Fidèle à ses engagements d’Entreprise Mutualiste à Mission, Harmonie Mutuelle a présenté en 2022 une stratégie climat ambitieuse, qui se base sur un bilan carbone étendu à l’ensemble de ses activités, en lien avec le fonctionnement de l’entreprise ainsi qu’avec ses rôles d’investisseur et d’assureur.
Assurance for Good a souhaité rencontrer Lionel Fournier, Directeur Santé et Écologies et membre du Comité de Direction Générale chez Harmonie Mutuelle, et Directeur du Développement Durable du Groupe Vyv. Entretien.
Pour commencer pouvez-vous vous présenter et nous parler de votre parcours professionnel ?
Mon parcours professionnel s’est quasi exclusivement déroulé dans une mutuelle. J’ai fait des études de droits de l’assurance, et à la suite d’une première expérience dans une agence générale d’assurance, j’ai basculé dans le monde des mutuelles.
J’ai tout d’abord rejoint Intégrance, comme commercial puis comme manager. J’ai ensuite intégré Harmonie Prévoyance, en tant que responsable commercial, puis responsable régional. En 2012, en anticipation de la création d’Harmonie Mutuelle, j’ai pris la direction du développement de la région qui couvrait à l’époque la Région Centre, Île-de-France et la Bourgogne. En 2015, j’ai été nommé directeur de Région (sur la région Atlantique) et j’ai consacré une partie de mon temps à participer à la vie du territoire, en particulier à celle des entreprises, surtout sur la dimension RSE. J’ai adhéré à l’association « Dirigeants Responsables de l’Ouest » à Nantes, dont je suis devenu le président en 2018.
Depuis janvier 2021, je suis directeur de la Direction Santé et Écologies. Je suis également directeur du Développement Durable du Groupe Vyv depuis février 2022.
La stratégie climat d’Harmonie Mutuelle révélée en juillet 2022 positionne l’environnement au cœur des enjeux de santé de notre société. Pouvez-vous nous en présenter les grands axes d’engagement ?
Nous sommes Société à Mission depuis 2021, avec comme raison d’être « Agir sur les facteurs sociaux, environnementaux, et économiques qui améliorent la santé des personnes autant que celle de la société en mobilisant la force des collectifs ». Notre stratégie climat s’inscrit dans cette dimension.
Nous avons été parmi les dix premières entreprises à avoir travaillé avec l’ADEME pour tester « ACT Pas à Pas », le dispositif d’accompagnement des entreprises vers une transition bas carbone. En suivant cette méthodologie, nous avons construit notre stratégie en trois étapes :
La première étape a été de réaliser un bilan carbone : nous avons souhaité qu’il soit le plus exhaustif possible, et avons ainsi réalisé un bilan carbone étendu à l’ensemble de nos activités (scopes 1, 2 et 3), en allant jusqu’à prendre en compte l’impact carbone de nos investissements et des soins et dispositifs médicaux que nous remboursons à nos adhérents. Nous avons fait de notre bilan carbone un véritable outil pédagogique pour nos collaborateurs. Nous avons organisé des webinaires, créé un motion design en ligne sur notre chaîne YouTube…
Ensuite, nous avons défini notre trajectoire de décarbonation : nous nous sommes fixés comme objectif une réduction de 48,2%[1] de nos émissions de Gaz à Effet de Serre d’ici 2030 par rapport à notre bilan carbone de 2019.
Enfin, nous avons déterminé les cinq grands leviers sur lesquels nous souhaitons agir. Pour chacun de ces grands leviers, nous avons déterminé des plans d’action grâce à la création d’un Comité Climat dans lequel l’ensemble des directions est impliqué.
- 1er levier, inscrire les enjeux de la transition et de l’adaptation écologique dans notre modèle d’entreprise mutualiste : l’idée est que l’ensemble des parties prenantes de chacune de nos directions, prenne en compte les problématiques liées au changement climatique dans ses décisions.
- 2e levier, intégrer une démarche de logique et de sobriété dans les moyens et les pratiques professionnelles: dans la gestion de notre parc immobilier, dans notre mobilité…
- 3e levier, réduire l’empreinte carbone de notre portefeuille d’investissements : nous regardons les efforts menés par les entreprises avec une évaluation de leur impact sur l’environnement pour déterminer dans quelle entreprise nous choisissons d’investir.
- 4e levier, concevoir des produits et services moins carbonés et éco-incitatifs pour les adhérents: nous avons sélectionné avec l’ADEME des programmes particulièrement structurants en matière de décarbonation, et nous accordons aux entreprises qui participent à ces programmes, des avantages pour la protection sociale de leurs salariés.
- 5e levier, associer les parties prenantes à la démarche environnementale et devenir un acteur majeur de la transition écologique dans les territoires au bénéfice de la santé globale : nous pensons qu’agir sur l’environnement, c’est aussi changer ses modes de vie, et que ces changements doivent se faire de manière collective. Nous souhaitons accompagner ce changement, et réunissons ainsi nos parties prenantes pour mettre en œuvre des dispositifs concrets, reproductibles, qui fassent de nous des acteurs de la transformation.
Une telle feuille de route nécessite d’embarquer l’ensemble des métiers et des équipes de l’entreprise. Comment vous êtes-vous assuré de l’adhésion des collaborateurs ? quels freins avez-vous du lever pour les embarquer dans le projet ?
Les leviers sur lesquels nous nous sommes appuyés sont la construction de la Raison d’Être, et l’obtention de la qualité de Société à Mission. J’ai été impliqué dans le projet dès le départ et notamment pour travailler sur la pédagogie du sujet afin d’expliquer le lien entre environnement et santé, entre dérèglement climatique et biodiversité… la construction du projet s’est effectuée avec tous les niveaux de l’entreprise ; nous avons réuni les directions, organisé des webinaires pour expliquer notre Stratégie Climat, etc.,
Nous avons formé très largement nos collaborateurs, à l’aide de plusieurs outils et notamment de la fresque de la renaissance écologique dont nous nous sommes inspirés pour créer notre « Carte des BAM (Boîtes à Mieux) » : boite à mieux se déplacer, à mieux s’alimenter, à mieux travailler… on se sert de cela comme un outil d’idéation avec nos adhérents.
Interview réalisée par Valérie Loizillon
[1] Objectif de réduction de 40% sur les scopes 1 et 2, et réduction de 50% sur le portefeuille d’investissement