Le 20 avril, Axa Prévention a publié sa 19ème édition du baromètre du comportement des Français sur la route*. Pour la première fois, cette étude a décidé de mesurer l’impact du moral des Français sur leur conduite et leurs préoccupations en temps de crise. Les résultats incitent à la déconnexion pour plus d’attention !
Des automobilistes trop connectés
« L’attention au volant des Français est en baisse. Le contexte de crise actuel y participe en augmentant le stress, la fatigue et la nervosité au volant pour deux tiers des Français. L’hyperconnexion joue également un rôle déterminant puisqu’au cours des deux dernières décennies, l’utilisation du smartphone au volant a été multipliée par 4 pour concerner 80% des automobilistes et les deux tiers des cyclistes. Ces chiffres nous rappellent que la sensibilisation et la prévention sont clés pour encourager les Français à adopter un comportement plus prudent sur la route. Nous avons tous un rôle à jouer car sur la route, il faut être concentré et non pas connecté. »
Le message du Directeur général d’AXA France, Patrick COHEN, est clair : il est temps que les automobilistes se déconnectent pour être plus attentionnés au volant !
Il est vrai qu’avec 217 personnes décédées sur les routes de France en février 2023 et près de 1000 blessés graves, selon le ministère de l’intérieur le bilan reste lourd. Pourtant, si la mortalité est quasi-stable par rapport à février 2022, le nombre de blessés graves est en baisse de 3% sur la même période. Un résultat encourageant comparé à la hausse de 23% du nombre de piétons tués, a relevé l’ONISR.
Alors, où les Français ont-ils la tête ?
La 19ème édition du baromètre du comportement des Français sur la route a tenté de trouver la réponse en les interrogeant sur leur moral et leurs préoccupations :
- 67% ont déclaré que le contexte actuel de crise a un impact sur leur santé mentale en générant plus de fatigue, de stress et de nervosité au quotidien.
- Et 51% d’entre eux estiment que cela augmente leur niveau d’inattention au volant.
Mais, est-ce vraiment le contexte anxiogène qui pousse 80% des automobilistes à utiliser leur smartphone au volant ?
Le fléau de l’hyperconnection
Car le baromètre d’Axa Prévention révèle que le taux record d’automobilistes hyperconnectés en 2022 perdure en 2023. Et ce, quels que soient les usagers de la route :
- Automobilistes
80% des automobilistes utilisent leur smartphone au volant.
40% paramètrent leur GPS en conduisant et
31% consultent ou envoient des SMS.
- Trottinettistes
83% des trottinettistes l’utilisent en roulant.
64% roulent avec les écouteurs dans les oreilles et
51% consultent ou publient des stories sur les réseaux sociaux.
- Cyclistes
66% des cyclistes l’utilisent au guidon.
20% regardent des vidéos YouTube ou des séries et
20% participent à une réunion de travail (par téléphone, Teams…).
- Motards et scootéristes
Ce sont les usagers qui utilisent le moins leur téléphone sur la route (53%) bien que ce chiffre connaisse une hausse significative (+7 points vs 2022).
Des Français anxieux
« Pour la première fois, AXA Prévention a souhaité mesurer l’impact de la santé mentale des Français sur leur conduite. Le Baromètre nous révèle que leur moral est largement affecté par les crises entremêlées que nous traversons depuis 3 ans. Ce que nous étions loin d’imaginer, c’est qu’à cause de cette anxiété, 1 Français sur 2 se sent moins attentif au volant ! La conduite est une activité à part entière. En plus de l’hyperconnexion au smartphone, l’errance mentale peut avoir de graves conséquences. Jusqu’à maintenant sous-estimée, elle est désormais un enjeu de sécurité routière. Si tout le monde est sur son smartphone ou bien perdu dans ses pensées, qui regarde attentivement la route ? »
Selon Eric Lemaire, Président de l’association AXA Prévention, l’anxiété vient donc s’ajouter à l’hyperconnexion pour abaisser encore un peu plus l’attention des conducteurs.
Il est vrai que les Français ont clairement exprimé leurs inquiétudes dans ce baromètre 2023. 67% disent se sentir concernés par l’état de crise actuel et tout particulièrement par :
- Le pouvoir d’achat pour 83% ;
- L’économie en général pour 82% ;
- Le changement climatique pour 78% ;
- Le contexte géopolitique mondial pour 76% ;
- La crise sanitaire pour 48%.
La nervosité, causée par ce climat anxiogène, influe donc sur le comportement des usagers de la route et cela se traduit par des chiffres en nette augmentation :
- 20% des automobilistes se sentent stressés (+3 points vs 2022) ;
- 51% chez les trottinettistes (+4 points vs 2022) ;
- 34% des automobilistes se sentent en insécurité (+4 points vs 2022) ;
- Un sentiment partagé par 50% des trottinettistes (+8 points vs 2022)
- et 56% des cyclistes (+3 points vs 2022).
Une crise de l’attention et de l’incivilité
« Nous avons un sujet inédit : la crise de l’attention », a souligné Clotilde du Fretay, secrétaire générale d’Axa Prévention, sur LCI. « Il y a, en France, une dégradation de la santé mentale. Or, quand vous avez une charge mentale trop importante, votre esprit vagabonde, vous êtes préoccupé, et vous avez du mal à vous concentrer sur votre conduite. »
Une crise de l’attention qui ne résume pas à elle seule ces chiffres de l’insécurité routière en progression. En effet, l’incivilité routière est, elle aussi, grandissante selon le baromètre 2023 :
- 78% des automobilistes admettent faire des excès de vitesse ;
- 53% des trottinettistes et 34% des cyclistes reconnaissent passer au feu rouge ;
- 59% des trottinettistes et près de 40% des cyclistes et automobilistes, ne laissent pas la priorité aux piétons lorsqu’ils attendent au passage ;
- 75% des piétons ne se gênent pas pour traverser en dehors des passages protégés ;
- Et 46% marchent sur les pistes cyclables.
Malheureusement, 64% des Français pensant que le contexte de crise actuel génère davantage de ces comportements répréhensibles, l’amélioration ne semble pas être une perspective imminente !
*Enquête réalisée entre le 11 et le 24 janvier 2023 par Kantar pour Axa Prévention, auprès d’un échantillon de 2287 personnes, âgées de 18 à 75 ans et résidentes en France métropolitaine.