimensions environnementales, sociales et solidaires ne sont pas des priorités pour la majorité des épargnants lors du choix d’un placement. En effet, comme en 2021 et 2022, ceux-ci considèrent en priorité :
- la sécurité ;
- la rentabilité ;
- la simplicité ;
- la liquidité du produit.
Les dimensions responsables (environnement, solidarité, social) n’arrivent qu’en bas de classement : 4% la cite en 1er critère contre 29% pour la sécurité.
L’épargne responsable méconnue et complexe : la méfiance des épargnants
De plus, le baromètre met en avant un manque évident de connaissance : après rappel de la définition de l’épargne responsable, seuls 18% des répondants du grand public déclarent la connaître « au moins un peu ». Cependant, parmi les épargnants patrimoniaux, la notoriété des placements ISR s’est renforcée avec 37% de patrimoniaux connaissant l’investissement ISR au moins de nom.
En outre, ils sont 40 % à penser qu’il est impossible de mesurer « le véritable impact d’un placement ISR« , et plus de la moitié des patrimoniaux considèrent qu’ils sont complexes ou ambigus.
Et d’autres freins apparaissent dans leurs réponses : comme la méconnaissance des labels ou l’insuffisance de ceux-ci, ainsi qu’un jugement d’ambiguïté dans la constitution des portefeuilles.
Seulement 18% du grand public et 30% des patrimoniaux connaissent au moins un label responsable. Parmi ceux-ci, 69% des répondants GP et 74% des répondants patrimoniaux considèrent que les labels ne sont pas assez contraignants.
Une “méfiance” qui s’expliquerait donc par le manque d’information et de connaissance vis-à-vis de ce type d’investissement, selon le baromètre 2023.
Malgré des freins multiples, l’image positive de l’épargne responsable reste intacte
L’étude démontre également que l’arbitrage de choix entre rendement et ESG semble tout particulièrement défavorable aux produits responsables. De plus, les performances relativement décevantes des produits responsables en 2022, celles-ci étant dus à leur moindre exposition aux industries fossiles, ont entraîné une déception des porteurs.
Paradoxalement, 48% des patrimoniaux sont d’accord avec l’idée que les fonds ISR présentent une opportunité de diversification et 47% qu’ils sont « intéressants » à long terme. De plus, 56% des répondants du grand public qui se sont vu proposer un fonds ISR ont été influencés par cette discussion dans leur choix d’allocation.
Ainsi, si l’attractivité de ces produits s’est réduite en 2022, l’épargne responsable bénéficie toujours d’une bonne image globale, et intéresse encore une part significative des épargnants. Et l’importance apportée par les épargnants aux conseils donnés par leur conseiller financier en la matière, « ouvre une porte à une démarche de pédagogie et de diffusion pour autant que l’offre réponde mieux à la demande : simplicité, cohérence, lisibilité et… rentabilité (probablement à positionner dans la durée). » conclut l’étude.
La troisième vague du baromètre de l’épargne responsable montre donc peu de progression dans la connaissance et la détention de ces produits par les épargnants « grand public ». L’analyse du baromètre 2022 de Philippe Aurain, directeur des Etudes Économiques de La Banque Postale, le démontre car elle pourrait être toujours d’actualité en 2023 : « Au regard des enjeux de société associés à ce type d’épargne, les banques ont une responsabilité particulière dans l’effort de pédagogie et de simplification de l’offre qui pourrait faciliter à l’avenir une plus large détention de ces produits ».