Porteuse de valeurs, l’économie sociale et solidaire (ESS) est en plein essor. Mais les entreprises sont confrontées à une pénurie dans ses métiers. À l’occasion du mois de l’Économie sociale et solidaire, Harmonie Mutuelle s’interroge sur la façon d’augmenter l’attractivité du secteur. Parmi les initiatives en ce sens, une agora avec des experts, pour trouver des solutions.
L’économie sociale et solidaire désigne un ensemble d’entreprises organisées sous forme de coopératives, mutuelles, associations, ou fondations, dont le fonctionnement interne et les activités sont fondés sur un principe de solidarité et d’utilité sociale.
Elle rassemble les entreprises qui cherchent à concilier solidarité, performances économiques et utilité sociale. Acteur économique de poids, l’ESS représente 10 % du PIB et près de 14 % des emplois privés en France.
Ce secteur compte environ 200 000 entreprises et structures et 2,38 millions de salariés. Harmonie Mutuelle fournit de nombreux outils pour mieux comprendre le secteur et ses enjeux avec Ness, le média des nouvelles solidarités. Le 22 novembre, elle a donné la parole à des spécialistes de l’Économie sociale et solidaire à l’occasion d’une Agora.
La quête de sens
« La pénurie de candidats dans l’économie sociale et solidaire est constatée depuis l’été 2021. Elle s’est aggravée à la rentrée 2021. Ainsi, pour un recrutement de chargé de partenariat pour un organisme de micro-crédit, nous avions eu 140 candidatures dont 47 éligibles, en septembre 2021, nous n’en avions que 27 candidats, dont 14 éligibles » souligne Jean-Philippe Teboul, directeur d’Orientation Durable, un cabinet de recrutement spécialisé dans ce secteur. « Le travail est aujourd’hui ramené à un gagne-pain. Les Français cherchent moins à se définir par son travail. L’équilibre vie professionnelle et vie personnelle n’a jamais été aussi important. Les Français cherchent ailleurs du sens, par le bénévolat, par le militantisme. »
« L’histoire du sens continue de résonner chez les salariés que nous recrutons chez ARES. Nous accompagnons des personnes très éloignées de l’emploi dans différents secteurs, le BTP, le numérique… Les 400 salariés permanents sont là pour cet accompagnement » explique Cécile de Calan, DRH d’ARES.
« Nous sommes confrontés à une désaffection de salariés qui connaissent nos métiers, qui sont formés », analyse Evanne Jeanne-Rose, membre du Conseil économique social et environnemental. « Nous constatons une dégradation des conditions de travail, antérieure à la crise sanitaire Covid-19. La crise sanitaire a joué l’effet de cocotte-minute et fait exploser une situation antérieure ».
L’ESS est aujourd’hui concernée par la grande démission. « La jeune génération est en attente d’évolution rapide, souhaitant changer de poste au bout d’un an à dix-huit mois. Nous devons être en capacité de répondre » ajoute Cécile de Calan.
La question de la rémunération est aussi essentielle. « Les salariés souhaitent que leur salaire soit lié à leur salaire soit lié à leur investissement. Je pense à ce dessin humoristique avec un candidat brandissant un tableau à son entretien d’embauche. Il mentionnait ainsi « pour trois réponses mail par jour, c’est 30 000 euros, pour des réponses illimitées, c’est 40 000 euros », analyse Jean-Philippe Teboul.
La rémunération ne fait cependant pas tout. « L’utilité sociale est le moteur. Ainsi, pendant la crise sanitaire Covid-19, notre ESAT a fabriqué des capteurs d’air pour les respirateurs médicaux. 40 de nos salariés ont fait le choix de rester travailler en dépit du confinement, des inquiétudes… Ils se sont sentis utiles et valorisés et se sont mobilisés, au nom de l’intérêt général » commente Henri-Aurélien Chopinaud, Directeur Filière Adaptée et Protégée- Pôle Autonomie de VYV3 Île de France.
Renforcer la qualité de vie
L’utilité ressentie dans les relations avec les usagers, l’attachement au travail constituent des moteurs, mais elles ne sont pas suffisantes. Au-delà des valeurs qu’elle porte, l’économie sociale et solidaire doit être de plus en plus attentive à la qualité de vie au travail. Les entreprises ne doivent pas hésiter à se faire accompagner par des cabinets d’expertise pour y parvenir.
De son côté, ARES a monté, avec d’autres acteurs du secteur, une école pour former les profils de conseillers en insertion professionnelle dont elle a besoin. « Les solutions ne se trouvent pas dans les écoles de commerce. Nous devons innover. Ce n’est pas un baby-foot ou une soirée pizzas qui vont résoudre les crises managériales.
Nous avons inventé le programme « bien dans son corps, bien dans sa tête » raconte Henri-Aurélien Chopinaud. « Nous proposons ainsi une conciergerie sociale, grâce à un partenariat avec un cabinet d’huissiers, pour apporter des solutions aux problématiques administratives qui génèrent des tracas du quotidien. Nous organisons quotidiennement un quart d’heure dit « l’écoute du matin » permettant à chacun de présenter ses problématiques, pour lesquelles nous recherchons des solutions concrètes.
Nous avons aussi développé un centre intégratif de santé sur le site, avec une téléconsultation et des consultations de spécialistes. Nous sommes dans le take care : prendre soin de nos bénéficiaires, mais aussi de nos salariés. »
En 2022, l’économie sociale et solidaire représente 14 % de l’emploi salarié privé et 10 % du PIB. Le secteur compte 200 000 entreprises, 2,4 millions de personnes salariées et 12 millions de bénévoles.