Développer une assurance santé pour les travailleurs nomades, les expatriés et les étudiants qui partent à l’étranger : c’est le pari de Qiti. L’assurtech niçoise, qui vient de compléter une levée de fonds de 1,9 million d’euros, mise sur l’intelligence artificielle pour concevoir « le conseiller en assurance de demain ».
L’intelligence artificielle générative (IA) est un sous-type d’IA responsable de la création de nouveaux contenus originaux. Elle offre des potentialités nouvelles dans le secteur de l’assurance. Qiti ne s’y est pas trompée. L’assurtech, fondée en septembre 2021, travaille sur un système de « recommandation conversationnelle », censé jouer d’ici quatre ou cinq ans le rôle du conseiller. Positionnée sur le marché de l’assurance santé à l’international, elle s’adresse aux nouveaux travailleurs nomades, aux expatriés et aux étudiants qui partent faire leurs études à l’étranger, comme l’explique un article de L’Usine digitale.
« Qiti est la nouvelle insurtech qui prend soin des expatriés. L’assurance est un sujet complexe. Lorsque l’on quitte la France, on part du cocon social. Un mauvais choix d’assurance peut vite tourner au cauchemar. Qiti est une jeune entreprise innovante qui vise à offrir la meilleure assurance aux expatriés, aux digitaux nomades et aux étudiants internationaux » explique Christophe Brémard, assureur à Nice depuis vingt-cinq ans, qui a créé Qiti avec Claudie Croizet, présidente du réseau Initiative Nice Côte d’Azur et un troisième associé expert en intelligence artificielle. Le nom a été choisi pour inspirer la quiétude.
L’objectif du moteur conversationnel de Qiti est de recommander aux assurés des contrats spécifiques en fonction des zones géographiques et des profils, en créant, grâce à l’intelligence artificielle, le conseiller en assurance de demain, celui qui posera les bonnes questions au bon moment.
Guillaume Sarkozy au capital
Qiti vient de boucler l’extension de sa levée de fonds en pré-seed, avec un financement de 400 000 euros dont la moitié en capital réalisé auprès de Guillaume Sarkozy, l’ancien directeur général de Malakoff Médéric), de business angels et des actionnaires qui avaient injecté 1,5 million d’euros en 2022 : Bpifrance, le CIC, et la région Sud. L’objectif de ce premier tour de table est de lancer l’application mobile qui va lui permettre notamment de cibler les entreprises. La start-up compte déjà un millier d’assurés, qui lui ont assuré un chiffre d’affaires de 98 000 euros en 2022.
Partenariat avec l’Inria
Pour l’instant la start-up de 14 salariés a recours à des conseillers tout ce qu’il y a de plus humains. Sa technologie n’est pas encore finalisée et les assurés ne sont pas encore prêts pour un assistant 100 % virtuel. Qiti travaille en partenariat avec l’Institut national de recherche en sciences et technologies du numérique (Inria) pour que sa technologie propriétaire aboutisse. Deux chercheurs de l’Inria sont mobilisés à plein temps sur le projet. À l’issue du développement, Qiti pourra racheter la technologie à l’Institut de recherche public.
35 millions de digital nomads
La start-up a choisi un marché sur lequel l’offre d’assurance est encore limitée et mal adaptée, et les besoins bien identifiés. Le nombre de « digital nomads » est estimé à 35 millions de personnes dans le monde à l’heure actuelle, et la tendance est à la hausse. Pour les voyageurs au long cours, qui changent souvent de lieu de résidence, la question de l’assurance santé et de l’accès aux soins est primordiale. Elle a construit avec son principal partenaire, Allianz, une assurance santé internationale résiliable à tout moment, dont le caractère innovant est de se mettre à jour automatiquement à chaque passage de frontière pour conserver le même niveau de protection. Grâce à la géolocalisation, et en fonction du profil défini initialement par l’assuré, Qiti propose une mise à jour de contrat. S’il n’y a pas d’incidence tarifaire, le contrat est même mis à jour automatiquement.
Des revenus supplémentaires grâce à l’appli
L’application mobile permettra d’offrir des services et de dégager des revenus complémentaires : alertes (météo, risque épidémique ou géopolitique…), chat spécialisé utilisant une IA entraînée avec l’Inria, télémédecine 24h/24… Les utilisateurs pourront souscrire à ces services en dehors de tout contrat chez Qiti, pour 6,99 euros par mois. Pour les assurés, ils seront compris dans les contrats qui couvrent pour l’instant la santé, le rapatriement, la responsabilité civile, et la protection juridique. Les formules sont accessibles à partir de 69 euros par mois.
L’objectif de Qiti est de réaliser 5 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2024, et 50 millions en 2025. Une croissance possible, car l’application, avec son moteur d’IA générative, sera nativement multilingue. Et Qiti est partenaire d’une trentaine de compagnies d’assurance en tout. Pour faire connaître son produit, elle passe des accords avec des agences spécialisées dans le travail à distance, des plateformes de freelances, des écoles, et des influenceurs.
Qiti a su identifier une niche dans l’univers de l’assurance et s’y développer. Il sera intéressant de déterminer d’ici quelques années, la façon dont l’intelligence artificielle aura boosté son modèle.