Selon une récente étude menée par le groupe privé d’assurance maladie londonien Bupa, les chefs d’entreprise français sont les plus grands adeptes de « binge-working », littéralement addiction au travail, au monde.
Près de quatre chefs d’entreprise français sur dix admettent travailler de longues heures intenses sans pauses régulières. C’est ce que révèle l’étude menée d’août à septembre 2022 par Bupa et relayée par l’agence de presse Bloomberg.
Le « Bupa Global Executive Wellbeing Index 2022 » s’est basé sur un échantillon de 2349 chefs d’entreprise et cadres créateurs de richesse dans huit pays et régions (Royaume-Uni, États-Unis, France, Émirats arabes unis, Égypte, Chine, Hong Kong et Singapour), permettant d’obtenir le troisième indice annuel du bien-être des cadres.
« Les turbulences économiques, les sauts et les limites de la technologie, la mondialisation et la navigation dans une pandémie mondiale qui jette encore une ombre ont tous contribué à la complexité de la façon dont le monde fait des affaires, dans un paysage post-Covid. Notre dernier indice nous donne un aperçu de l’esprit des hauts dirigeants et des créateurs de richesse à l’échelle mondiale, mettant en évidence les nouvelles tendances et pratiques commerciales pour l’année à venir », commente Carlos Jaureguizar, PDG de Bupa Global et Royaume-Uni.
Des inquiétudes face à l’instabilité actuelle
Selon les auteurs de l’étude, il existe plusieurs raisons qui expliquent pourquoi les cadres tricolores dépassent de 25 % la moyenne mondiale en termes « d’addiction au travail ». En premier lieu, cela serait lié à leurs inquiétudes quant à la capacité de leurs organisations à surmonter l’instabilité économique actuelle.
La deuxième raison serait le fait d’être plus réticents à l’idée de travailler à distance par rapport à leurs homologues à l’étranger. Le télétravail étant présenté dans l’étude comme un moyen d’accéder plus facilement à des opportunités de loisirs personnels. Pour Bloomberg, ces résultats pourraient surprendre « étant donné les mesures politiques et le mode de vie concernant le travail en France », à savoir notamment la semaine de 35 heures, les congés d’été ainsi que le droit à la déconnexion.
Une santé mentale malmenée
De manière plus globale, l’étude confirme que la hausse du coût de la vie et l’équilibre travail-vie personnelle sont les principales préoccupations quotidiennes des personnes occupant des postes à responsabilité.
89 % des dirigeants ont présenté des symptômes de mauvaise santé mentale au cours des 12 derniers mois, contre 77 % en 2021. Ce qui pousse d’ailleurs plus de la moitié (53 %) d’entre eux à envisager des changements de carrière majeurs pour améliorer leur équilibre entre vie professionnelle et vie privée.
Enfin, seulement 42 % pensent que le travail hybride (en présentiel et à distance) profite à leur entreprise. À défaut de contribuer à la prospérité économique des organisations, il faut espérer que le télétravail bénéficie aussi à la santé mentale des dirigeants.