Analyse de Philippe Crevel, Directeur du Cercle de l’Épargne
Une collecte nette toujours pénalisée par la préférence des ménages pour la liquidité
En avril, l’assurance vie a continué de croître à petite vitesse. La collecte nette a été de 1,3 milliard d’euros, contre de 400 millions d’euros en mars, 1 milliard d’euros en février et 1,2 milliard en janvier. Un an plus tôt, elle s’établissait, en avril 2022, à 2,2 milliards d’euros. Le résultat 2023 est inférieur à la moyenne des dix dernières années, en avril (1,47 milliard d’euros).
La collecte nette demeure positive grâce aux unités de comptes. Ces dernières contribuent, en effet, à la collecte nette à hauteur de 3,6 milliards d’euros quand les fonds euros enregistrent une décollecte de 2,3 milliards d’euros.
Des versements importants et des rachats élevés
La modestie de la collecte nette depuis le début de l’année est le produit d’importants mouvements de la part des épargnants. Le montant des cotisations brutes demeure élevé mais il en est de même pour les rachats. Les ménages réalisent ainsi des arbitrages entre leurs différents placements. Le vieillissement des détenteurs de contrats d’assurance vie occasionne également une augmentation des liquidations pour cause de décès.
En avril 2023, les cotisations brutes en assurance vie se sont élevées à 13,8 milliards d’euros. Sur les quatre premiers mois de l’année, les cotisations ont été de 55,5 milliards d’euros. La part des cotisations en unités de compte s’établit à 40 % sur le mois d’avril, un niveau identique à celui du début de l’année et à celui sur l’ensemble de l’année 2022.
Les prestations se sont élevées à 12,5 milliards d’euros en avril 2023. Depuis le début de l’année, elles sont en hausse de +8,5 milliards d’euros, à 51,4 milliards d’euros.
Un encours portée par la bonne tenue du marché action
L’encours de l’assurance atteint 1 897 milliards d’euros à fin avril en hausse de +2,5 % sur un an, en phase avec la bonne tenue de la bourse.
Une collecte nette positive et faible dans les prochains mois
Dans un climat économique peu porteur, la collecte nette de l’assurance devrait rester modeste dans les prochains mois. La perspective d’une nouvelle hausse du taux du Livret A et du LDDS conduira les épargnants à préférer l’épargne de précaution. Entre le Livret A et l’assurance vie, les philosophies sont différentes, produit de court terme d’un côté, produit de long terme de l’autre. Le taux plus rémunérateur du premier perturbe la hiérarchie des taux.
Ce phénomène devrait se poursuivre dans les prochains mois. Néanmoins, avec la baisse de l’inflation, le taux du Livret A pourrait être amené à baisser en 2024 quand dans le même temps les rendements des fonds euros devraient poursuivre leur remontée après avoir atteint un point bas en 2021. Par ailleurs, il ne faut pas oublier qu’il faut apprécier le rendement sur la durée. Sur moyen et long terme, l’assurance vie est plus performante que l’épargne réglementée, la période actuelle étant exceptionnelle.
Le Plan d’Épargne Retraite, un petit qui grandit vite
Dans un contexte anxiogène en matière de retraite, le PER enregistre mois après mois, de bons résultats. En avril, les cotisations sur un PER assurantiel s’élèvent à 577 millions d’euros. La collecte nette s’est établie à +435 millions d’euros.
Fin avril, le PER comptait 4,1 millions d’assurés pour un encours de 52,25 milliards d’euros.
Le PER séduit un nombre croissant d’épargnants qui veulent préparer financièrement leur retraite et qui sont attirés par l’avantage fiscal à l’entrée. La possibilité de sortir en capital a levé les réticences que les épargnants pouvaient avoir pour un produit tunnel.
Cercle de l’Épargne – données France Assureurs