Limiter l’impact environnemental des appareils de téléphonie mobile, c’est l’objectif que s’est fixé AXA, en mettant en place une démarche de durabilité ciblée avec ses partenaires.
Une ambition qui s’articule autour de trois piliers : réparer, remplacer, reconditionner. Assurance for Good a souhaité rencontrer Alexis de Schonen, Directeur des Partenariats d’AXA. Entretien.
Pour commencer pouvez-vous vous présenter et nous parler de votre parcours professionnel ?
Cela fait maintenant 12 ans que je suis entré au sein du groupe AXA avec un parcours très varié ! Avant cela, j’ai suivi un parcours généraliste à dominante financière à HEC puis dans la stratégie au sein du Boston Consulting Group. Une des caractéristiques d’AXA, c’est d’offrir des parcours très riches, qui permettent aux collaborateurs de diversifier leurs expériences : pour ma part, j’ai commencé à la stratégie centrale puis à la stratégie d’une filiale, j’ai ensuite travaillé sur des sujets plus financiers, de M&A, mais aussi de digital, de commercial B2B…
Je dirige aujourd’hui la BU des partenariats, en charge de proposer et de commercialiser les offres en marque blanche auprès de réseaux tiers. Cela m’a permis de développer une double expertise avec d’un côté l’expertise technique produit IARD particulier et professionnel et de l’autre une expertise de distribution.
AXA a mis en place une démarche ciblée concernant les appareils de téléphonie mobile, autour de la prolongation de vie des appareils et leur durabilité avec une vision d’assurance embarquée. Pourriez-vous nous détailler les grandes lignes de ce projet ?
AXA France s’est lancée de manière significative sur l’assurance téléphonie mobile en accompagnant Back Market dans ses premiers pas : cela nous a sensibilisés sur la thématique du reconditionnement et de l’impact de la téléphonie mobile sur l’environnement. Même si nous ne sommes plus leur partenaires, ce fut une expérience qui a durablement impacté notre vision du sujet. Aujourd’hui l’enjeu est de transformer le marché d’une logique de payeur, de remboursement, à une logique des « 3 R » : réparation, remplacement, reconditionnement, pour limiter l’impact négatif causé sur l’environnement.
Pour limiter cet impact négatif, il faut travailler sur cette notion de durabilité, à la fois de l’objet lui-même mais aussi sur son usage.
Ces modalités interviennent en cas de sinistre ?
Tout à fait. Dès lors que vous souscrivez à une assurance, vous êtes notamment couverts contre la casse, l’oxydation… En cas sinistre nous privilégions systématique la réparation et la prise en charge se fait à travers des points de réparation : la réparation se fait – le plus possible – avec des pièces de réemploi. Si le téléphone doit être remplacé car il est irréparable ou s’il est volé (en cas de couverture vol), nous faisons en sorte que ce soit par un téléphone reconditionné.
Les anciens appareils hors d’usage seront utilisés au maximum pour produire des pièces de réemploi. Enfin, les pièces non réutilisables sont confiées à des éco-organismes pour leur destruction dans le respect des règles environnementales.
C’est une proposition qui s’est coconstruite avec nos partenaires. Cela s’est fait progressivement, et cela se matérialise de plus en plus, notamment avec notre partenaire Fnac qui a lui-même fait évoluer sa stratégie et sa communication autour de la durabilité de ses produits.
Ces modalités sont-elles reprises dans des contrats plus « classiques » ?
En tant que groupe, nous essayons d’appliquer à d’autres types d’assurances les logiques que nous appliquons à la téléphonie mobile : nous travaillons notamment sur les pièces de réemploi pour l’assurance automobile.
Par exemple, Direct Assurance, qui fait partie du groupe AXA, est un des leaders en France du taux d’usage de pièces de réemploi pour la réparation des véhicules automobiles. Nous essayons également d’introduire cette logique pour l’assurance habitation, mais malheureusement il est encore difficile d’avoir accès à des pièces de réemploi dans les matériaux de construction.
Qu’est-ce qui a motivé le choix d’agir spécifiquement sur la téléphonie mobile ?
C’était le « juste moment » ! Il y a d’une part un besoin de changement du marché, l’offre d’accompagnement de la téléphonie mobile souffrant historiquement d’une image plutôt dégradée en termes de pratiques commerciales. Par ailleurs, de plus en plus de clients sont prêts, il y a une compréhension voire une adhésion face à cette démarche de prolonger la durée de vie des appareils.
Ce prolongement de la durée de vies est également rendu possible par un ralentissement des évolutions technologiques des smartphones. Enfin, c’est une démarche qui crée un alignement d’intérêt économique entre toutes les parties. Adhésion des clients, alignement des intérêts économiques et besoin d’évolution du marché se conjuguent pour faire évoluer ce marché dans le sens d’une démarche plus durable.
Un phénomène qui soutient cette démarche et que nous observons, c’est le passage de la propriété à l’usage en ce qui concerne la téléphonie mobile. Dès lors qu’on va passer dans une logique d’usage, ce sera naturel d’être dans une logique de prolongation de la durée de vie de son appareil à travers un mécanisme d’assurance.
L’assurance devient alors une assurance embarquée au sein d’une expérience d’usage de la téléphonie mobile.
Avez-vous des retours clients sur cette action ? Quel est leur accueil ?
L’accueil est très positif ! Pour les clients, il faut que ce soit simple et efficace, et la notion de réparation permet d’avoir une démarche de proximité : le client peut aller dans un point de réparation et avoir une solution immédiate. Ces solutions de proximité offrent le double avantage d’une empreinte carbone réduite mais aussi d’un délai d’immobilisation du smartphone limité à quelques heures maximum. De plus, il y a vraiment une maturité nouvelle et massive sur les sujets d’impacts environnementaux et notamment sur l’impact environnemental des téléphones mobiles. Les clients sont ravis de participer à cette démarche à leur échelle.
Comment pilotez-vous les résultats de cette démarche ?
Aujourd’hui nous suivons les niveaux de performance de nos prestataires sur ces dimensions « 3R », à savoir la réparation, le remplacement et le reconditionnement. Les indicateurs sont donc le taux de réparation, le taux de remplacement, le taux de reconditionnement… Ce sont les indicateurs que nous utilisons dans toutes nos chaines de valeurs sinistres. Nous avons encore du chemin à faire, mais nous progressons tous les ans. Il reste des freins à lever liés aux clients mais également à la disponibilité du matériel.
Quelles sont les prochaines étapes ?
Les prochaines étapes consistent à la fois à continuer à améliorer les indicateurs et la promesse client avec les partenaires existants, et convaincre de nouveaux partenaires de nous rejoindre sur ce chemin. Nous souhaitons aussi privilégier le reconditionnement « de proximité » comme nous avons pu le faire pour la réparation. Cette approche réduira encore l’empreinte carbone de nos solutions.
L’objectif c’est également d’étendre ce type de service sur tous nos produits et toutes nos chaînes de valeur : sur l’assurance automobile, il y a un chemin clair avec le recours aux pièces de réemploi mais sur d’autres assurances, comme l’assurance habitation par exemple, c’est encore à l’état de réflexion.
Cela fait partie d’une stratégie plus globale du groupe AXA sur le fait de se mobiliser pour le progrès humain, afin de travailler sur le sujet et de notamment refondre tous nos produits pour accompagner facilement nos clients dans leurs démarches de transition écologique, en leur permettant par exemple d’assurer une pompe à chaleur ou des panneaux solaires.
AXA est engagé dans de nombreux projets, y en a-t-il un que vous souhaiteriez partager pour conclure notre entretien ?
Le projet qui me tient particulièrement à cœur et qui dépasse largement la Direction c’est le projet « agir pour le cœur des femmes » qui est porté par AXA Prévention au sujet des maladies cardio-vasculaires.
C’est un projet lancé en 2021 qui s’est traduit par la mise en place du « Bus du cœur », qui a permis à près de 5 000 femmes d’être dépistées gratuitement à travers la France. Ce projet a permis d’apporter une aide à des femmes souvent éloignées des parcours de soins et qui ne prennent pas le temps de se préoccuper de leur santé.
L’engagement d’AXA ambitionne de toucher toutes les dimensions de la société. Nous essayons de travailler sur notre cœur de métier qui est l’assurance, dans toute sa chaîne de valeur. Cela implique également de trouver des moyens de faire en sorte que la mécanique d’assurance promeuve des comportements positifs et durables.
Interview réalisée par Sophie Laxenaire