Selon un sondage Harris interactive, les Français sont plus de 74% à exprimer de l’inquiétude face à la perte d’autonomie. La Mutualité Française, aux côtés de France Assureurs, souhaite répondre à cette inquiétude en appelant à mutualiser ce risque, qui devrait concerner plus de 4 millions de Français en 2050.
La dépendance : une population qui vieillit et des coûts de santé qui augmentent
Avec l’allongement de la durée de vie et l’arrivée des générations du baby-boom, les sommes en jeu sont colossales pour les finances publiques mais également pour les familles. En effet, le coût de la prise en charge des personnes dépendantes a été estimé à plus de 30 milliards en 2014, dont 6 milliards revenant à la charge des familles :
- Environ 12,2 Md€ pour les dépenses de santé, financées à 99 % par la dépense publique via l’Assurance Maladie.
- 10,7 Md€ pour les dépenses dites « de dépendance ou de perte d’autonomie » comprenant les aides humaines, les assistances techniques et l’aménagement du logement pour compenser la perte d’autonomie.
- 7,1 Md€ pour les dépenses d’hébergement, auxquels peuvent être ajoutés 4,4 Md€ de dépenses « de gîte et de couvert ».
A ces montants, il convient d’ajouter la contribution de l’aide informelle (10 à 12 Mds€) correspondant pour l’essentiel au temps consacré par les familles et aux aides financières apportées par ces derniers à leur proche en situation de dépendance.
Les seniors en situation de dépendance représentent actuellement 2,5 millions de personnes, dont 1,3 millions sont bénéficiaires de l’APA2. En 2050, ils seront plus de 4 millions selon l’INSEE.
L’inquiétude de la dépendance face à un risque mal appréhendé
Alors qu’une proposition de loi sur le bien vieillir en France sera débattue en juillet à l’Assemblée nationale, la dépendance est devenue l’une des principales préoccupations des Français. En effet, 74% des sondés ont placé ce risque comme première source d’inquiétude devant l’épargne (69%) et les retraites (64%). Ce chiffre est encore plus important chez les femmes, les plus de 50 ans et les aidants, davantage confrontés à la question.
De nombreuses familles se retrouvent aujourd’hui en difficulté financière à la suite d’une situation de dépendance lourde d’un proche. Car malgré les diverses aides de l’états telles que l’allocation personnalisée d’autonomie, les aides aux logements ou l’aide au repas, une place dans un établissement spécialisé de type EHPAD coûte en moyenne 2 000 € par mois. Un reste à charge bien trop important lorsqu’on sait que la pension de retraite médiane en France est de 1 500 €.
Or 6 Français sur 10 ne sont actuellement pas en capacité de contribuer à hauteur de plus de 100 euros par mois pour la prise en charge d’un proche dépendant. Et lorsqu’on les interroge sur leur connaissance des aides financières et dispositifs prévus pour faire face aux situations de dépendance et de perte d’autonomie en France, seuls 3 Français sur 10 ont le sentiment de bien les connaître.
Pourtant, cette forte inquiétude semble mal appréhendée puisque seul un Français sur dix a souscrit un contrat d’assurance dédié au risque de dépendance.
« Peu de Français ont souscrit une couverture dépendance et ce risque est mal perçu parce qu’il est lointain. Il est pourtant bien réel. L’aide de la part des proches ne peut pas toujours constituer toute la solution et en l’absence d’un patrimoine, les personnes en situation de dépendance peuvent se retrouver en grande difficulté lorsqu’il faut financer une place dans un établissement spécialisé ou aménager un domicile » explique Éric Chenut, président de la Mutualité Française.
Diminuer le coût individuel de la dépendance grâce à la solidarité collective
Si financer les dépenses liées à la perte d’autonomie revient en premier lieu à la solidarité nationale, une intervention complémentaire est indispensable pour diminuer le reste à charge des personnes entrées en dépendance et de leurs proches.
C’est en ce sens que la Mutualité Française fait une proposition conjointe avec France Assureurs : mutualiser ce risque par une couverture généralisée pour l’ensemble de la société. « A l’image du système de santé, un financement de la dépendance par solidarité collective permet de faire mutualiser solidairement le risque sur le plus grand nombre et ainsi de diminuer le coût supporté individuellement » précise Éric Chenut.
L’intérêt de cette proposition par rapport aux contrats actuels serait avant tout d’offrir un cadre clair et homogène pour tous les assurés afin de sécuriser les souscripteurs grâce à une prise en charge immédiate qui viendrait compléter l’Aide Personnalisée d’Autonomie (APA). Ainsi, une rente mensuelle jusqu’à 500 € serait versée au moment de la dépendance contre une cotisation estimée entre 10 et 20€/mois selon le début de l’âge de la cotisation.
Parmi les personnes interrogées, plus de 7 Français sur 10 préfèrent un financement de la dépendance par un système de solidarité collective plutôt que le système de responsabilité individuelle actuel.
De surcroît, ils sont 80 % à souhaiter l’instauration d’une couverture dépendance obligatoire, qui permettrait à tous de percevoir une rente mensuelle en cas de dépendance lourde ou de perte d’autonomie.
« Il est de la responsabilité des pouvoirs publics d’apporter une réponse à cette problématique majeure de financement de la dépendance que de nombreux rapports d’experts ont déjà mis en avant. L’Etat seul ne pourra pas assurer tous les risques, c’est pourquoi nous défendons une couverture mutualisée et solidaire de la dépendance » fait valoir le président de la Mutualité Française, Éric Chenut.