Rencontre avec Ying Liang, CEO de Klarity, une insurtech qui offre des solutions d’assurance innovation sur-mesure pour mieux protéger les activités des TPE et PME.
Quel est votre parcours ?
Je suis née en Chine et arrivée en France en tant qu’étudiante et boursière. Je suis diplômée de Telecom Paris, complété par une formation en finance à Harvard. J’ai travaillé en Asie, aux États-Unis et en Europe, où j’ai construit le business européen d’une multinationale à partir de zéro. Je suis très intéressée par les différents modèles de croissance ou d’hyper-croissance, de croissance organique ou externe. Ma dernière fonction dans la société multinationale était le développement stratégique de la société via des fusions/acquisitions sur le marché mondial.
Quelles sont vos passions ?
Je suis passionnée par le développement de business à partir de zéro, avec une page blanche et une vision différente sur un nouveau marché, un nouveau pays, avec de nouveaux produits, même dans un nouveau secteur inconnu pour moi comme l’assurance. J’étais dans les technologies numériques avant de créer Klarity. J’aime particulièrement arriver à une destination hors des sentiers battus, j’ai besoin de changement, d’inconnu et d’aventures, plutôt intellectuelles que physiques. J’aime les gens ayant des cultures différentes, la diversité est une vraie richesse. Je souffre des situations où des gens dominent via leurs statuts ou leur pouvoir. J’adore les débats d’idées.
Quelle est la genèse de la création de Klarity ?
Le secteur de l’assurance m’a attiré par la taille de son marché, notamment par son impact sur l’économie. Il est connu que des petites entreprises font faillite à cause de problèmes de trésorerie ; il est moins connu que des entreprises déposent leur bilan à cause d’un sinistre mal couvert. Venant du secteur de technologies numériques, mon constat est le fort décalage de la digitalisation de ce secteur complexe par rapport au secteur de la finance au sens large. Ayant une connaissance générale de l’économie et une culture technique, l’idée de créer une Insurtech pour servir les TPE/PME a alors émergé. Je crois par ailleurs que le renfort de la transparence des produits d’assurance, via le partage des données et la simplification des contrats, peut contribuer à améliorer l’image de l’assurance, un secteur encore mal-aimé.
Quels sont les périmètre(s) serviciel(s) de votre insurtech ?
Klarity a été créé pour combler une lacune du marché : une offre d’assurances professionnelles sur-mesure pour les petites entreprises, ayant des métiers et des risques complexes. Nous créons des produits innovants à partir des besoins des métiers. La plateforme digitale orchestre l’ensemble de la vie des contrats : conseil, sélection des risques, tarification, gestion des contrats et des sinistres.
La valeur ajoutée principale de Klarity est d’apporter des contrats d’assurance sur mesure pour des secteurs délaissés par les grands assureurs, moyennant de la technologie numérique de modélisation de risques et des algorithmes de sélection de risques et de tarification sophistiqués.
Quels constats actuels faites-vous de l’assurance ?
Le contexte actuel des risques est compliqué et évolutif. C’est un contexte difficile pour les assureurs qui ont besoin de dégager une vision à long terme, ainsi certains sont réactifs à défaut d’être proactifs. En termes de produits IARD B2B, nous trouvons une concurrence importante pour des produits peu risqués, et des tensions sur l’offre pour des métiers plus risqués. Le coût de la souscription et de la distribution reste élevé par rapport au coût des sinistres. La digitalisation des activités de distribution reste limitée aux risques simples et standards où le taux de pénétration des produits d’assurance est encore faible.
Quelle est votre vision de l’évolution du secteur ?
Il est inévitable que l’assurance doive se baser sur le big data, l’analyse de données et l’IA, la question est la vitesse de progression. L’automatisation des tâches de souscription et de gestion progresse vite, mais l’interconnexion entre les différents acteurs du marché est l’obstacle principal dans la gestion des contrats entre assureurs, grossistes, courtiers de proximité et assurés. L’ensemble des acteurs pourraient être menacé par les GAFAM qui ont la capacité de distribution digitale et qui ont même un bilan capable de porter les risques.
Quelles sont vos convictions ?
L’alignement des intérêts et la confiance entre les assureurs, les courtiers et les clients peuvent être renforcés par la transparence, la simplicité et la clarté, et par les conseils clairs des courtiers qui sont les mandataire des clients. Le renfort de la confiance entre les différents acteurs passe nécessairement par des moyens numériques en fournissant des informations faciles à comprendre et disponibles 24h/24. Le partage des informations entre courtiers et assureurs en temps réel est essentiel non seulement pour le traitement des sinistres, mais aussi pour l’ajustement des produits. Bien entendu, la confiance basée sur l’expérience entre les professionnels est importante, elle peut en outre renforcée par des données factuelles.