La première grande application du principe du métavers est le jeu en ligne multijoueur Second Life sorti en 2003. Gratuit et à la mode jusqu’en 2007, le jeu donnait la possibilité à ses utilisateurs d’incarner des personnages virtuels dans un univers fondé par les résidents eux-mêmes.
La principale différence réside dans le fait de se connecter avec un simple écran d’ordinateur en deux dimensions, et non avec un casque de réalité virtuelle connecté en Wi-Fi à Internet.
Lors de son lancement, des centaines de sociétés et de partis politiques ont cru à ce nouvel Eldorado. Sommes-nous donc dans un syndrome Second Life, autrement dit, un nouveau type de bulle où l’offre est trop ambitieuse ? Si tel est le cas, existe-t-il aussi un risque de déclin avec une autre crise des subprimes et un désistement de certains investisseurs ?
Quel positionnement adopter pour des professionnels dont le rôle est d’accompagner et de protéger un univers qui se transforme de plus en plus ? La volatilité constatée sur les marchés des cryptomonnaies peut sembler contre-intuitive, étant un danger important.
Le manque de données est aussi problématique et ne parlons pas des interrogations autour de la sécurité, de la modélisation des conséquences systémiques ou de la législation encore floue qui peuvent vite refroidir. D’ailleurs, cette dernière impose un certain respect, notamment concernant le DSA (Digital services act), le règlement sur les services numériques.
De plus, un lancement dans le métavers est-il une priorité judicieuse face à la dérive climatique et à la surconsommation énergétique ?
Par rapport aux clients
Au final, les individus veulent-ils réellement de ce monde virtuel ? Et si les acteurs s’engagent sur la mauvaise voie, une baisse de confiance de la part des clients surviendra-t-elle ?
Face aux risques de harcèlement, de violence verbale et d’addiction, comme pour les jeux vidéo et les réseaux sociaux, quel droit sera appliqué ?
En matière de données personnelles, comment seront-elles utilisées ? La juridiction américaine, dont dépendent la plupart des géants du Web actuellement présents dans le métavers, est bien moins protectrice que celle européenne.
Au niveau de l’organisation interne
Mettre en place le métavers demande également, entre autres, de :
- Produire le matériel nécessaire (casques, écouteurs, lunettes de réalité virtuelle et de réalité augmentée, smartphones).
- Développer des logiciels spécifiques.
- Bénéficier du cloud et d’ordinateurs très puissants.
- Améliorer les infrastructures et les réseaux.
Comment maîtriser cette technologie et éviter d’être limité en matière d’outils ? Que faire si le professionnel de l’assurance ou de la finance manque de temps ou de ressources économiques ? Se mettre dans l’univers fictif ne va-t-il pas avoir un effet d’éparpillement des activités et de diminution de sa concentration sur l’essentiel ?
Toutes ces questions doivent être posées et réfléchies pour ne pas se mettre en danger et garder la confiance de ses adhérents.
Pour terminer ?
D’après le cofondateur de The Sandbox, le métavers est un formidable environnement pour créer des expériences immersives centrées sur les utilisateurs et favoriser la socialisation et le développement de communautés.
Les marques peuvent s’en servir pour créer du lien et faire du branding, plus que pour vendre, et c’est ce qui séduit les plus jeunes. Toutefois, le secteur de l’assurance et de la finance étant aux prémices et dans une phase d’observation, il est difficile de connaître tous les usages à venir, comme pour Internet il y a 25 ans.
Même si quelques-uns des acteurs font leurs premiers pas dans le métavers, cela nécessite du temps pour enclencher une véritable révolution et pour en attirer plus, le monde virtuel devrait peut-être se transformer en une plateforme multiple, acquérir une dimension plus importante et ralentir la création de petits mondes indépendants ou bien demander le partenariat avec les principales institutions de la profession.
Côté divertissements, il y aura de plus en plus de concerts et de visites touristiques virtuels, tels que Facebook Horizon et Brink Traveler, et d’un point de vue enseignement, il est probable que l’offre de formations se multiplie, les cours à distance s’étant en effet étendus depuis la crise sanitaire liée à la COVID-19. Peut-être que le métavers ne restera qu’un outil qui apportera des informations complémentaires pour divers domaines, son développement promettant de nouvelles expériences et l’émergence d’une économie nouvelle.
Quels vont être l’art et les façons dont cet univers se superposera avec notre monde réel ? Il sera dans tous les cas nécessaires de suivre au mieux les évolutions et comprendre les risques émergents pour être en alerte et capable de fournir les bons produits et services. Faire preuve d’attentisme est-il alors le principal danger qu’il faut retenir ? Acteurs de l’assurance et de la finance, vous avez la main.
*Cet article (début octobre) est extrait d’un dossier du magazine #4 Dessine-Moi l’Assurance. le Lire ou relire (ou télécharger) ?
Le cabinet Forrester révèle en effet que le « Metaverse » est à des années de sa concrétisation et qu’il se manifestera par étapes au cours de la prochaine décennie. Le métavers sera-t-il un vrai levier d’innovation dans le secteur de l’assurance ?