La Fondation Harmonie Mutuelle a remis le 26 novembre 2022, le Prix Solidarité, à l’occasion du Festival du Livre organisé à Marseille à deux ouvrages présentant une approche multifactorielle de la santé.
Pour cette 19e édition, l’entreprise mutualiste récompense la bande dessinée Amalia d’Aude Picault, qui met en lumière la problématique de l’équilibre entre la vie professionnelle et personnelle ainsi que le roman Le sens de nos pas de Claire Norton illustrant l’importance du lien social en situation de dépendance et de fin de vie.
Elle s’appelle Amalia. Elle est au bord du burn-out. Dans sa famille, où elle s’occupe de sa fille Lili, 4 ans et subit sa belle-fille Nora, 17 ans, ça crie et ça claque les portes, sans répit. Dans l’entreprise où elle est coach, on parle rentabilité, process’, elle perd le sens de ce qu’elle fait.
Dans les campagnes alentour, elle voit la terre épuisée par la pollution et à la radio, les nouvelles du monde sont loin d’être rassérénantes. Alors Amalia fatigue et s’épuise, Amalia craque. « Amalia raconte l’épuisement d’une femme qui se met en quatre pour assurer autant au travail qu’en famille, se sentant finalement seule sur tous les plans. Son parcours raconte la nécessité de « se mettre en lien », à commencer avec elle-même, influençant son entourage pour aboutir à une reprise de sens collective et donc de solidarité. Qu’Amalia soit récompensée par le prix Solidarité me touche beaucoup et m’encourage. Je pense qu’on ne peut rien accomplir seul, qu’il est vital de se mettre en réseau et de trouver comment, chacun à son niveau, on peut aider et coopérer, » raconte Aude Picault, auteure d’Amalia.
« J’allais t’aider »
Amalia aborde des thématiques fortes telles que la charge mentale, la quête de sens, l’éco-anxiété. Une charge mentale que connaissent bien les femmes. En 1984, la sociologue Monique Haicault définissait la charge mentale comme le fait de « devoir penser simultanément à des choses appartenant à deux mondes séparés physiquement », tel que penser aux corvées qui attendent à la maison lorsque l’on est au travail.
Plus récemment, Le Larousse a officiellement fait entrer la charge mentale dans l’usage commun à travers la définition suivante : « un poids psychologique que fait peser (plus particulièrement sur les femmes) la gestion des tâches domestiques et éducatives, engendrant une fatigue physique et, surtout, psychique. »
Ainsi, un homme peut avoir le sentiment qu’il contribue aux tâches domestiques en emmenant le petit dernier chez le pédiatre. Et c’est vrai. Sauf que, le plus souvent, c’est la femme qui doit se souvenir de quand doit être fait le vaccin. Au final, quand le partenaire attend de sa compagne qu’elle lui demande de faire les choses, c’est qu’il la voit comme responsable en titre du travail domestique au lieu de prendre sa part.
Avoir le choix, jusqu’à la fin
Autre sujet, tout aussi concret, celui de la dépendance et de la fin de vie, personnalisé dans Le sens de nos pas. Philomène, 15 ans, fugue afin de comprendre les raisons de l’accident mortel dont a été victime sa mère.
Elle rencontre Auguste, un homme de 85 ans, veuf, auquel il ne reste que quelques semaines à vivre, et qui se fait un devoir d’accompagner l’adolescente dans sa quête de vérité. Pour Philomène, il y a en jeu toute une vie à écrire, pour Auguste, une préparation sereine au grand départ.
Car l’issue de son histoire est révélée d’emblée : pour ne pas mourir dans un EHPAD où sa belle-fille souhaite le conduire, il ira en Suisse pour choisir un suicide assisté. « Ce prix salue une valeur à laquelle je suis très attachée, car son sens profond interroge autant notre présent que notre futur. Face aux diverses menaces qui nous entourent, la solidarité ne soit plus se limiter à une interdépendance entre les hommes, mais s’étendre à la planète que nous laisserons à nos enfants. Nous formons une seule humanité, et devons rester autant solidaires de nos contemporains que de toutes les générations à venir. La symbolique de ce prix demeurera très forte pour moi, », déclare Claire Norton, auteure de Le sens de nos pas.
La fin de vie est une problématique forte, qui suscite bien des débats. Certains pays autorisent l’euthanasie et/ou l’assistance au suicide. Ce n’est pas le cas en France. Le 13 septembre, le président de la République a annoncé le lancement d’une Convention citoyenne sur la fin de vie. Accompagnés par le Conseil économique social et environnemental, 150 citoyens se réuniront jusqu’en mars 2023. Chacun sera libre d’exposer son avis et de débattre, pour aboutir à des propositions communes.