Insurtech France collabore avec l’Assurance en mouvement sur une série d’interviews de dirigeants d’Insurtechs. Nous avons échangé avec Rudy Mizel CEO de My Risk Committee
Qui êtes-vous et quel est votre parcours ?
Je suis co-fondateur et CEO de My Risk Committee. J’ai 34 ans, je suis né à Paris et diplômé de l’INSEEC Business School. Avec plus de 12 ans d’expérience en risk management et assurance d’entreprises, j’ai travaillé précédemment chez Aon, Marsh et WTW.
Mes passions tournent autour de l’innovation, de la stratégie d’entreprise, de la finance durable, et plus largement de l’entrepreneuriat et de la Tech. Mais au-delà de mon travail, ce qui m’inspire le plus ce sont les voyages, l’histoire, ma famille et mes amis. J’ai toujours cette furieuse envie de dépasser mes limites, de casser les codes, tout en prenant le temps d’écouter et d’apprendre.
Aujourd’hui, je vis entre Paris et New York pour accompagner le développement de My Risk Committee sur le marché nord-américain.
J’ai grandi dans un quartier populaire du 19ème arrondissement de Paris et j’ai commencé à travailler très jeune, en parallèle de mes études, dans l’entreprise familiale de fleurs. J’ai toujours aimé l’école, mais je trouvais son cadre rigide et trop résigné, ce qui ne correspondait pas à ma vision. Au collège, j’ai baissé les bras, convaincu que les études n’étaient pas faites pour moi, et je me suis orienté vers une formation professionnelle.
Cependant, grâce à de belles rencontres, j’ai rapidement repris goût à l’apprentissage et à l’ambition de pouvoir choisir mon avenir. J’ai développé mes compétences, j’ai voyagé et j’ai obtenu mon BAC avec mention européenne, puis un BTS Commerce International, une Licence et un Master en École de Commerce en stratégie d’entreprises et développement international
C’est en 2010, à l’âge de 21 ans, que j’ai découvert l’univers de l’assurance et du risk management chez Gras Savoye (WTW). En alternance, j’ai rejoint l’équipe des programmes internationaux, où j’ai acquis les fondamentaux de ce milieu complexe et exigeant.
En 2012, j’ai rejoint le leader mondial Marsh McLennan à la direction marché et partenariats, rattaché à la direction générale France. Pendant 7 ans, j’ai eu le privilège d’apprendre et d’évoluer auprès des plus grands experts de l’assurance et de l’ingénierie des risques : courtiers, assureurs, réassureurs, actuaires et bien sûr des risk managers. Très vite, j’ai géré une équipe de 6 personnes qui appliquait les codes et l’esprit startup au quotidien. Promu au titre de Vice-Président, j’ai travaillé à l’étranger, notamment à Londres et New York.
Pendant cette période, je me suis de plus en plus intéressé à la gestion de projets, aux nouvelles technologies autour de l’industrie 4.0 et à la data, qui est l’élément central du secteur de l’assurance mais qui est peu valorisé de manière moderne. J’ai rapidement réalisé le potentiel énorme de transformation et le manque criant d’innovation sur l’ensemble de la chaîne de valeur de l’assurance.
Quelle est la genèse de la création de My Risk Committee ?
À partir de 2017, les assureurs ont dû faire face à une recrudescence des risques d’entreprises avec l’émergence de nouveaux risques, notamment climatiques et cyber, ainsi qu’à des conditions de marché, notamment tarifaires, de plus en plus difficiles à maintenir compte tenu de la faiblesse des taux pratiqués depuis plus d’une dizaine d’années sur le marché IARD ou Property & Casualty en anglais.
C’est alors que l’idée de « My Risk Committee » a commencé à germer pour répondre aux besoins et aux exigences de ce nouveau marché de l’assurance grâce à la technologie. J’ai commencé à challenger cette idée avec des experts du marché et mes proches, notamment Aurélien Le Clainche, ingénieur informatique.
En 2019, j’ai rejoint la direction commerciale d’Aon France avec la responsabilité de la stratégie innovation et technologie, mais la volonté de développer cette idée est devenue plus forte.
La volonté d’en faire un projet, puis une entreprise innovante et à forte croissance, une véritable startup, est devenue une obsession. J’ai quitté Aon et en janvier 2020, avec Aurélien, nous avons co-fondé « My Risk Committee ».
Rapidement, nous avons été rejoints par Margaux Gouysse, ingénieure en génie mathématique et data science, qui faisait partie de mon équipe chez Marsh. Ensuite, Arnaud Vanon, expert en ingénierie des risques et excellence opérationnelle, anciennement risk manager et courtier chez Gras Savoye (WTW), a rejoint l’aventure.
Quels sont vos constats actuels de l’assurance ? Votre vision des évolutions du secteur ?
Les modèles traditionnels ne sont plus viables. Les assureurs ne peuvent plus seuls mutualiser ces nouveaux risques émergents.
Les primes de réassurance et d’assurance ont augmenté, les franchises ont été revues à la hausse et les capacités de souscription ont été fortement réduites.
Le haut niveau d’incertitude à la fois économique, social, politique et environnemental me laisse penser que la tendance n’est pas prête de s’inverser, bien au contraire.
Les relations entre assureurs, courtiers et risk managers ont radicalement changé et les attentes des professionnels de l’assurance évoluent vers un retour aux fondamentaux de la gestion des risques.
Cela ouvre la voie vers une approche dynamique du risk management, avec une analyse en temps réel et des modèles prédictifs.
C’est l’essence même de My Risk Committee. Accompagner les entreprises dans une gestion des risques moderne et en temps réelle pour une assurance plus intelligente.
Vous faîtes partie d’Insurtech France*, l’association de la tech et de l’assurance. Quel est son apport pour les acteurs du secteur ?
Cette association joue un rôle crucial dans le secteur de la tech et de l’assurance. Elle favorise la collaboration entre les acteurs du secteur, encourage l’innovation et promeut les meilleures pratiques. En tant que membre de cette association, nous bénéficions d’un réseau solide, d’échanges d’expertise et d’opportunités de partenariat. L’apport d’Insurtech France pour les acteurs du secteur est donc stratégique, en nous permettant de rester à la pointe des avancées de l’écosystème et de contribuer à façonner l’avenir de ce beau secteur qu’est l’assurance.
* Voir interview de Pierre Bonodot, secrétaire général d’Insurtech France.