Insurtech France collabore avec l’Assurance en mouvement sur une série d’interviews de dirigeants d’Insurtechs. Nous avons échangé avec Gérard Deray, co-fondateur et CEO de Mila, assureur spécialisé dans l’immobilier.
Qui êtes-vous et quel est le périmètre serviciel de votre insurtech ?
Je suis le co-fondateur et CEO de Mila. J’ai passé 15 ans en fusions-acquisitions pour ensuite créer en 2007 une structure de courtage en assurances. Je me consacre depuis plus de 2 ans au développement de Mila.
Mila est une compagnie d’assurance agréée par l’ACPR. Son périmètre d’activité est le monde de l’assurance immobilière. Mila distribue ses produits en BtoB uniquement à travers un réseau de courtiers distributeurs, mais s’ouvre également au BtoC.
Quelles sont vos passions ?
J’aime l’idée de faire bouger les lignes, de refuser le statu quo, de m’interroger sur le sens serviciel de l’innovation et j’aime les gens, l’interaction avec les équipes et les partenaires, en somme l’aventure entrepreneuriale.
J’aime également convaincre quand les valeurs sous-jacentes sont au rendez-vous. Donner du sens à ses actes et refuser l’immobilisme, sont parmi mes plus grandes motivations. Les deux valeurs centrales de Mila sont la bienveillance et l’humilité. Elles se diffusent non seulement en interne mais aussi auprès de nos clients, de nos fournisseurs, de nos réassureurs… Elles sont les vecteurs de l’identité et de la culture de Mila.
Quelle est la genèse de la création de cette insurtech ?
Lorsque j’étais courtier, j’ai été interpellé par la difficulté d’innover sur les marchés de niche de l’assurance qui était les miens (GLI, PNO, MRI …). Quel assureur aurait envie de mettre les moyens et l’énergie nécessaire à innover sur des marchés exigeants, techniques et fragmentés qui pèsent peu au regard de la santé ou de l’auto ? J’ai ainsi fait le constat qu’une nouvelle structure pouvait apporter de l’innovation sur des marchés de l’assurance déjà matures. Accompagné par mon associé Jean Boucher, nous avons décidé de créer Mila.
Quels constats faites-vous du secteur de l’assurance ?
Il existe une réelle appétence des clients pour plus de service et plus de proximité. Ils veulent mieux comprendre ce qu’ils achètent. La défiance laisse souvent place à la satisfaction quand on prend le temps qu’il faut avec un client. C’est pour cela qu’en plus du digital, nous répondons à nos clients au téléphone de 8h à 20h, 5 jours par semaine.
Nous constatons aussi une approche de plus en plus « embarquée » des produits d’assurance dans les parcours d’achat des clients. C’est une sorte de prise de pouvoir des acteurs détenteurs de la relation client qui deviennent de facto des « distributeurs » de produits d’assurance, pour une expérience client plus fluide, plus forte et plus intense. Attention toutefois aux sujets de conformité qui ne doivent pas être passés sous silence. L’assurance est trop souvent traitée comme un « complément de service » alors qu’elle devient de plus en plus le sous-jacent indispensable à la vente.
Quelle est votre vision de l’évolution du secteur ?
Cela peut paraître surprenant mais nous arrivons seulement maintenant à une forme de matérialisation de la digitalisation du secteur. L’innovation induite est servicielle avant tout… Une innovation vers des services plus rapides, plus justes et paradoxalement plus proches. Le digital est plébiscité, certes, mais avec un besoin fort et réaffirmé de contact humain dans la relation client. La technologie, oui, mais comme un sous-jacent pour servir les besoins client et la proximité.
Le digital doit aussi être au service des femmes et des hommes qui « servent » nos clients. Ce rôle serviciel interne est aussi important afin de maintenir une culture forte et harmonieuse qui irradie forcément dans tout le périmètre externe de l’entreprise.
Quelles sont vos convictions ?
En tant qu’assureur nous devons être au cœur des grandes préoccupations de nos concitoyens. À travers nos produits, nous facilitons l’accès au logement en assouplissant les cirières d’éligibilité des locataires et nous couvrons sans limite les revenus locatifs d’un propriétaire bailleur. Accès au logement et protection du pouvoir d’achat sont deux sujets centraux pour lesquels nous jouons un rôle important.
Vous faîtes partie d’Insurtech France*, l’association de la tech et de l’assurance. Quel est son apport pour les acteurs du secteur ?
L’association Insurtech France permet d’échanger entre pairs et membres de l’écosystème de la tech et de l’assurance, entre acteurs établis et structures plus récentes. Elle nous donne de la visibilité et permet l’émulation entre membres.
* Voir interview de Pierre Bonodot, secrétaire général d’Insurtech France.