Comment l’assurance va-t-elle poursuivre ses missions dans un monde qui s’effondre, dans lequel le contexte climatique est incertain et les catastrophes naturelles toujours plus fréquentes et plus graves ? La réflexion est lancée.
Une étude menée par le cabinet sinonvirgule avec le soutien de Maif, de la Macif et de la Caisse des Dépôts décrit les déstabilisations profondes que les bouleversements écologiques pourraient faire subir au secteur de l’assurance. Et apporte des pistes.
Télécharger les 152 pages de « Peut-on assurer un monde qui s’effondre ? »
Lancée en 2022 et publiée en février 2023, l’étude « Peut-on assurer un monde qui s’effondre ? » est le fruit d’un long travail de synthèse de rapports spécialisés, de plus de 30 entretiens avec des collaborateurs de compagnies d’assurance et de plusieurs discussions avec des experts de l’assurance et de l’Anthropocène, à savoir cette période qui a vu l’homme devenir une force géologique à part entière. Elle rend compte d’un secteur très affecté par les trajectoires écologiques en cours et anticipe une reconfiguration profonde de ce dernier.
Vers une nouvelle ère de l’assurance
La première partie de cette étude documente trois « effondrements des régimes assurantiels », c’est-à-dire trois situations de discontinuité radicale qui menacent aujourd’hui les différents acteurs du secteur :
- l’effondrement cognitif
- l’effondrement financier
- l’effondrement des pratiques
La seconde partie de l’étude s’intéresse elle aux possibles « régimes assurantiels de l’Effondrement ».
En effet, nos modes de vie et d’organisation sont aujourd’hui menacés par la dégradation des conditions d’habitabilité de la Terre. Dès lors, comment se protéger dans un monde complètement reconfiguré ?
En somme, que ce soit en considérant des effondrements partiels d’un secteur ou un Effondrement global de notre civilisation, cette étude décrit les collisions entre le secteur de l’assurance et la fin d’un monde, caractérisé par des modes de vie, d’organisation ou de production qui semblent voués à être profondément reconfigurés.
Pour l’assurance, c’est ainsi la fin de certains outils de calcul de risque, de certaines politiques de mutualisation, de certaines méthodes de gestion de sinistre, mais aussi de certaines conditions d’existence. A bien des égards, il s’agit d’une nouvelle ère qui devrait engendrer de nouvelles façons de s’assurer.
Six pistes concrètes pour réinventer l’assurance
Les auteurs du rapport ont associé à ce travail collaboratif de nombreux acteurs de l’assurance, qui font le point sur la situation et proposent des pistes concrètes pour une des innovations dans le secteur de l’assurance, voire une « nouvelle assurance ».
L’analyse s’enrichit de verbatims, d’exercices prospectifs. Au final, six pistes ont ainsi été définies :
- accepter l’idée de protéger davantage et différemment
- tout faire pour atténuer le risque
- devenir des sentinelles de l’Anthropocène
- créer de nouvelles alliances
- accompagner l’émergence d’assurances non monétaires
- esquisser des formes d’assurance « marxiste ».
L’étude de sinonvirgule est intéressante, car elle témoigne de la nécessité d’agir dès maintenant et de sortir des schémas classiques. Assurer un monde qui s’effondre impose en effet au monde de l’assurance de se réinventer sans tarder.
Demain, vivrons-nous dans un monde sans assurances ?
Source : étude sinonvirgule